Tout avait bien commencé avec la lecture des comptes administratifs par Stéphane Sbraggia, exercice aussi long que fastidieux comme chacun sait lorsqu’il s’agit de finances. Le premier adjoint a longuement évoqué le budget principal ainsi que les budgets de stationnement et du port de plaisance de l’Amirauté.
Au moment des interventions, c’est Paul-Antoine Luciani, conseiller de l’opposition qui s’est manifesté le premier : « Il y a exactement trois mois qu’une nouvelle majorité a été élue à la mairie d’Ajaccio : nul n’a le recul suffisant pour émettre un jugement détaillé sur la gestion de la nouvelle équipe. Mais on peut et on doit rendre compte de ce qu’une partie très importante de la population commence à constater et ressentir ; c’est un délai suffisant pour donner le ton sur les dossiers urgents qu’il faut assumer, et envoyer des messages clairs à tous les administrés, ceux qui vous soutiennent et ceux qui vous observent avec inquiétude et méfiance. En attendant d’être en mesure de porter une appréciation solidement argumentée sur votre gestion, nous sommes appelés aujourd’hui à approuver le bilan 2013 de la nôtre ! Puisque le conseil municipal doit examiner et approuver le compte administratif de l’année écoulée, c’est-à-dire le budget exécuté au 31 décembre 2013.
L’assemblée délibérante doit l’approuver, en effet, si elle ne veut pas perdre la maîtrise de son budget. Votre majorité devrait donc, en toute logique, et comme le conseil communautaire l’a fait jeudi dernier, approuver les résultats d’un budget qu’elle n’a pas voté.
Mais je veux rassurer ceux qu’une telle situation inquiéterait : ils ne se retrouveront pas dans la position inconfortable où nous nous sommes trouvés en 2001. Car les résultats affichés par le CA 2013 n’ont rien à voir avec ceux du CA 2000 que nous avions examinés à la fin juin 2001 et que le conseil municipal de l’époque avait approuvé à contre cœur ! Une comparaison s’impose, même à treize ans de distance :
-Les travaux et dépenses d’équipement s’élevaient, au 31 décembre 2000, à 8. 777. 486 euros (comptes 20, 21, 23 cumulés). Ces montants figurent à la page 55 du petit livre que j’ai offert à chacun d’entre vous le 22 avril dernier !
-Ces mêmes travaux et dépenses s’élèvent, sur les mêmes comptes, au 31 décembre 2013, à 24. 600. 466 euros ; et si l’on ajoute les opérations pour compte de tiers figurant au compte 45, nous arrivons à 25. 934. 606 euros (voir le tableau de la page 45 du rapport de présentation). Près de 26 M€ ! Un record absolu pour la ville d’Ajaccio ! Voilà une bonne raison pour approuver le compte administratif 2013, même si certains d’entre vous ont voté contre le budget qui l’a rendu possible. Ce record, nous le savons déjà, ne sera pas égalé (et moins encore dépassé) en 2014. Et cela pour diverses raisons, générales et locales, qui interdisent désormais à la ville d’Ajaccio de maintenir un niveau d’investissement comparable. »
Rappel de faits et conseils…
Paul Digiacomi est intervenu à son tour pour rappeler que l’exercice 2013 était celui de la dernière mandature : « Un bilan avec ses points forts, ses points faibles également, avec ce qui a été fait et ce qui aurait pu être fait… » Le conseiller de l’opposition a rappelé le Palatinu, le Tour de France, les efforts entrepris sur Ajaccio et l’ensemble des structures sportives édifiées très fonctionnelles et de rappeler : « Nous avons pleinement assuré un service à la population à un coût bien moins important que certaines autres ville du pays » puis y est allé de ses conseils : « Evitez les stagiaires et les titularisations et donnez-vous les moyens de vos ambitions. Vous avez beaucoup à faire avec la stabilisation de la fiscalité locale ainsi que la maîtrise au niveau des investissements.»
Intervention de Charles Cervetti sur le compte administratif, sur les chiffres autant que sur les interprétations et certains points sur les impôts directs : « C’est le produit fiscal qui a augmenté, raison pour laquelle il convient de préciser les choses » a ajouté l’ancien adjoint aux finances.
Autre intervenant, José Filippi, qui s’est lancé dans une immense étude financière en rappelant que « la nouvelle municipalité se devait de fournir une image nouvelle pour la logique budgétaire. Ajaccio dispose d’une autonomie financière de 74% et la ville peut supporter le manque de subvention de l’Etat » sans oublier de parler des dépenses considérables relatives au personnel qui ne cessent d’augmenter : « La ville a besoin d’un organigramme fonctionnel afin de déterminer la capacité d’investir de la commune.
Laurent Marcangeli est également intervenu pour rappeler à son tour : « Je suis d’accord pour convenir que la gestion d’une ville comme Ajaccio n’est pas une mince affaire et qu’il fallait faire preuve de beaucoup de courage et de rigueur. Le tableau présenté aujourd’hui n’est pas parfait, je dirai même qu’il est handicapé, mais il faut réparer et nous sommes là pour ce faire. »
Puis répondant à l’intervention de Paul Digiacomi : « J’ai bien compris vos propos et je puis vous assurer que nous ferons du mieux que nous pouvons et plus encore. Je rappelle qu’il y a eu des excès, ils s’imposent à nos finances et cela coûte cher. Mais nous ferons notre travail avec force volonté et détermination… »
Navigation à vue…vers les récifs !
Musclée l’intervention de la conseillère municipale Mme Marie-Ange Biancamaria, au cours de laquelle elle dresse un bilan catastrophique du port de plaisance Charles Ornano. Elle a évoqué « une réalité au-delà des chiffres, d’un rendez-vous manqué avec le développement économique de la cité par ceux qui étaient en charge des affaires du port, » rappelant par des chiffres les investissements et autres charges du personnel avec des mots durs, souvent blessants : « Il s’agissait d’une navigation à vue, à la petite semaine. Vous étiez à 2 milles nautiques, prêts à échouer sur un gros récif, le port était un garage à bateaux, avec deux fois moins d’activités que le port Tino Rossi et deux fois plus d’anneaux… »
La position de Charles Cervetti
Il est facile d’imaginer la réaction de l’opposition, notamment celle de Charles Cervetti, littéralement KO debout, qui s’est dit « peu surpris par l’intervention mais extrêmement choqué par les propos injurieux de Mme Biancamaria. C’est faux, totalement faux. Nous avions en arrivant aux affaires un déficit de trois millions d’euros alors même qu’aujourd’hui, nous avons un excédant de plus d’un million d’euros. A croire que c’est autre chose que les chiffres qui comptent. Je ne comprends pas du tout ces attaques personnelles. Je récuse tous les termes employés par cette dame. Le port n’est pas un cimetière, nous n’allons vers aucune catastrophe. Il faut que le maire désavoue ce qui a été dit. Nous irons devant la justice s’il le faut…»
Après ce coup de vent fort, la séance a repris normalement avec le vote et l’adoption du compte administratif et la lecture d’autres rapports qui ont tous été adoptés.
J. F.