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Covid-19. Pour le Conseil scientifique « Il faut rester très prudent pour éviter un rebond de l'épidémie cet hiver"

Interview avec le docteur Olivier Guérin, membre du conseil scientifique


Livia Santana le Vendredi 15 Octobre 2021 à 16:23

Le 6 octobre dernier, le Conseil scientifique a rendu son avis sur la fin de l’application du pass sanitaire et la sortie de crise. Le docteur Olivier Guérin, chef du service gériatrie au centre hospitalier universitaire de Nice et membre du conseil scientifique présidé par Jean-François Delfraissy, a contribué à l'élaboration du document qui précise les recommandations pour éviter un rebond de l'épidémie.
Dose de rappel pour tout le monde ? Durée d'efficacité du vaccin ? Projections de l'épidémie pour l'hiver... Il répond aux questions de CNI.



Olivier Guérin, membre du conseil scientifique.
Olivier Guérin, membre du conseil scientifique.
- Doit-on craindre un rebond de l’épidémie cet hiver ?  
- Il faut rester très prudent pour plusieurs raisons. On sait qu’avec le refroidissement, les virus respiratoires et les Coronavirus ont une contagiosité accrue, à la fois par l’écologie virale et le comportement humain. L’hiver, nous avons tendance à nous regrouper dans des lieux clos, ce qui engendre plus de risques de transmission. Le deuxième élément est la baisse de l’immunité du vaccin, d’où l’importance de la dose de rappel qui, soit dit en passant, stagne un peu en France chez les plus de 65 ans. Enfin, la population des plus de 80 ans est nettement moins bien vaccinée que dans d’autres pays européens, ce qui est inquiétant car c'est la plus susceptible de finir hospitalisée, voir de décéder des suites du Covid-19. Avec le variant Delta extrêmement contagieux, il faut rester prudent pour éviter un rebond de l'épidémie, cet hiver. Cela dit, les signaux sont, pour le moment, plutôt bons.   


- Que préconisez-vous pour éviter ce rebond ?  
- Il faut avant tout se faire vacciner pour ceux qui ne le sont pas, et faire la dose de rappel pour les plus de 65 ans et pour les personnes à pathologies. Ensuite, il faut maintenir au maximum les gestes barrières de protection individuelle, comme le lavage des mains, le masque et un peu de distanciation durant tout l’hiver. C’est d’autant plus important cette année puisque nous aurons à nouveau à faire face à d’autres virus respiratoires, comme la grippe et le virus respiratoire syncytial (VRS) qui donne la bronchiolite aux enfants et tue les gens âgés.   

- Pour vous, est-ce toujours la non-vaccination des personnes âgées qui pose problème ? 
-C ’est extrêmement problématique pour les plus de 80 ans. Les 65 à 80 ans sont extrêmement bien vaccinés avec un taux de 96% au niveau national. Le taux, chez les plus âgés, n'est que de 86%, ce qui est trop peu (79,2% en Corse). Ce plafond à 14% de personnes encore non-vaccinées nous pose des difficultés. On a du mal à les chercher car ils sont loin des soins, ils n’ont pas de médecin traitant et sont très isolés. En Corse, il faut aller vacciner dans les villages.  


- Aujourd’hui, quelle est la durée de l’efficacité du vaccin ?  
- On sait qu’il est efficace malgré tout contre l’hospitalisation et les formes graves, quel que soit l’âge. Pour les plus jeunes, les moins de 50 ans, pour l’instant, le vaccin semble relativement protecteur, donc nous ne sommes pas sur une stratégie de rappel. Pour les plus âgés, on remarque une baisse d’immunité sur le fait d’être malade quand même. Mais ce qui est très positif, c’est que le vaccin protège quand même des formes graves ceux qui ont été vaccinés en début de campagne.   


- Pourrait-on imaginer une dose de rappel pour tout le monde ?  
- Oui, on pourrait très bien l’imaginer. L’immunité baissant malgré tout, il y aura probablement une stratégie de rappel à un moment donné, comme le font les Israéliens qui ont déjà entamé cette procédure. D’ailleurs, le gouvernement étudie la piste d'une troisième dose pour le maintien d’un pass sanitaire valide. Cela pourrait être annuel, mais pour l’instant nous n’avons pas assez de recul.   


- Dans votre avis, vous parlez aussi de la possibilité d’un nouveau variant. De quoi s'agit-il ? 
- Le variant Delta écrase tous les autres sur son passage partout dans le monde car il est plus contagieux que tous les autres. Des virus, immuno-résistants comme le Beta ou le Gama, ont quasiment disparu. C’est en soit une bonne nouvelle ! En même temps, un variant, issu du Delta avec un peu d’immuno-résistance, serait redoutable, mais c’est de la politique science-fiction. On ne sait pas du tout ce qui peut se passer ! Le Delta semble assez stable génétiquement, mais on n’est pas à l’abri d’un variant qui en serait issu.   


- A long terme, le Covid pourra-t-il devenir une maladie comme la grippe ? 
- Oui ! Peut-être ! On aura sûrement besoin de se vacciner encore quelques années, le temps que cela devienne un rhume comme tous les autres Coronavirus. L’Organisation mondiale de la Santé dit qu'il faudra 5 à 10 ans pour que le Covid ait suffisamment circulé dans le monde. Il faudra être vacciné pour ne pas être en situation de risque quand on le rencontre, et après on l’attrapera, plusieurs fois même.