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Clash à l’Assemblée de Corse : La réponse de Gilles Simeoni à Laurent Marcangeli


Nicole Mari le Vendredi 25 Février 2022 à 20:14

Le président de l’Exécutif corse a, immédiatement, réagi dans l’hémicycle au départ de Laurent Marcangeli et de ses colistiers du groupe de droite U Soffiu Novu qui protestaient contre la longue suspension de session de la veille, suite à l’action des groupes Nationalistes au Palais Lantivy. Il tacle les paradoxes du discours de la droite, son appréciation de l’importance des dossiers, et soutient totalement l’action symbolique de la veille.



Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. Photo Michel Luccioni.
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. Photo Michel Luccioni.
Pas content ! Le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, n’a pas du tout apprécié la sortie de Laurent Marcangeli, vendredi matin, à l’Assemblée de Corse. Pas tant la sortie physique, dont il a pris tranquillement acte, que les propos qui l’ont précédée. Et il s’est lancé dans une mise au point méthodique, argumentée et cinglante comme il en a le secret. A Laurent Marcangeli qui juge malaisant, en pleine guerre en Ukraine, l’action de la veille des Nationalistes au Palais Lantivy, il rétorque d’abord : « Laurent Marcangeli ne peut pas ignorer que nous avons exprimé notre solidarité forte au peuple ukrainien, notre refus et notre désapprobation du comportement de la Russie qui est contraire au droit international et réaffirmé notre volonté de paix pour l’Ukraine, l’Europe et le monde. Je trouve singulier que Laurent Marcangeli fasse semblant de l’oublier, alors même que l’Assemblée de Corse a été la première assemblée démocratique en Europe à se prononcer officiellement puisque les hasards du calendrier ont fait que nous avons été les premiers à nous exprimer. Contrairement à Laurent Marcangeli et à son groupe, j’en suis fier ».
 
Un paradoxe singulier
Gilles Simeoni tacle, ensuite, ce qu’il nomme « un paradoxe singulier » dans l’attitude du groupe U Soffiu Novu qui « quand nous nous exprimons sur d’autres conflits, la droite nous reproche de nous préoccuper de ce qui se passe en dehors de la Corse. Selon elle, nous devrions nous consacrer exclusivement à ce qui relève de nos compétences stricto sensu. Lorsqu’il y avait la même sorte de guerre, de drames et de victimes civiles des bombardements et des tirs en Arménie, et que nous avons souhaité que cette assemblée se prononce - nous avons été les premiers à le faire, le peuple arménien, ses représentants en France et dans le monde, nous en sont gré - la droite a refusé de s’associer, a dit que ce n’était pas dans nos compétences. Le Préfet de Corse nous a même envoyé un recours en nous demandant de retirer la délibération qui avait entériné la motion. Ce que nous avons refusé de faire ! ». Il assume : « Oui, nous avons soutenu l’Arménie, le Haut-Karabakh et l’Ukraine ! Oui, nous soutiendrons tous les peuples qui souffriront d’injustice dans le monde, parce que ce sont nos valeurs et aussi, je crois, le rôle et la mission de l’Assemblée de Corse et de la Collectivité de Corse. Ce qui se passe en Ukraine est dramatique, nous interpelle et nous concerne au premier chef, mais ce dont nous avons parlé hier est essentiel aussi. Demain ou après-demain, lorsque la paix sera revenue en Ukraine, les problèmes, dont nous avons parlé hier, continueront à tarauder et à préoccuper les Corses. Nous avons bien fait de les aborder ! Laurent Marcangeli nous reproche d’avoir parlé de la Corse et de l’Ukraine, alors que nous n’aurions du parler que de nos dossiers ».
 
Des débats concrets
Le président de l’Exécutif récuse, de la même façon, l’autre critique de Laurent Marcangeli sur le nombre restreint de délibérations présentées au vote lors de cette session, le reste étant des rapports d’information. Le ton se fait plus virulent : « Ce dont nous devons parler, même s’il n’y a pas de vote, c’est du PTIC (Plan de transformation et d’investissement pour la Corse). On nous dit que nous ne sommes pas dans le concret ! Lorsqu’on vote, il y a un an, une délibération avec 10 préconisations pour le PTIC et que le Préfet de Corse me répond que « c’est comme si ça n’existe pas ! ». Vous pensez que ça ne mérite pas discussion ! Le document d’orientations budgétaires et des orientations stratégiques que nous devons prendre, là où nous aurions du avoir 500 millions € qui étaient insuffisants face aux 800 millions € de projets de la CDC, 250 millions € contractualisés avec les communes et intercommunalités, et que tout ça est de la monnaie de papier parce que depuis 2009, il n’y a pas eu un seul euro investi pour la Corse au titre du PTIC. Est-ce que vous considérez que parler de ça, même s’il n’y a pas de vote, ce n’est pas important ? Il n’y a jamais eu à l’Assemblée de Corse, depuis plus de 30 ans que les CPER (Contrat de plan Etat-Région) existent, de débats sur le contenu, elle a toujours entériné la signature présentée par le Conseil exécutif du document négocié par le Conseil exécutif. Le PEI n’a jamais été présenté en amont de sa signature. Et nous mêmes, nous ne l’avions pas prévu depuis 2015. Ce que je souhaite faire, c’est qu’en amont de la finalisation de la discussion, vous puissiez être saisis de l’ensemble de ces éléments pour pouvoir nous dire ce que vous souhaitez privilégier ». 
 
Une action forte
In fine, le président de l’Exécutif s’exprime, pour la première fois, sur l’action symbolique au Palais Lantivy, et lance aux trois groupes nationalistes : « Vous êtes descendus au Palais Lantivy, peut-être la droite aurait-elle préféré que vous cassiez quelque chose ? Peut-être aurait-on préféré que l’on houspillât le Préfet de Corse ? Vous ne l’avez pas fait ! Vous avez choisi de vous exprimer de façon symbolique, mais forte ». Une action à laquelle, ni lui, ni son Conseil exécutif, n’a participé, mais qu’il soutient totalement. « Pour la première fois depuis des années, au lendemain d’une notification nous interdisant de parler corse et nous disant que le peuple corse n’existe pas, par la volonté des élus de l’Assemblée de Corse notamment, le drapeau corse a flotté sur le fronton du Palais Lantivy où nous avons rappelé que l’Etat est un occupant, plus ou moins précaire et révocable, si on regarde les textes qui régissent notre relation contractuelle concernant les modalités de l’occupation ». Et de conclure ironiquement : « Cela n’a pas empêché notre locataire de traverser nuitamment nos locaux pour aller décrocher notre drapeau ».