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Covoiturage : malgré le bonus de 100 euros, les Corses sont-ils prêts à changer leurs habitudes ?


M.V. le Samedi 26 Novembre 2022 à 17:28

Avec la flambée des prix de l'essence, le covoiturage pourrait être une solution efficace et attirante avec le bonus de 100 euros promis par l'Etat. Mais en Corse, pour le moment, il y a encore peu de convaincus



Photo Wikipedia
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Dans son catalogue de mesures présentées par le gouvernement le 6 octobre pour réduire notre consommation énergétique, les recommandations s’empilent et celles concernant les transports sont généralement mises en oeuvre depuis belle lurette (éco-conduite, recours au LED, amélioration de l’efficacité des ascenseurs!… ). L’une d’elles émerge tout particulièrement, présentée comme une  mesure phare : le covoiturage.  Il faut, indique le Plan de sobriété, "favoriser le covoiturage grâce à un bonus pour tout nouveau covoitureur qui s’inscrit sur une plateforme". Cette aide sera en effet attribuée aux personnes qui s'inscriront sur un site de covoiturage tels que Blablacar, Mobicoop, Larouverte, Karos, etc. Une première partie du bonus sera donc versée à ce moment-là, et la seconde, après un certain nombre de trajets afin de "vérifier que ce n'est pas une inscription artificielle, mais que (le covoiturage) est vraiment un usage".


Covoiturer sans les plateformes
Une démarche trop jugée trop contraignante pour certains "Si c'était 100€ par mois, peut-être, sinon aucun intérêt. lance Corinne U., Bastiaise de 42 ans. Si c’est pour passer par la galère de BlaBlaCar qui ne fonctionne pas en Corse... on se passera du chèque". Depuis deux ans la femme propose du covoiturage pour le trajet Ajaccio - Bastia.

Pour elle, comme pour beaucoup d’autres Corses, le covoiturage passe principalement par deux groupes Facebook, CV2A Covoiturage Corse (créé en 2020) et CCC covoiturage culturel corse (créé en 2011). Avec environ 3 000 membres chacun, ces groupes ne proposent pas seulement du covoiturage pour participer à des événements culturels ou pour faire des trajets de longues distances pour des sommes modestes, mais aussi des trajets domicile-travail.

Pratiquant cette méthode de transport depuis un an, Marion, la quarantaine, passe elle aussi par ces groupes pour faire le trajet Ajaccio - Bastia. "Il y a un chèque maintenant ?! s’étonne-t-elle. Je pense que ça va prendre plus sur le continent. Moi, en tout cas, je continuerai par Facebook. Les plateformes de covoiturage ici ne sont pas utilisées. 

D’autres usagers  comme Cécilia, 36 ans, ne se sentent pas prêts "de courir après les gens pour effectuer des besoins simples de déplacement, j'en n'ai pas envie". 

Ce n’est pas la première fois que le Gouvernement met en place des dispositifs pour développer cette pratique. Le covoiturage occupe une place importante dans la loi d’orientation de mobilité (LOM) promulguée le 24 décembre 2019. Depuis deux ans, les intercommunalités et les Régions peuvent verser une allocation aux conducteurs et aux passagers dans le cadre de déplacements en covoiturage. 

La Corse est prete à relever le defi ? 

Selon un classement des régions établi par l'application mobile Klaxit, la Corse serait la région qui covoiture le moins en France sur les trajets domicile-travail. "Les données n’incluent pas tout ce qui est covoiturage informel, il faut comprendre des trajets qui ne passent pas par les plateformes et qui ne sont pas rémunérés, explique David di Nardo, directeur du développement de Klaxit. En plus, ni la région ni les agglomérations que ce soit Bastia ou Ajaccio n’ont pas mis en place des dispositifs de subventionnement de trajet 


Les collectivités doivent accompagner le changemet

Les choses semblent 
bougées du côté bastiais.  Déjà actif dans plusieurs régions françaises et à Monaco, Klaxit aurait entamé des discussion avec la Cab pour mettre en place ce type de dispositif dans le grand Bastia. Il s’agirait des trajets de courte distance, domicile-travail et sans détour. " Notre particularité est qu’on constitue les réseaux de covoiturage en complémentaire du transport en commun. On va dresser des zones d’activité périurbaine où le transport en commun n’est pas efficace, voire inexistant", explique le directeur du développement de la plateforme. Le gain pour le chauffeur serait deux centimes d’euros par kilomètre, par passager transporté. Ainsi pour une distance moyenne de 25 kilomètres, il gagnerait environ 2,50€. Quant aux passagers, le plus souvent ils ne paient rien, ou sinon il s’applique un prix symbolique de 0,50€. "Le covoiturage ce n’est pas seulement ce que l’on connaît. Les gens connaissent BlaBlaCar pour les longues distances, mais ils ne pensent pas qu’il y a une vingtaine d’applis pour les distances courtes, développe David di Nardo. Il est très important que les collectivités accompagnent ce changement de comportement pour que ça devienne un mode de transport à long terme."