Gilles Simeoni, président de l'Exécutif de Corse, et Josiane Chevalier, ex-préfète de Corse. Photos Michel Luccioni.
C’est le dernier round qu’a mené, en guise de cadeau d’adieu, l’ex-préfète de Corse, Josiane Chevalier, contre le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni. Jusqu’au bout elle a honoré sa feuille de mission qui était de tenter de contrer le pouvoir nationaliste et surtout sa principale incarnation. Et « le dernier coup bas » de cette guerre sournoise, pour employer le mot récurrent du président nationaliste, n’est pas le moindre. Il a pris la forme d’une lettre où la Préfète monte en épingle une polémique concernant la commémoration de l’assassinat du préfet Claude Erignac.
Une lettre qu’elle a envoyée le 31 janvier à Gilles Simeoni, deux jours avant son départ et qui a été divulguée à la presse ce 4 janvier, soit 2 jours avant la commémoration.
Le courrier préfectoral
L’objet du courrier est un concert que la préfète voulait organiser avec des élèves du Conservatoire d’Ajaccio et qui n’aura pas lieu parce que, affirme-t-elle, l’Exécutif corse, gestionnaire de cet organisme, s’y serait opposé. « 22 ans après cette tragédie, j’avais souhaité en plus de cette cérémonie donner une autre forme à cet hommage en organisant un concert en mémoire de Mr Erignac dans les salons de la Préfecture le soir du 6 janvier. Plusieurs professeurs du conservatoire d’Ajaccio ont d’autant plus accepté de s’impliquer dans la préparation de ce concert qu’eux-mêmes jouaient au Kalliste le soir où le Préfet a été assassiné. Ils ont naturellement impliqué leurs élèves dans cette démarche empreinte d’humanité… », écrit-elle. Et d’ajouter : « Votre directrice adjointe de cabinet nous a informés qu’en votre qualité de président du syndicat mixte du Conservatoire… vous vous opposez à ce que ce concert à la mémoire du Préfet Erignac se déroule le 6 février. Je prends acte de votre décision ». N’en restant pas là, Josiane Chevalier ne fait pas dans la dentelle et lance une attaque politique : « Je suis profondément choquée par le caractère dénué de toute humanité que revêt votre décision. Alors que vous veillez à commémorer systématiquement les évènements qui ont marqué l’histoire de la Corse, je constate que, pour vous, le lâche assassinat d’un Préfet engagé au service de la Corse ne mérite pas un concert de jeunes musiciens portés par leur passion pour un art qui rassemble les êtres. Alors que vous prônez la paix et l’apaisement, la bienveillance pour « sortir d’un conflit » qui opposerait la Corse au reste de la France, je constate que, pour vous, l’exécution sordide d’un préfet apprécié de la population et la douleur infligée à sa famille ne justifient pas ce geste d’humanité qui s’inscrirait dans cette philosophie d’apaisement ».
Une lettre qu’elle a envoyée le 31 janvier à Gilles Simeoni, deux jours avant son départ et qui a été divulguée à la presse ce 4 janvier, soit 2 jours avant la commémoration.
Le courrier préfectoral
L’objet du courrier est un concert que la préfète voulait organiser avec des élèves du Conservatoire d’Ajaccio et qui n’aura pas lieu parce que, affirme-t-elle, l’Exécutif corse, gestionnaire de cet organisme, s’y serait opposé. « 22 ans après cette tragédie, j’avais souhaité en plus de cette cérémonie donner une autre forme à cet hommage en organisant un concert en mémoire de Mr Erignac dans les salons de la Préfecture le soir du 6 janvier. Plusieurs professeurs du conservatoire d’Ajaccio ont d’autant plus accepté de s’impliquer dans la préparation de ce concert qu’eux-mêmes jouaient au Kalliste le soir où le Préfet a été assassiné. Ils ont naturellement impliqué leurs élèves dans cette démarche empreinte d’humanité… », écrit-elle. Et d’ajouter : « Votre directrice adjointe de cabinet nous a informés qu’en votre qualité de président du syndicat mixte du Conservatoire… vous vous opposez à ce que ce concert à la mémoire du Préfet Erignac se déroule le 6 février. Je prends acte de votre décision ». N’en restant pas là, Josiane Chevalier ne fait pas dans la dentelle et lance une attaque politique : « Je suis profondément choquée par le caractère dénué de toute humanité que revêt votre décision. Alors que vous veillez à commémorer systématiquement les évènements qui ont marqué l’histoire de la Corse, je constate que, pour vous, le lâche assassinat d’un Préfet engagé au service de la Corse ne mérite pas un concert de jeunes musiciens portés par leur passion pour un art qui rassemble les êtres. Alors que vous prônez la paix et l’apaisement, la bienveillance pour « sortir d’un conflit » qui opposerait la Corse au reste de la France, je constate que, pour vous, l’exécution sordide d’un préfet apprécié de la population et la douleur infligée à sa famille ne justifient pas ce geste d’humanité qui s’inscrirait dans cette philosophie d’apaisement ».
Le courrier de l’Exécutif
Gilles Simeoni, contacté par nos soins, a « pris acte » de la divulgation de ce courrier, avant de qualifier son contenu de « mensonger ». Il a, dans ces conditions, décidé de communiquer la réponse qu’il avait adressée le 3 février à Franck Robine, le remplaçant de Josiane Chevalier et qu’il n’avait pas l’intention, pour sa part, de rendre publique. Le président corse y dénonce « la présentation fallacieuse et inexacte » que fait l’ex-préfète d’échanges intervenus entre les deux cabinets. « Mme la Préfète Chevalier soutient que… je me serais opposé à ce concert… Cette assertion est radicalement fausse ». Et d’expliquer les faits : « Ayant appris de façon incidente et indirecte que la Préfecture aurait sollicité les personnels et élèves du conservatoire…, j’ai demandé à ma directrice adjointe de prendre attache avec le cabinet de la Préfète… d’une part, pour confirmer cette information ; d’autre part, à la supposé exacte, me permettre d’être informé des modalités envisagées par la Préfecture pour ce concert et, plus globalement, du déroulement de la cérémonie d’hommage cette année. Enfin, toujours dans l’hypothèse d’une confirmation, solliciter de la Préfecture une saisine officielle … conformément à ce que prévoient les statuts du syndicat… les usages et la courtoisie pour que nous puissions en discuter ensemble ». Il ajoute que par mail du 14 janvier, le cabinet de la Préfète fournit ces informations et précise attendre un retour des professeurs de musique pour savoir s’ils pourront tenir les délais. Ensuite, plus de nouvelles : « Nous n’avons plus eu aucune information ni écrite, ni orale, sur le projet de concert, ceci jusqu’à un coup de téléphone informant… que le projet était abandonné, sans autres précisions ». En clair, la préfecture a abandonné le projet de sa propre initiative, ce qui rend l’accusation préfectorale « purement et simplement mensongère, et ce mensonge est d’une gravité particulière eu égard au caractère douloureux des faits ».
Des propos très graves
Cette mise au point faite, Gilles Simeoni laisse éclater sa colère et son écœurement face à « la violence des propos » de Josiane Chevalier et « leur caractère injurieux et inacceptable… Chacun de ses mots est délibérément blessant, méprisant et insultant, en ce qu’il vise à remettre en cause la sincérité de mon attachement à des éléments fondateurs de mon engagement public : les valeurs universelles de démocratie, le caractère sacré de toute vie humaine, le respect dû aux morts et la compassion acquise à leurs familles, le refus de toutes les violences et la volonté de tourner la page de la logique de conflit pour enraciner celle de l’apaisement et de la paix. Des éléments fondateurs que j’ai tenus à rappeler en toutes circonstances, y compris en participant à la cérémonie d’hommage au Préfet Erignac dès mon élection en qualité de président du Conseil exécutif de Corse. Je ne peux, donc, accepter, ni cette mise en cause indigne, ni le mensonge initial qui lui sert de prétexte ». Il conclut en demandant à Franck Robine si le gouvernement valide les propos de son ex-représentante dans l’île : « Je m’adresse à vous pour que vous m’indiquiez si l’Etat considère que la lettre qui développe ce mensonge et cette mise en cause a valablement été écrite en son nom. Si tel est le cas, j’en tirerai toutes les conséquences ».
Pas quitus !
Là est, effectivement, toute la question ! Ces propos n’engagent-ils que l’ex-Préfète, qui, avant son départ, a lâché pas mal d’insinuations contre le président de l’Exécutif, notamment au Collectif anti-mafia, ou parle-t-elle au nom de l’Etat ? L’avenir le dira. Quoiqu’il en soit c’est une peau de banane que Josiane Chevalier a légué à son successeur comme cadeau de bienvenue. Quelque soit également la feuille de mission de Franck Robine, on peut parier qu’il se serait passé de cette polémique inutile pour son entrée en fonction.
Pour sa part, Gilles Simeoni annonce qu’il se rendra, comme il le fait chaque année depuis son accession à l’Exécutif, à la cérémonie d’hommage au Préfet Erignac « et toujours pour les mêmes raisons de fond que j’ai expliquées et qui restent valables ». Pas question, donc, pour le président de l’Exécutif de céder à la provocation, mais tient-il à préciser : « Pour autant, comme je l’ai dit les années précédentes, ma présence ne vaut pas caution de l’attitude actuelle de l’Etat, notamment de son refus d’ouvrir le dialogue pour construire une solution politique, ou le refus obstiné du rapprochement des trois personnes qui restent détenues au titre de leurs condamnations dans le cadre de ce dossier, ou encore le refus de la demande de libération conditionnelle d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. Alors même que, dernièrement pour Pierre Alessandri, le tribunal de 1ère instance a, dans une décision parfaitement argumentée, fait droit au rapprochement et à sa demande de libération conditionnelle ».
N.M.
Gilles Simeoni, contacté par nos soins, a « pris acte » de la divulgation de ce courrier, avant de qualifier son contenu de « mensonger ». Il a, dans ces conditions, décidé de communiquer la réponse qu’il avait adressée le 3 février à Franck Robine, le remplaçant de Josiane Chevalier et qu’il n’avait pas l’intention, pour sa part, de rendre publique. Le président corse y dénonce « la présentation fallacieuse et inexacte » que fait l’ex-préfète d’échanges intervenus entre les deux cabinets. « Mme la Préfète Chevalier soutient que… je me serais opposé à ce concert… Cette assertion est radicalement fausse ». Et d’expliquer les faits : « Ayant appris de façon incidente et indirecte que la Préfecture aurait sollicité les personnels et élèves du conservatoire…, j’ai demandé à ma directrice adjointe de prendre attache avec le cabinet de la Préfète… d’une part, pour confirmer cette information ; d’autre part, à la supposé exacte, me permettre d’être informé des modalités envisagées par la Préfecture pour ce concert et, plus globalement, du déroulement de la cérémonie d’hommage cette année. Enfin, toujours dans l’hypothèse d’une confirmation, solliciter de la Préfecture une saisine officielle … conformément à ce que prévoient les statuts du syndicat… les usages et la courtoisie pour que nous puissions en discuter ensemble ». Il ajoute que par mail du 14 janvier, le cabinet de la Préfète fournit ces informations et précise attendre un retour des professeurs de musique pour savoir s’ils pourront tenir les délais. Ensuite, plus de nouvelles : « Nous n’avons plus eu aucune information ni écrite, ni orale, sur le projet de concert, ceci jusqu’à un coup de téléphone informant… que le projet était abandonné, sans autres précisions ». En clair, la préfecture a abandonné le projet de sa propre initiative, ce qui rend l’accusation préfectorale « purement et simplement mensongère, et ce mensonge est d’une gravité particulière eu égard au caractère douloureux des faits ».
Des propos très graves
Cette mise au point faite, Gilles Simeoni laisse éclater sa colère et son écœurement face à « la violence des propos » de Josiane Chevalier et « leur caractère injurieux et inacceptable… Chacun de ses mots est délibérément blessant, méprisant et insultant, en ce qu’il vise à remettre en cause la sincérité de mon attachement à des éléments fondateurs de mon engagement public : les valeurs universelles de démocratie, le caractère sacré de toute vie humaine, le respect dû aux morts et la compassion acquise à leurs familles, le refus de toutes les violences et la volonté de tourner la page de la logique de conflit pour enraciner celle de l’apaisement et de la paix. Des éléments fondateurs que j’ai tenus à rappeler en toutes circonstances, y compris en participant à la cérémonie d’hommage au Préfet Erignac dès mon élection en qualité de président du Conseil exécutif de Corse. Je ne peux, donc, accepter, ni cette mise en cause indigne, ni le mensonge initial qui lui sert de prétexte ». Il conclut en demandant à Franck Robine si le gouvernement valide les propos de son ex-représentante dans l’île : « Je m’adresse à vous pour que vous m’indiquiez si l’Etat considère que la lettre qui développe ce mensonge et cette mise en cause a valablement été écrite en son nom. Si tel est le cas, j’en tirerai toutes les conséquences ».
Pas quitus !
Là est, effectivement, toute la question ! Ces propos n’engagent-ils que l’ex-Préfète, qui, avant son départ, a lâché pas mal d’insinuations contre le président de l’Exécutif, notamment au Collectif anti-mafia, ou parle-t-elle au nom de l’Etat ? L’avenir le dira. Quoiqu’il en soit c’est une peau de banane que Josiane Chevalier a légué à son successeur comme cadeau de bienvenue. Quelque soit également la feuille de mission de Franck Robine, on peut parier qu’il se serait passé de cette polémique inutile pour son entrée en fonction.
Pour sa part, Gilles Simeoni annonce qu’il se rendra, comme il le fait chaque année depuis son accession à l’Exécutif, à la cérémonie d’hommage au Préfet Erignac « et toujours pour les mêmes raisons de fond que j’ai expliquées et qui restent valables ». Pas question, donc, pour le président de l’Exécutif de céder à la provocation, mais tient-il à préciser : « Pour autant, comme je l’ai dit les années précédentes, ma présence ne vaut pas caution de l’attitude actuelle de l’Etat, notamment de son refus d’ouvrir le dialogue pour construire une solution politique, ou le refus obstiné du rapprochement des trois personnes qui restent détenues au titre de leurs condamnations dans le cadre de ce dossier, ou encore le refus de la demande de libération conditionnelle d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. Alors même que, dernièrement pour Pierre Alessandri, le tribunal de 1ère instance a, dans une décision parfaitement argumentée, fait droit au rapprochement et à sa demande de libération conditionnelle ».
N.M.