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Cinq grévistes de la plateforme courrier-colis d’Afa-Baleone assignés en justice par La Poste


le Mardi 29 Avril 2025 à 14:23

Dans le cadre du conflit qui opposent les salariés de la plateforme courrier-colis d'Afa-Baleone à la direction de La Poste, cinq grévistes ont comparu ce mardi devant le tribunal d’Ajaccio, après avoir assignés en référé par La Poste pour l'occupation et le blocage des locaux. La décision a été mise en délibéré au 2 mai.



C’est une procédure qui laisse un goût amer aux salariés de la plateforme courrier-colis d’Afa-Baleone. Ce mardi matin, cinq salariés grévistes ont été présentés devant le tribunal d’Ajaccio, après avoir été assignés en référé par La Poste pour l’occupation et le blocage du site. Pour rappel, depuis le 31 mars, un conflit social oppose les agents de la plateforme, soutenus par la CGT FAPT, à la direction du groupe du fait d’un projet de réorganisation qui entraînerait notamment la dénonciation d’accords locaux. Un mécanisme qui pourrait faire perdre plusieurs centaines d’euros par mois aux salariés. Sans avancée notable vis-à-vis de leurs revendications, les grévistes ont décidé d’occuper le site depuis le 17 avril dernier. Une opération symbolique qui a conduit la direction de La Poste à durcir le ton et à assigner cinq grévistes. Ce mardi, une cinquantaine d’agents et de représentants syndicaux se sont rassemblés devant le tribunal pour leur apporter leur soutien. Selon la CGT FAPT, l’ensemble du service colis qui dessert la ville d’Ajaccio a également débrayé en signe de soutien. 
 
« La Poste nous demande de lever l’occupation et le blocage. Sauf que si nous occupons toujours les locaux, nous réfutons le blocage. La Poste ne vient pas présenter de camion devant le site d’Afa-Baleone. Les camions sont dirigés du centre de tri directement vers le site d’activités de l’Atrium », fustige Rudy Albertini, le secrétaire régional de la CGT-FAPT, qui fait partie des cinq grévistes assignés, en indiquant que la direction de La Poste a demandé une provision de 10 500 euros pour faits de dégradations.  
 
« Nous avons fait valoir que s’il y a un blocage cela vient de La Poste qui bloque les négociations et qui entrave le droit de grève par rapport au dispositif de continuité de service qu’elle a mis en place », ajoute-t-il en pointant également « une entrave dans la médiation ». « Mardi dernier, nous avons demandé une médiation face au blocage qui persiste dans la négociation depuis le 17 avril. La direction a mis 24 heures pour répondre par la négative. Par la suite, nous avons eu une réponse positive après un entretien avec le directeur de cabinet du préfet de Corse-du-Sud, et que nous ayons rencontré les élus de l’Assemblée de Corse qui ont déposé une motion pour la reprise du dialogue social. La direction a accepté la médiation en mettant la condition que celle-ci commence lundi. Nous nous sommes rencontrés hier, mais ni le directeur régional, ni un représentant national n’étaient présents. Cela prête à penser que nous n’avons pas forcément les bonnes personnes autour de la table. De plus, la prochaine rencontre n’aura lieu que mercredi. Cela pose question », explique-t-il. Cette temporalité qui ne devrait en effet rien au hasard pour le syndicaliste, qui estime que la direction de La Poste jouerait la carte du temps dans l’attente que l’assignation des cinq grévistes trouve son épilogue. « La Poste peut avoir confiance par rapport à certaines décisions qui ont été rendues par le passé, mais aujourd’hui on est dans une situation tout à fait atypique, différente de ce que nous avons pu connaitre dans des conflits avec blocage. À mon sens, aujourd’hui l’ensemble des grévistes est dans leur bon droit et nous pouvons tout à fait penser que le jugement nous sera favorable », souffle-t-il en insistant : « On a l’impression que La Poste attend qu’une décision de justice favorable puisse lui permettre de nous faire sortir des locaux. Mais même si c’est le cas, je ne vois pas ce que cela ferait avancer. Aujourd’hui nous ne bloquons pas la plateforme. La Poste pourrait très bien mettre en place une continuité d’activité sur les tournées de non-grévistes ». 
 
Alors que la décision a été mise en délibéré au vendredi 2 mai, la CGT FAPT indique qu’elle a demandé par l’intermédiaire de son avocate, Me Cécile Pancrazi, à ce que « La Poste soit totalement déboutée de sa demande » ainsi que « 1000 euros par assigné pour préjudice moral ». 
 
Contactée par CNI, la direction régionale de La Poste a indiqué ne pas « vouloir faire de commentaire tant que l’action est en cours ». Dans un communiqué daté du 23 avril dernier, elle soulignait avoir demandé « un déblocage du centre » et affirmait que dès lors elle serait « ouverte et disponible pour reprendre les négociations ». « L’entreprise réitère sa volonté de dialogue social. Onze réunions ont déjà eu lieu entre les représentants syndicaux et la direction. Des propositions concrètes et importantes sur chacun des points avancés ont été faites dont certaines avant même le dépôt du préavis de grève », assurait alors la direction du groupe.
 
À noter que le secrétaire national du Parti Communiste Français, Fabien Roussel, a tenu à apporter son soutien aux grévistes sur les réseaux sociaux. « En Corse, les postiers d'Afa-Baléone sont en grève depuis le 31 mars contre la suppression de leurs acquis sociaux et pour un plan de CDIsation ! Face à eux, une direction obsédée par les économies. Plein soutien aussi aux 5 camarades CGT assignés devant le tribunal d'Ajaccio ! », a-t-il écrit.