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Castrenze Di Maggio : « Ce qui se passe à Patrimoniu est unique ! »


Nicole Mari le Dimanche 21 Juillet 2013 à 20:09

La musique à Patrimoniu, ce n’est pas seulement les Nuits de la Guitare. En juin dernier, a eu lieu au théâtre de verdure, à l’initiative d’une association de bénévoles, la première édition du « Notte Nere International Festival Tribute dopu Ghjesu Christu » qui a rassemblé, sur trois jours, près de 2 200 personnes. Un autre concert Tribute a eu lieu, il y a quelques jours, sur la même mythique scène, témoignant de l’engouement du public insulaire pour ce phénomène venu d’Europe du Nord. Explications, pour Corse Net Infos, de Castrenze Di Maggio, sous-prieur di a Cunfraternita di San Martinu, un des fondateurs des Notte Nere.



Tribute Queen
Tribute Queen
- Qu’est-ce que les Notte Nere ?
- C’est, avant tout, une philosophie qui a réuni des hommes et des femmes dans une association de bénévoles du village de Patrimoniu. L’idée est de générer des synergies à travers un festival et des actions que nous menons et, aussi, de promouvoir sur la scène insulaire des jeunes groupes en leur donnant la possibilité d’accéder à une scène mythique, celle de Patrimoniu, très connue dans le monde musical.
 
- Pourquoi ce nom : « Notte Nere dopu Jesus Christu » ?
- Il fallait qu’on trouve un nom qui ait un impact. Dans le rock, on parle des « Black Nights ». Pour nous, qui sommes Corses et Corsisans, s’appeler « Notte Nere » (Nuits Noires) est un lien symbolique. La date « dopu Ghjesu Christu » est une référence à notre calendrier chrétien. Au lieu d’afficher : « 1ère ou 2ème édition », nous affichons : « 2013 dopu Ghjesu Christu, 2014 dopu Ghjesu Christu… ».
 
- Ce festival est-il une première ?
- Oui. Il y avait eu quelques prémices. Il y a une quinzaine de mois, nous avions organisé un premier concert avec le Tribute ACDC de notre ami Freddy Olmeta qui nous a, plus ou moins mis, le pied à l’étrier. Nous avons eu envie d’être novateurs et de créer un festival s’étalant sur trois jours. Ainsi est né : « Notte Nere International Festival Tribute ».
 
- Qu’est-ce qu’un Tribute ?
- En anglais, cela signifie : « rendre hommage ». Un Tribute est un groupe musical qui rend hommage à un autre groupe musical plus connu, à un compositeur ou à un interprète en interprétant ses chansons. On peut, ainsi, estimer que les orchestres philarmoniques sont des Tribute des grands compositeurs de musique classique, comme Mozart ou Beethoven. Un Tribute est un phénomène qui arrive, comme souvent, d’Europe du Nord. Depuis une dizaine d’années, des festivals germent un peu partout en Europe et drainent des dizaines de milliers de spectateurs. Il n’y en avait jamais eu en Corse.
 
- Existe-t-il des Tribute en Corse ?
- Absolument. Un des Tribute les plus emblématiques est le Tribute ACDC de Freddy Olmeta. A Patrimoniu, Thierry Miccaelli a monté, l’an dernier, un Tribute U2, qui a nous offert de grands moments lors de la saison estivale passée. Il y a d’autres Tribute qui, nous l’espérons, vont faire des émules et mettre le pied à l’étrier d’autres jeunes. Ce qui nous permettrait d’organiser, plus tard, un festival insulaire de Tribute.
 
- En quoi ce festival Tribute de Patrimoniu est-il novateur ?
- Il est novateur, d’abord, à travers sa programmation inédite. Ensuite, nous avons voulu intéresser toute la jeune scène rock insulaire à travers un concours que nous avons organisé sur Facebook. L’idée étant de lui offrir un tremplin et l’accès à la scène mythique de Patrimoniu et des Nuits de la guitare, qui, pour l’instant, leur était refusé. Nous voulons motiver les jeunes groupes insulaires, issus de toutes les régions de Corse.
 
- Comment avez-vous procédé sur Facebook ?
- Facebook est un média incontournable pour toucher le maximum de jeunes. L’idée a germé d’y faire la sélection des groupes qui assuraient les premières parties du festival. Nous avons créé une page Facebook Notte Nere, toujours d’actualité, qui compte, aujourd’hui, plus de 2 000 amis. Nous espérons atteindre le nombre de 10 000. C’est important parce que ce nombre d’amis valorise tout le travail de l’équipe de Notte Nere et prouve l’engouement pour ce que nous faisons.
 
- Pourquoi avez-vous organisé un concours ?
- Il était très important pour nous que les jeunes s’approprient le festival et sa philosophie et que les internautes sélectionnent les groupes qu’ils souhaitaient voir se produire en avant-première. Une dizaine de jeunes groupes insulaires a participé à ce concours et déposé leur vidéo sur Internet en faisant des efforts sur la présentation, leur choix musicaux, la création... De nombreuses vidéos étaient issues de chansons créées par les groupes eux-mêmes. Certaines existaient déjà, d’autres ont été conçues spécialement pour la manifestation.
 
- Combien y a-t-il eu de votes sur Internet ?
- Il y a eu un engouement terrible. Près de 15 000 internautes ont voté, dont certains internautes d’Italie, des Etats-Unis…. C’était assez incroyable ! Le groupe Blue Tilt a terminé 3ème du concours et fait la première partie d’ACDC. Le groupe LGDB a fait la première partie du groupe ABBA. Les Blacks School 147, qui sont un groupe de collégiens de Saint -Florent, ont gagné le concours et fait la première partie du Tribute Queen devant 1 200 spectateurs.
 
- Quel bilan tirez-vous de ce festival ?
- Déjà, un bilan moral puisque nous avons réussi à faire participer la jeune scène insulaire. Ce qui va permettre de créer une émulation pour la prochaine édition de juin 2014. L’idée est de pérenniser la date de la première semaine de juin et de se positionner en amont de la saison estivale. Il est très important pour nous de créer des évènements hors de la période juillet-août. Ensuite, l’affluence sur trois jours, dont deux jours de semaine, a atteint, grosso modo, 2 200 personnes. C’est, pour nous, un succès. Nous escomptions du monde, mais nous avons été surpris de l’engouement des festivaliers, notamment envers la jeune scène insulaire qui a vraiment été à la hauteur. Nous avons semé pour l’avenir.
 
- Grâce aux réseaux sociaux, ce festival a-t-il eu un impact au-delà de la Corse ?
- Absolument ! A travers Facebook, nous avons noué des contacts un peu partout en Europe. Nous espérons, prochainement, tisser des liens avec des festivals du Nord de l’Europe. Nous sommes en contact avec les organisateurs du festival de Spa en Belgique et de Liverpool en Angleterre. Pourquoi pas créer des ponts culturels entre l’île et ses différents festivals qui se déroulent à d’autres périodes !
 
- Patrimoniu est un village qui tranche par le dynamisme de ses associations. Qu’est-ce qu’il s’y passe de particulier ?
- Ce qui se passe à Patrimoniu est unique ! C’est une région agricole où les gens n’ont pas peur de travailler. Des gens fédérateurs, issus d’une certaine génération, créent et organisent une émulation à partir d’une philosophie de vie et du travail. Nous espérons qu’à terme, cette philosophie intègrera toutes les associations et l’ensemble du village. La dynamique est en marche depuis quelques années avec le festival d’automne de la ruralité créé par Christian Andréani, membre de la Cunfraternita San Martino di Patrimoniu et avec l’associu culturelle, A Capella, créée par Jean-Baptiste Arena, également membre de A Cunfraternita, et d’autres, qui permet de perpétuer la tradition. Cette émulation a, comme vecteur commun, l’idée que nous nous faisons de la Corse de demain. Nous espérons que ce qui se réalise sur Patrimoniu, aujourd’hui, sera symbolique de cette Corse de demain.
Propos recueillis par Nicole MARI

 
Photos Jean louis Graziani - Versus Film