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Petits règlements de compte entre amis au conseil municipal d’Ajaccio


Julia Sereni le Lundi 28 Septembre 2020 à 22:22

Une passe d’armes entre le maire Laurent Marcangeli et son opposant Jean-François Casalta a marqué le conseil municipal de ce lundi 28 septembre et ressuscité de vieilles rancoeurs de campagne.



Jean-François Casalta (Photo Michel Luccioni)
Jean-François Casalta (Photo Michel Luccioni)
Les campagnes électorales laissent parfois des traces indélébiles. Elles s’estompent à la faveur d’une victoire puis ressortent parfois, alors qu’on ne s’y attendait pas. C’est ce qu’il s’est passé ce lundi soir lors du conseil municipal d’Ajaccio.
 
Un conseil qui a démarré fort. Dès la deuxième délibération, Jean-François Casalta monte au créneau, interrogeant le maire sur le montant de ses indemnités. Un sujet sensible, qui, il fallait s’y attendre, a retenu toute l’attention de l’opposition. L’avocat pointe « l’augmentation de 35% » que se serait octroyé le maire Laurent Marcangeli. Ce dernier fait alors répondre par son directeur général des services : « Il s’agit de la rectification d’une erreur matérielle qui existait sur la première délibération prise à ce sujet ». Avant de reprendre la parole, visiblement irrité : « Je n’ai pas changé le montant. Je peux publier toutes mes feuilles de rémunération ».
 
En bon homme de gauche, Etienne Bastelica commente : « Je préférerais que l’on s’en prenne aux salaires des patrons du CAC 40. Aujourd’hui ce ne sont pas les indemnités du maire d’Ajaccio qui m’emmerdent le plus ». L’intervention fleurie semble alors avoir clos le débat. Et pourtant. Une prise de parole de Julia Tiberi va remettre de l’huile sur le feu. Il est question dans son propos d’ « opacité », un terme qui fait bondir le maire. « La confiance règne » rétorque t-il, accusant l’opposition de jeter la suspicion sur le débat municipal. Avant de conclure : « Nos relations partent mal ».
 
Un dialogue de sourds s’engage alors entre majorité et opposition, fait de petites phrases assassines. « Je suis plus expérimenté que vous et j’ai gagné les élections » lance le maire à son opposant Jean-François Casalta. « Alors ça, c’est petit ! » lui répond l’intéressé. Des piques qui font, de part et d’autres, monter la tension.
 
« Il faut arrêter les mises en cause » s’agace Laurent Marcangeli. Dans la confusion, les voix s’élèvent. « Et les cibles dans le dos ! » lance alors un élu municipal, visiblement éprouvé par des accusations dont il dit avoir été victime durant la dernière campagne électorale. « Il y a des propos qui ont été tenus pendant la campagne qui marquent les hommes. Je n’aime pas la petite musique que sous-tendait vos interventions » reprend le maire.
 
Des accusations rejetées par Jean-François Casalta : « Nous faisons nos interventions de manière courtoise et nous ne voulons pas jeter la suspicion. Est-ce-que je peux contrôler et vérifier le travail de l’exécutif ? N’est-ce-pas le rôle du conseil municipal ? Quand je vois une délibération qui fait passer de 75 à 110% vos indemnités, ai-je le droit de le dire ou pas ? Est-ce-que vous allez tout prendre comme une insulte ? » argumente l’avocat. « Si vous ne voulez pas d’opposition, vous me le dites » finira t-il par rétorquer.
 
En coulisses, juste à côté de la salle du conseil du municipal, une discussion animée se fait entendre. Durant quelques minutes, l’attention des observateurs est bien plus tournée vers l’extérieur, chacun suivant du regard les entrées, sorties et apartés qui s’y déroulent. Des discussions de couloir, où les protagonistes ont peut-être pu enfin livrer ce qu’ils avaient sur le cœur, et purger les vieilles rancunes de campagne. Si les vertus cathartiques de ce type d’évènements sont sans doute nécessaires à ceux qui s’y livrent, pas sûr que le débat public, lui, ait gagné ce lundi soir en hauteur de vue.

(Photos Michel Luccioni)