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Coronavirus : La Corse veut intégrer le programme du traitement à la chloroquine du Pr Raoult


Nicole Mari le Dimanche 22 Mars 2020 à 17:10

Depuis un mois, le Pr Didier Raoult, directeur de l'IHU Méditerranée Infection à Marseille et considéré comme le meilleur expert mondial des maladies transmissibles, martèle qu’un traitement à base de chloroquine, un antipaludique très connu, est un traitement efficace contre le Covid 19. Le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, a demandé au gouvernement d’intégrer immédiatement la Corse au programme visant à confirmer l’efficacité du traitement à la chloroquine. Le député de Corse du Sud, Paul-André Colombani, en a fait autant, ainsi que l'URPS des médecins libéraux insulaires. L'Université de Corse a immédiatement proposé son concours.



Professeur Didier Raoult, Directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de l’université d’Aix-Marseille.
Professeur Didier Raoult, Directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de l’université d’Aix-Marseille.
« Coronavirus, fin de partie ! ». C’est le titre d’une vidéo publiée le 26 février sur You Tube par le Professeur Didier Raoult, considéré comme le meilleur expert mondial des maladies transmissibles. Directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de l’université d’Aix-Marseille, il est, avec ses équipes de recherche, le meilleur spécialiste actuel au monde de l’utilisation de la chloroquine, un antipaludique commercialisé en 1949 et largement utilisé dans la prévention du paludisme (malaria). Ce médicament est ordinairement prescrit, notamment sous le nom de Nivaquine, à tire préventif à tous ceux qui se rendent dans les pays tropicaux. Dans sa vidéo, le Pr Raoult explique que la chloroquine a démontré son efficacité thérapeutique contre la plupart des coronavirus, notamment contre le SRAS, et, selon un essai clinique chinois, sur des patients infectés au SARS-COV2. Malgré le scepticisme français ambiant, il est autorisé à effectuer un essai clinique et injecte pendant six jours à une vingtaine de patients atteints du Covid-19 une dose de 600mg/jour de Plaquenil, un médicament à base d’hydrochloroquine. Le résultat est « spectaculaire. Les patients, qui n'ont pas reçu le Plaquenil, sont encore porteurs à 90% du virus au bout de six jours, tandis que 75% de ceux qui ont reçu le traitement ne sont plus positifs », commente-t-il.
 
Un espoir partagé
La diminution du portage viral de 20 jours en moyenne à 6 jours seulement est porteuse d’un immense espoir, celui de traiter les cas critiques, mais aussi de diminuer le temps de contagion d’une personne positive. Mais toute une partie de la communauté scientifique estime que cet essai n’a « pas valeur de preuve selon les critères de la recherche scientifique ». Néanmoins, des équipes de chercheurs en Chine, en Iran, en Corée du Sud, en Arabie Saoudite et aux Etats-Unis se sont mises à travailler sur ce remède. Selon le Pr Raoult, une équipe de pharmacologues chinois de l'hôpital universitaire de Qingdao ont publié des résultats similaires : « Il est démontré que le phosphate de chloroquine a une efficacité apparente et une innocuité acceptable contre la pneumonie associée au Covid-19 dans le cadre d'essais cliniques multicentriques menés en Chine ». Le président américain, Donald Trump, a demandé aux instances sanitaires de son pays de mettre la chloroquine sur le marché. Finalement, après beaucoup d’atermoiements, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a accepté que six centres hospitaliers universitaires appliquent ce protocole, notamment le CHU de Lille, la Pitié Salpétrière ou le CHU de Nice à la demande de Christian Estrosi.
 
La demande corse
Le président du Conseil exécutif de la Corse, Gilles Simeoni, fait de même, même si la Corse ne dispose pas d’hôpital universitaire. Il l’annonce dans un tweet : « J’ai demandé au @gouvernementFR de consulter les praticiens et autorités sanitaires de l’île pour que la #Corse puisse intégrer immédiatement le programme visant à confirmer l’efficacité du traitement à la chloroquine, initié par le Pr. #Raoult. #Covid19  ».

Une demande relayée par le député de la 2nde circonscription de Corse du Sud, Paul-André Colombani, médecin de profession et président de l’Observatoire Régional de la Santé de Corse. Dans une lettre au ministre de la Santé, il réclame l’augmentation des capacités de dépistage et l’inscription de la Corse dans le traitement à la chloroquine du Pr Raoult :

De la même façon, dans un communiqué, l’Union régionale des Professionnels de santé (URPS) – Médecins libéraux de Corse, en appelle « au courage politique » pour « ne pas rajouter des crises à la crise initiale » et donner « à ceux qui peuvent en bénéficier, avant qu’il ne soit trop tard, une chance de vivre ». Aussi l’URPS conjure-t-elle : « La Corse unanime, d’une seule voix, conjure tous les acteurs et pouvoirs d’oser accorder en ATU l’hydroxy-chloroquine (Plaquenil) qui n’est peut-être pas le médicament miracle – personne ne le dit, ne le prouve encore – mais un moyen de gagner du temps en attendant masques et tests qui font cruellement défaut… ».

Un Collectif universitaire
L’Université de Corse, par les voix notamment de son président, du doyen de la Faculté des Sciences et de la directrice de l’Institut Universitaire de Santé, a immédiatement réagi à cette demande. Dans un message transmis dimanche soir à la communauté universitaire, elle propose la création d’un collectif anti Covid-19 et annonce qu’elle a pris contact avec l’équipe du Pr. Raoult afin que soit mis en œuvre en Corse sans délai le protocole. Elle met ses laboratoires à disposition pour produire des tests. « Face à l’ampleur de la crise sanitaire qui nous touche toutes et tous, il en va de notre responsabilité, en tant qu'universitaires, de nous mobiliser fortement afin de contribuer à apporter une réponse à cette situation d'urgence.
Depuis maintenant 72 heures, en équipe restreinte, nous sommes entrés en contact avec différents épidémiologistes et professeurs dont l’équipe du Professeur Raoult afin de déterminer les modalités et la faisabilité de notre action. Nous allons, au titre d’un collectif, constitué dans un premier temps, des membres de toute la communauté universitaire mais qui aura vocation à s’élargir au corps médical et plus largement à la société civile, lancer un appel aux décideurs, afin que soit mis en œuvre en Corse sans délai le protocole développé par le Pr. Raoult à la Timone ("Test and Treat") comme cela est en cours de déploiement au CHU de Nice et sans doute dans bien d’autres établissements hospitaliers dans les jours qui viennent. L’Université de Corse est prête à apporter sa contribution pour produire des tests dans ses laboratoires afin qu'une phase de dépistage généralisé du Covid-19 soit entamée. Nous proposons de lancer et de coordonner scientifiquement cette opération à l'échelle territoriale et de mettre à disposition tout le plateau technologique et scientifique dont dispose l’Université de Corse. Pour manifester votre adhésion à ce collectif, vous pouvez vous déclarer co-signataire en envoyant un mail à : anticovid19universita@univ-corse.fr In tantu, state vi in casa ma sempre in mossa per u cumunu ! ».

N.M.