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Débat d’orientations budgétaires de la CdC : Pour l’opposition, la crise n’est pas responsable de tous les maux


Julia Sereni le Vendredi 29 Janvier 2021 à 19:03

Lors du débat d’orientations budgétaires 2021 à l’Assemblée de Corse, vendredi matin, l’Exécutif a assumé une dégradation des ratios budgétaires, consécutifs à la crise sanitaire. Une présentation qui ne satisfait pas l’opposition qui pointe des difficultés de gestion antérieures.



Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini, Josepha Giacometti, Jean-Guy Talamoni (Photo Michel Luccioni)
Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini, Josepha Giacometti, Jean-Guy Talamoni (Photo Michel Luccioni)
Avec la crise sanitaire devenue crise économique, c’est dans un contexte particulièrement contraint qu’a été élaboré le document d’orientations budgétaires pour 2021. Et les chiffres s’en ressentent : 30 millions d’euros de pertes de recettes et, surtout, une dette qui avoisine les 880 millions d’euros.
 
La quadrature du cercle
Une dégradation des ratios budgétaires assumée par l’Exécutif qui admet ne pas avoir d’autres marges de manoeuvres : « Nous avons réussi à assurer la continuité des services publics et à faire fonctionner la machine, c’est déjà un exploit ! Nous sommes dans un exercice impossible, c’est la quadrature du cercle », explique le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni. « Qu’ont fait tous les Etats du monde ? Ils ont généré une dette abyssale, et c’est à ce prix-là que l’Etat français,, comme beaucoup d’autres Etats en Europe, a pu maintenir une activité entrepreneuriale, alors que la vie économique et sociale était à l’arrêt. Les Etats peuvent voter des budgets en déficit, mais nous, collectivités territoriales, nous ne le pouvons pas, nous devons voter des budgets en équilibre. Or, cette année, les recettes s’effondrent et les dépenses augmentent » déplore t-il, rappelant néanmoins que la Collectivité continue de s'inscrire dans « une trajectoire budgétaire vertueuse ».
 
Des difficultés antérieures
Cette présentation de la situation ne satisfait pourtant pas l’opposition qui pointe, comme à chaque débat budgétaire, des difficultés de gestion antérieures.  Ainsi, pour Xavier Lacombe, élu du groupe de droite Per l’Avvene : « La crise sanitaire n’est pas responsable de tous les maux ». Une critique partagée par François Orlandi, élu du groupe macroniste Andà per Dumane : « Malgré les présentations toujours avantageuses, la situation financière de la collectivité ne s’améliore pas. L’effet ciseau, qui voit nos dépenses de fonctionnement avancer plus vite que nos recettes, était amorcé avant la crise » indique t-il. Quant à la présidente du groupe A Corsica ind'è a Republica, Valérie Bozzi, elle estime que « les citoyens paient plus d’impôts aujourd’hui qu’ils n’en payaient avec les trois collectivités ». Et poursuit : « Ce que l’on juge, c’est aussi le bilan de votre mandature et de trois ans de collectivité unique ».
 
La corde et le pendu
Revient sur la table, de façon habituelle, la nécessité d'un statut fiscal, que tout le monde appelle de ses voeux, mais que l'Etat est loin d'être prêt à accorder : « On parle d’autonomie fiscale mais les bases n’ont pas été préparées » regrette Valérie Bozzi. « Dans cette période de crise, heureusement que l’Etat, dont on ne cesse de fustiger l’action, est resté attentif » renchérit François Orlandi. « En l’occurrence, la solidarité nationale nous soutient sans doute mieux qu’une fiscalité assise sur une économie des plus fragiles ». Des propos qui font réagir le président du groupe Corsica Libera, Petr’Anto Tomasi : « La solidarité nationale nous soutient comme la corde soutient le pendu » ironise t-il, donnant l’exemple du système de péréquation « qui conduit la Corse à payer pour certains territoires. Il faut que les Corses comprennent que l’on va dans le mur sans statut fiscal » conclut-il. Le débat se poursuivra dans trois semaines, à la session de février, avec l'examen du budget 2021.