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Couvre-feu : les premières réactions des cafetiers et restaurateurs de Corse: « on nous coupe un bras »


Livia Santana le Jeudi 22 Octobre 2020 à 18:34

Après l'annonce du couvre feu à 21 heures pour 38 départements dont la Corse, les restaurateurs et les propriétaires de bars sont très inquiets pour leur avenir. Ils témoignent pour CNI.



Gaspard et Pasqua, directeurs du Café de la Paix à Bastia
Gaspard et Pasqua, directeurs du Café de la Paix à Bastia
L’annonce des mesures sanitaires supplémentaires et le couvre-feu à 21 heures à partir de vendredi minuit, est  un nouveau coup dur pour les commerçants corses qui s'étaient battus pour survivre après près de trois mois de fermeture. Aujourd’hui ils  encaissent difficilement la nouvelle restriction.
"On s'y attendait un peu, c'est vrai que depuis quelques jours la rumeur courait au café mais maintenant que c'est officiel on a les jambes coupées. Au quotidien gérer une affaire c'est déjà compliqué, avec la Covid on avait une charge de travail supplémentaire mais maintenant comment on va faire ?", s'inquiète Pasqua Papi, directeur du Café de la Paix à Bastia. 

Le bar qui ouvrait habituellement de 6 heures à 2h, verra son activité considérablement baisser. "De 21 heures à minuit c'est un vrai créneau pour nous. Je ne vois pas ce que ça va changer que les personnes viennent à 15 heures, 16 heures mais qu'elles ne puissent plus venir à 21 heures. Par contre dans les universités, dans les métros on entasse les gens. C'est totalement injuste ! ", poursuit le jeune homme. 

A quelques mètres, Anthony Duriani, représentant du quartier place Saint-Nicolas dans l'association des commerçants de Bastia et propriétaire de deux restaurants, ne cache pas son désespoir : "On nous coupe un bras. A présent nous sommes confrontés à la réalité, alors que pendant un moment on n'a pas voulu la voir pour continuer à faire tourner l'économie. Les restaurateurs jouent le jeu, ce n'est pas là qu'il faut taper mais plutôt sanctionner ceux qui ne respectent pas les gestes barrières." 

Des emplois menacés

Pasqua et son associé Gaspard avaient recruté récemment un serveur pour six mois mais avec cette annonce, il est fort probable qu'ils doivent arrêter le contrat. "On va devoir dire aux gens de partir vers 20 heures, ça fait presque trois heures de travail perdues donc on ne pourra pas garder cet employé", explique le jeune directeur du café. 
Le couvre feu aura aussi des conséquences sur les investissements du bar et donc, sur les fournisseurs. "C'est toute une économie qui perd pied", poursuit-il. 

Comme eux, Anthony Duriani devra se séparer de deux personnes qu'il embauchait en extra. Le restaurateur tentera tout de même de préserver l'emploi de ses 20 employés en proposant un service de restauration à emporter. "Je vais essayer de sauver les meubles, de jongler avec les congés payés et le chômage partiel pour les six premières semaines. Moins on tombe bas, plus on pourra tomber longtemps. Mais si ça se poursuit, je devrais prendre d'autres mesures."

Anthony Duriani, directeur de deux restaurants sur la Place Saint-Nicolas
Anthony Duriani, directeur de deux restaurants sur la Place Saint-Nicolas