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Conseil municipal d'Ajaccio : une séance budgétaire houleuse


Julia Sereni le Vendredi 30 Avril 2021 à 16:07

Jeudi 29 avril, le conseil municipal d’Ajaccio s’est réuni pour une séance spécialement dédiée au budget, avec l’approbation des comptes administratifs et de gestion pour l’année 2020. L’occasion pour l’opposition nationaliste de critiquer la gestion du maire Laurent Marcangeli.



Alors que le dernier conseil municipal  s’était déroulé sans accroc, la séance de ce jeudi 29 avril, a connu, elle, plus de remous. L’ordre du jour, consacré aux comptes administratifs et de gestion pour l’année 2020, n’aurait pourtant pu appeler que des questions techniques. Mais c’était sans compter sur l’opposition nationaliste, qui a profité de cette tribune pour dire tout le mal qu’elle pensait de la gestion municipale.
 

« Nous avons bien mené notre barque »

C’est l’adjoint aux finances Pierre Pugliesi qui a ouvert le débat, avec une présentation détaillée des chiffres-clés de la ville. « Nos dépenses de fonctionnement comme nos recettes de fonctionnement ont subi l’effet de la crise sanitaire. » explique t-il. Ainsi, en 2020, les dépenses s’élèvent à 94,8 millions d’euros, soit une augmentation de 0,56% par rapport à 2019. Les recettes, quant à elles, sont de 93,7 millions d’euros, soit une baisse de 3,03% par rapport à 2019.

Les effets de la crise ont également entrainé une réduction de l’épargne : la ville perd 1,4 million d’euros. Le niveau d’investissement est légèrement en deçà des trois derniers exercices budgétaires, soit plus de 25 millions d’euros investis. Enfin, du côté de la masse salariale, on constate une augmentation d’un peu moins d’un point depuis 2019 (plus 0,92), mais une baisse de 0,31% depuis 2017. « Ces données montrent que nous avons bien mené notre barque dans un contexte marqué par la crise » analyse l’adjoint aux finances.

Flot de critiques de l'opposition...

À la profusion de chiffres déployés par Pierre Pugliesi, et le premier adjoint Stéphane Sbraggia, c’est un flot de critiques que répand Jean-Michel Simon du groupe Pà Aiacciu. « Nous sommes en désaccord avec la façon dont vous gérez la ville » pose t-il d’emblée. Avant de poursuivre : « Faire un bilan de l’action municipale est impossible, car vous n’avez pas de projet. Vous êtes aux affaires depuis six ans et les grands projets structurants, il n’y en a pas eu ».

Égrenant la liste des nombreux griefs adressés à la majorité municipale, il finit par conclure : « Vous n’avez pas pris la mesure de cette ville. Cela fait maintenant sept ans que vous dirigez cette municipalité, mais d’ailleurs votre souhait n’est plus de le faire, puisque vous briguez de manière officielle la présidence de l’Exécutif de la Collectivité de Corse ».

...et réplique de la majorité

Une intervention qui lui attire les foudres de la majorité municipale. Stéphane Sbraggia en tête : « Votre analyse est pauvre d’un point de vue technique » lance le premier adjoint. « Visiblement le programme action cœur de ville n’a pas dû vous passionner, la citadelle, la halle gourmande, ça vous a échappé, la rénovation du cours Napoleon, le baptistère également… » énumère t-il.

Et l’adjoint Charles Voglimacci d’ajouter, en direction de Jean-Michel Simon : « Vous êtes le Emmett Brown (NDLR : le « Doc » de la trilogie cinématographique « Retour vers le futur ») de ce conseil municipal, vous revenez toujours en arrière ». Avant de conclure : « Vous nous avez reproché d’être en campagne mais ce soir, celui qui est en campagne électorale, c’est vous ! » C’est le maire Laurent Marcangeli qui sifflera finalement la fin des hostilités, en convoquant Talleyrand : « Tout ce qui est excessif est insignifiant ».

Efforts et décrue

Dans une intervention plus consensuelle, le chef de file d’Aiacciu pà Tutti Jean-André Miniconi s’en tient pour sa part à des éléments techniques.
« Je sais qu’il est difficile d’établir des bilans et ce, d’autant plus en période de crise. Je vois que vous faites des efforts pour contenir les grandes masses. Mais moi je suis chef d’entreprise et expert-comptable, et quand je vais voir mon banquier et qu’il me dit que chaque année j’ai une épargne nette négative, c’est-à-dire que mes dépenses sont supérieures à mes recettes, il me demande ‘que comptez-vous faire pour contenir ça ?’ » 

Il en vient ensuite à l’épineux problème de la masse salariale, « un castigu » selon l’élu nationaliste. « Mais le fond du problème est toujours le même : comment entamer une décrue ? » interroge t-il. Des remarques qui conduiront les groupes de l’opposition à s’abstenir sur l’ensemble des votes.