Dans son rapport, la Chambre Régionale des Comptes affirme que la capacité d’autofinancement de la commune reste positive sur la période concernée, mais, ajoute que les possibilités de la collectivité à financer ses investissements sur ses ressources propres demeurent limitées. La CRC estime que la capacité d’autofinancement pourrait être confortée par une révision des bases fiscales locales.
Des frais de fonctionnement inférieurs
Deux heures durant, Charles Cervetti, adjoint délégué aux finances a commenté le rapport dans sa totalité et donné les explications ou plutôt les réponses qui ont été apportées après la lecture du premier rapport : « La Chambre a fait son rapport il y a trois ou quatre mois et nous l’a adressé. Nous y avons mis les commentaires que nous estimions devoir mettre, comme cela se fait. Ce rapport soulève quelques points qui concernent un peut de formalisme, à savoir les débats budgétaires, le suivi de la dette. Lorsqu’on nous dit que nous n’informons pas assez l’assemblée, c’est un peu faux. Lorsqu’on voit la moyenne des villes d’une strate comme nous qui passe entre 150 et 180 délibérations par an et que nous nous en sommes à 300 et plus, cela signifie que nous informons. Lorsqu’on nous dit qu’on ne donne pas de précisions sur certains investissements, on passe pour chaque investissement une délibération spécifique. Certes, elle ne figure pas dans le débat d’orientation budgétaire, mais dans le budget quelques jours après."
A propos des dépenses de personnel, dont la Chambre régionale des comptes estime l’augmentation à 2,47%, la masse salariale est encore trop forte et il y a un manque de volontarisme, toujours selon la Chambre : « Il apparaît que le simple maintien des effectifs résulte d’une politique active, puisque ce maintien suppose une démarche de recrutement afin de compenser les départs » précise encore le rapport. La municipalité réplique que 24 suppressions d’emplois ont été enregistrées entre 2007 et 2011, cela signifiant que les agents qui partent à la retraite ne sont pas remplacés.
Le point de vue de Charles Cervetti ?
« Il y a plusieurs remarques et nous ferons en sorte d’en tenir compte, comme par exemple sur l’inventaire. Il y a également la masse salariale. C’est le problème de la ville pour deux raisons. Il y a le problème historique d’une part et de l’autre, on a considéré qu’il fallait faire en régie. C'est-à-dire, ne pas confier à l’extérieur les enfants des écoles, les espaces verts, et dès lors, l’effectif est important, la masse salariale tout autant. Je l’ai fait remarqué plusieurs fois en séance et apparemment je n’ai pas été entendu, les frais de fonctionnement sont inférieurs à la moyenne nationale. »
« Il y a plusieurs remarques et nous ferons en sorte d’en tenir compte, comme par exemple sur l’inventaire. Il y a également la masse salariale. C’est le problème de la ville pour deux raisons. Il y a le problème historique d’une part et de l’autre, on a considéré qu’il fallait faire en régie. C'est-à-dire, ne pas confier à l’extérieur les enfants des écoles, les espaces verts, et dès lors, l’effectif est important, la masse salariale tout autant. Je l’ai fait remarqué plusieurs fois en séance et apparemment je n’ai pas été entendu, les frais de fonctionnement sont inférieurs à la moyenne nationale. »
Absentéisme bien sûr…
Le rapport met en exergue l’absentéisme important à la mairie d’Ajaccio. C’est en effet un problème récurrent qui avait marqué une certaine amélioration en 2012 mais qui revient en force et a un coût : 7 millions d’euros. S’il est vrai que cette situation semble être commune à bien d’autres villes, des mesures sont envisagées, à savoir le retrait du régime indemnitaire des agents en maladie ordinaire ou accident du trajet à partir d 4e jour.
« C’est un problème gravissime » explique Charles Cervetti : « 200 absents par jour, cela représente 7 millions d’euros. En moyenne, 60 à 80 agents qui remplacent les absents représentent 2 millions d’euros, donc un coût global de 9 millions d’euros. Il faut nécessairement trouver des solutions rapides… »
Faire moins avec plus de moyens ?
C’est un peu l’affirmation (et non pas la question) posée par M. Sbraggia, conseiller municipal d’opposition qui a évoqué le déséquilibre financier de la commune, le manque de clarté dans les investissements, l’augmentation des dépenses de l’ordre de 50% depuis 2003 sans oublier le manque de management dans les emprunts autant que le manque d’information sur le BP : « Vous avez plombé le fonctionnement de la commune. C’est de l’insincérité. Les finances de la ville se dégradent, lorsqu’on s’appauvri, on ne doit pas investir… C’est de l’irresponsabilité et l’on ne peut mener les affaires de la ville ainsi ! »
Le ton monte
On imagine aisément l’ambiance qui régna quelques secondes durant, notamment lorsque le du docteur Simon Renucci, visiblement outré par ces propos, s’adressa à M. Sbraggia : « Il est misérable de critiquer un compte rendu sans l’avoir écouté au préalable, c’est de l’aveuglement. Votre détermination à détruire la dignité d’un honnête homme dépasse les bornes. C’est une charge aveugle et je ne tolèrerai pas que l’on porte atteinte à la dignité d’un élu du peuple » a répliqué le maire.
Des propos qui ont quelque peu jeté la consternation dans l’hémicycle où plusieurs conseillers sont aussitôt intervenus pour soutenir le premier magistrat de la ville, à l’image de P. Di Giacomi « lorsque ça déborde, on sombre dans l’insulte mais les mots ont un sens. L’invective ne grandi personne, vous dérapez, c’est pitoyable » ou encore Ange Pantaloni, faisant allusion à « l’insincérité » évoqué par l’intervenant de l’opposition : « Nous ne
sommes pas des menteurs et vous le savez », relayé par François Gabrielli qui évoque toutes les réalisations menées par la municipalité en place et la satisfaction de nombreux ajacciens, puis Paul-Antoine Luciani, ironique, qui s’est lancé dans un long monologue intitulé « une minute de vérité » où il explique notamment : « On nous dit que le bilan de cette municipalité est catastrophique, en effet, chacun peut le constater : la construction de quatre écoles, la rénovation des gymnases, une piscine reconstruite, des crèches créées, modernisées et leur capacité d’accueil portée au meilleur niveau national, un palais de sports unique en Corse, cinq médiathèques, un complexe sportif et 549 logements sociaux construits ou en voie d’achèvement, sans parler du Grand Site de la Parata, des trois bassins de rétention, des millions d’euros investis dans la prévention des inondations, la rénovation des deux grands quartier, la liste des catastrophes est encore longue. Heureusement la relève se prépare et brûle de démontrer un savoir faire jusque-là bien camouflé. C’était ma minute de vérité… »
Nous laisserons le mot de la fin à Charles Cervetti, s’adressant à M. Sbraggia après l’intervention de ce dernier : « Vous allez vers le combat alors que vous savez déjà que vous allez perdre. Soit, vous êtes inconscient soit, vous considérez que vous ne serez pas là dans quelques mois… »
MM. Sbraggia et J.J. Ferrara ont aussitôt quitté la séance sur laquelle nous reviendrons.
J. F.