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Corse : En attendant Macron


Jacques RENUCCI le Vendredi 29 Mars 2019 à 13:32

La prochaine visite du Président de la République aura lieu sur fond de mécontentement et de prise de distance des élus insulaires



Corse : En attendant Macron

Comme pour préparer la venue du Président de la République, la préfète de Corse a présenté devant l'assemblée territoriale l'action des services de l’État. Un exercice académique, entre dimension strictement informative et plaidoyer pro domo, qui prend un sens particulier compte tenu de l'ambiance pesante qui règne entre les élus aux responsabilités et le pouvoir central.
Tout en répondant aux questions de l'assemblée, la préfète a pu prendre la température qui entourera la visite présidentielle, - et ce sera sur le mode glacial. Il est d'usage que le haut fonctionnaire évite de venir à la tribune en tenue de cérémonie - pas de tricorne pour la préfète donc -, question de proximité et, en la circonstance, de proximité bien distante. Comme la ministre de la cohésion des territoires il y a quelques jours, Josiane Chevalier a subi cette froideur par procuration.


On a vu au fil des mandatures, dans le même hémicycle, des préfets provocateurs, des préfets super-flics, des préfets faussement complices, des préfets vrais amis... Mais ils avaient tous un point commun : celui de rester dans la ligne tracée par le chef de l’État et le chef du gouvernement, ligne en Corse aujourd'hui aussi sombre qu'une friteuse de paillote en fin de saison. Dans son compte rendu à sa tutelle, Josiane Chevalier a dû souligner que l'escapade insulaire du Président de la République ne se présente pas sous les meilleurs auspices. Les nationalistes, qui colmatent leurs fissures idéologiques sur le dos d'un Président pour une fois fédérateur, invitent à une journée Isula morta en signe de protestation. La relation d'Emmanuel Macron avec les élus locaux et les collectivités territoriales a souvent été difficile, et avec la collectivité corse en particulier. Les nationalistes élus représentent leur électorat, mais aussi l'ensemble de la population de l'île. Avec la disparition des conseils départementaux, ils restent bon gré mal gré les seuls interlocuteurs de haut niveau. Il faudra faire avec.


La réforme constitutionnelle, où la Corse allait avoir une inscription en forme de strapontin, a été remise aux calendes pour cause d'affaire Benalla et de gilets jaunes. S'il n'y avait que cela pour faire rêver et relancer l'optimisme, c'est raté. L'île reste avec ses équations sempiternellement non résolues. Lorsque Emmanuel Macron était venu en Corse en février 2018, il en avait agacé plus d'un par son attitude cassante. C'était à l'occasion de la commémoration de l'assassinat de Claude Erignac. Il était venu pour la mémoire du préfet, il revient pour la conclusion du grand débat. Quand viendra-t-il pour la Corse en tant que telle ? Demande exagérée ? Pas tellement. Le cahier de doléances lié à l'insularité est en grande partie spécifique : un statut fiscal et social, le problème de la pauvreté qui gagne du terrain, la spéculation immobilière, le statut de résident, les transports, la cherté de la vie, les prisonniers, la cooficialité linguistique – en vrac, un ressassement de questions sans réponses ou de fins de non recevoir.


L'île a traversé la grogne sociale et le débat citoyen qui s'en est suivi presque comme si elle n'était pas concernée, alors qu'elle s'est fait une spécialité de ne pas dissocier l'économique du politique. A présent, la Corse attend sans trop y croire un embellie, un « pacte de confiance » qui reléguerait les poses arrogantes d'un côté et les bouderies crispées de l'autre au rang des malentendus et qui permettrait d'instaurer enfin une relation constructive.


Corse : En attendant Macron