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Catastrophe du 5-Mai : ce n'est que Furiani, ce n'est que Bastia, ce n'est que la Corse !


Jacques RENUCCI le Samedi 20 Avril 2019 à 07:23

On jouera des matches de ligue 1 le 5 mai. Il devient de plus en plus difficile de geler cette date dramatique pour l'île



Catastrophe du 5-Mai : ce n'est que Furiani, ce n'est que Bastia, ce n'est que la Corse !
Roxana Maracineanu est l'actuelle ministre des Sports. Elle s'est illustrée il y a quelque temps en voulant interdire les insultes homophobes dans les tribunes des stades de football. Visiblement, les mots la gênent plus que le sang et les larmes... Lorsque Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, lui demande pourquoi on jouera des matches le 5 mai, anniversaire du drame de Furiani, elle ne sait visiblement pas de quoi on lui parle. L'ex-championne olympique de natation a des excuses. En 1992, année de l'effondrement de la tribune, elle venait à peine d'être naturalisée française...
Mais il existe sans doute à ses côtés, au ministère comme au sein de la Ligue nationale de football, des gens qui, entre autres tâches sans doute essentielles, devraient porter l'histoire de la discipline, dans ses moments de gloire comme dans ses tragédies, surtout lorsque celle qui nous concerne est la plus dramatique que le pays ait connue dans le domaine du sport.


La Ligue a donc programmé des matches pour le prochain dimanche 5 mai, étant entendu que, par décision bureaucratique de 1995, seuls les samedis 5 mai seront sanctuarisés. L'initiative du ministère est cousue de fil moyennement blanc : Furiani, c'était un samedi, donc on ne prend en compte que les samedis. Le collectif représentant les victimes proteste, et on devine les arguments qui lui seront opposés : les impératifs du calendrier, le risque d'iniquité en raison des matches décalés, les impératifs économiques dont dépendent les clubs... Il faut croire que ces justifications ne valent que pour Furiani. En effet, durant plusieurs semaines, de multiples rencontres ont été reportées en raison des gilets jaunes, avec des conséquences financières négatives en termes de spectateurs, de retransmission télévisuelle et de sponsoring. La ligue 1 a été sens dessus-dessous, et s'en remet à peine.


Mais personne ne disait rien : le sport le plus populaire avait peur du peuple. Le stade Hillborough à Sheffield, le stade Nacional à Lima, l'Ibrox stadium de Glasgow, le Heysel de Bruxelles, le stade Ellis Park de Johannesburg, et tant d'autres où des spectateurs ont payé de leur vie leur passion pour le football... Nulle part, aux abords de ces enceintes meurtries, on n'est obligé de mendier le respect comme cela se passe ici, où il faut justifier de sa souffrance. Lorsqu'il vient sur l'île, Emmanuel Macron dit et redit que l’État, lorsqu'il porte le deuil, a de la mémoire. Mais il est aussi permis aux Corses d'en avoir.


Ceux qui le 5 mai 1992 ont perdu un être aimé, ceux qui ont survécu mais ont été atteints dans leur chair, ne sont pas quantité négligeable. Il est attristant, il est insupportable de voir que le souvenir, avec le fait de vouloir marquer ce souvenir, devienne un combat usant sans cesse renouvelé. Mais il faut se rendre à l'évidence : ce n'est que Furiani, ce n'est que Bastia, ce n'est que la Corse.

Catastrophe du 5-Mai : ce n'est que Furiani, ce n'est que Bastia, ce n'est que la Corse !