
Destruction d’arbres, présence invasive dans les jardins, infiltration jusque dans les maisons : la Corse est régulièrement confrontée à la pullulation des chenilles du bombyx disparate.
En juin 2024, ce phénomène touchait plus de 4 270 hectares sur l’île. Un an plus tard, la situation persiste dans plusieurs communes du Centre-Corse. Pour la deuxième année consécutive, Moltifao, Piedigriggio, Popolasca, Prato, Castiglione, Castirla, Omessa et Soveria font face à une infestation massive de ces insectes. « Elles se collent aux maisons, les gens ne peuvent plus vraiment sortir. », déplore Pierre Nasica, maire de Prato di Giovellina. La gêne s’invite partout, jusque dans « les jardins et les campings infestés », ajoute Jacques Costa, maire de Moltifao, qui constate : « Les touristes annulent leurs séjours dans la commune lorsqu’ils entendent parler des chenilles bombyx disparates. »
Pour certains habitants, le fléau se manifeste aussi par des démangeaisons : « Des réactions sur l’épiderme, plaques et boutons pour certains, même si cela ne concerne vraiment que les personnes allergiques .», précise Jacques-André Tomasini, maire de Castirla. L’inquiétude grandit face à une invasion qui dure : « Normalement c’est très rare de subir une invasion de chenilles bombyx plus de deux ans d’affilée, puisque faute de nourriture, elles finissent par mourir. » Cette année, la prolifération est pourtant bel et bien là, touchant des zones parfois nouvelles par rapport à l’année précédente.
Face à ces désagréments, les élus reconnaissent leur impuissance : « La population subie, les pouvoirs publics ne bougent pas, on ne peut rien faire » regrette Jacques Costa. Les anciens traitements jugés efficaces ne sont plus autorisés, ce qui limite fortement les options pour lutter sur le terrain.
Une reconnaissance officielle
Les élus demandent l’ouverture d’une étude environnementale pour comprendre l’origine et la récurrence du phénomène, mais surtout la reconnaissance de l’événement en catastrophe naturelle, afin d’obtenir des aides pour les dommages constatés.
Un phénomène naturel cyclique
Autrement dit, on ignore encore pourquoi certains printemps voient une explosion soudaine du nombre de chenilles, alors que d’autres années, elles passent inaperçues. Ces pics de prolifération restent difficiles à anticiper, faute d’identification précise des causes environnementales ou climatiques qui les provoquent. Les dégâts visibles sur la végétation — notamment les défoliations massives — donnent parfois l’impression que les arbres sont brûlés. Mais ces derniers ont la capacité de produire de nouvelles feuilles plus tard dans la saison. Si la prolifération peut être désagréable dans les jardins, parcs ou forêts, elle ne représente pas de danger pour la santé, insiste-t-elle : contrairement aux chenilles processionnaires, celles du bombyx disparate ne sont pas urticantes.
Pour l’heure, les habitants du Centre-Corse vivent au rythme de cette invasion silencieuse et les maires, eux, restent dans l’attente d’un signal de l’État.