Corse Net Infos - Pure player corse

Denis Luciani (APC) et la reprise du 22 juin : "Préparer la rentrée de septembre"


C.-V. M le Lundi 22 Juin 2020 à 15:25

Denis Luciani, président de l'APC (Associu di parenti corsi) insiste à l'occasion de la reprise des cours de ce 22 Juin "pour que l’accueil des enfants dans nos établissements scolaires soit limité, qu’il n’y ait pas de reprise généralisée dans les établissements scolaire mais qu’il est surtout nécessaire de préparer la rentrée de septembre à travers plusieurs scénarii, du plus favorable au plus critique"



Denis Luciani (APC) et la reprise du 22 juin : "Préparer la rentrée de septembre"
"La Corse peut être fière d’avoir été exemplaire dans sa gestion de la crise Covid 19 concernant établissements scolaires.
Il faut nous tourner maintenant vers la rentrée de septembre.
L’APC tient à prendre position suite à l’annonce de reprise des cours le 22 juin et la perspective de reprise des cours en septembre.
Tout d’abord il est nécessaire de rappeler le contexte de ces derniers mois concernant la fermeture des écoles qui s’est avérée nécessaire pour éviter une extension de l’épidémie. L’APC avait appelé, dès le retour des vacances de février, à la fermeture des établissements scolaires. Notre mobilisation a conduit à la fermeture des écoles à Ajaccio dès l’apparition de l’épidémie sur la ville, puis à l’extension de cette mesure à l’Université et à l’ensemble des écoles de Corse, dès le 9 mars. Ces mesures prises avant le reste de la France ont été salutaires pour l’ensemble de la population de l’île.


Nous avons par ailleurs, dès la fermeture des établissements scolaires et la mise en place de l’enseignement à distance, alerté sur les besoins spécifiques pour les publics en difficultés. C’est pourquoi nous avions parlé dès le mois d’avril de la possibilité d’élargir l’accueil destiné aux enfants du personnel soignant à ce public.
Suite à l’annonce du président Macron le 13 avril annonçant la reprise des cours le 11 mai, et ce en opposition avec l’avis de son propre comité scientifique, l’APC a appelé au boycott de cette rentrée qui n’était absolument pas guidée par des préoccupations éducatives mais par le souci de remettre les parents au travail au détriment de la santé des enfants, de leurs familles, des enseignants et des personnels territoriaux. Ainsi le 11 mai seuls quelques écoles, avec 1,6% des enfants, avait effectué la rentrée. Cela a été possible grâce à la mobilisation des syndicats enseignants, des maires, des syndicats de personnels qui ont résisté aux pressions et qui ont refusé cette rentrée prématurée, anti pédagogique et dangereuse avec un protocole inapplicable et pour les petites classes comme les maternelles des conditions d’accueil à la limite de la maltraitance.


Nous tenons à saluer l’attitude des maires d’Aiacciu et de Bastia, Messieurs Marcangeli et Savelli pour leur capacité d’écoute et de dialogue dans ses moments de crise difficile où tous ensemble -et quel que soit les obédiences politiques ou syndicales- nous avons su trouver un chemin commun que les circonstances exigeaient. Nous avons trouvé la même collaboration et la même capacité d’écoute avec la collectivité de Corse en la personne de la conseillère exécutive Madame Giacometti, du Président Monsieur Simeoni ainsi que du président de l’assemblée de Corse Monsieur Talamoni. Nous tenons à saluer l’esprit de responsabilité dont ils ont fait preuve face à l’exigence de santé publique touchant notamment aux enfants en ne suivant pas les positions incohérentes du gouvernement et c’est tout à leurs honneurs, contrairement au discours démagogiques et irresponsables de certains groupes d’opposition.
L’APC tient également à se féliciter de la manière dont les parents d’élèves l’ont suivi dans cette crise du covid19.


Nous sommes cependant déçus de ne pas avoir réussi à avoir des relations apaisées et constructives avec les représentants de l’Education Nationale, qui n’avaient que pour but de satisfaire aux annoncent présidentielles dictées par des considérations économiques et non pas sociales et éducatives.
Il est à noter que dans les régions qui ont réouvert les écoles depuis le 11 mai, près de 200 établissements scolaires qui avaient ouvert ont refermé suite à des suspicions ou à des cas de covid déclarés. Par ailleurs l’Italie et l’Espagne ont pris la décision de garder les établissements fermés pour l’ensemble des régions, tout comme au Royaume-Uni, dans de nombreux états des USA ou dans bien d’autres pays.
Cette situation initiale a connu une évolution peu sensible jusqu’au 10 juin. Si la situation sanitaire de l’île s’est améliorée courant juin, elle n’en demeure pas moins précaire. C’est pourquoi, l’APC insiste encore pour que l’accueil des enfants dans nos établissements scolaires soit limité, qu’il n’y ait pas de reprise généralisée dans les établissements scolaire mais qu’il est surtout nécessaire de préparer la rentrée de septembre à travers plusieurs scénarii, du plus favorable au plus critique.


Nous avons donc entamé toute une série de consultations non seulement avec les parents, mais avec les personnels de directions et les collectivités territoriales afin de réaliser un état des lieux des établissements ; cela nous a permis de mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir. Nous poursuivons ces consultations et nous sommes prêts à dialoguer avec le rectorat pour réussir -dans une démarche de co-construction- la rentrée de septembre.


Dans ce contexte, l’annonce du président Macron d’un rentrée généralisée des enfants le 22 juin n’a pas grand sens pour nous. Elle intervient à 15 jours des vacances et après la communication de leurs résultats aux élèves (après les conseils de classe et conseils de maîtres), donc dans une période peu propice aux apprentissages. Par ailleurs, la levée de la plupart des mesures de précaution mises en place en mai (moins de désinfection, moins de distanciation, un protocole sanitaire est ainsi passé dans la précipitation de 54 à 8 pages,) nous donne l’impression de passer de tout à rien et nous laisse dubitatif et perplexe. La précipitation de cette annonce de réouverture ne laissait pas le temps de mettre en place de véritables mesures d’hygiène et de sécurité dans les établissements.


Certes, les parents que nous sommes mesurons plus que quiconque le besoin des enfants de retrouver le chemin de l’école et notamment la sociabilisation avec leurs camarades. Seulement il nous semble que les conditions ne sont pas réunies pour pouvoir renvoyer l’ensemble des élèves dans les établissements scolaires. C’est pourquoi nous continuons à dire, que si les établissements scolaires réouvrent, il ne faut pas de rentrée massive des élèves mais simplement un accueil des enfants en difficulté ; nous veillerons donc à ce que les parents qui ne mettront pas leurs enfants à l’école ne soient pas l’objet de pressions diverses, même si nous pouvons dire que nous avons obtenus des assurances de la rectrice sur ce point.
Nous espérons qu’au moins, cette brève période de reprise limitée, permettra de tirer les enseignements nécessaires pour réussir la rentrée de septembre.
Nous restons donc vigilants quant au risque sanitaire et tournés vers la rentrée de septembre."