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CFC : Hyacinthe Vanni promet la transparence, l’équité et le dialogue social !


Nicole Mari le Mercredi 10 Février 2016 à 00:03

Le conseiller territorial du groupe Femu a Corsica, Hyacinthe Vanni, a été élu président des Chemins de fer de la Corse (CFC), mardi après-midi, lors du premier Conseil d’administration de la nouvelle mandature. Ce proche de Gilles Simeoni, président de l’Exécutif régional, est un fin connaisseur de la « maison ferrée » où il siège depuis sa création en 2011. Il fut, alors, à ce même poste, le candidat de l’opposition nationaliste et il avait fallu, au communiste Michel Stefani, batailler trois tours de scrutin pour l’emporter. Désormais seul en lice, il a été désigné, dès le premier tour, par dix voix pour contre sept blancs. Le conseiller territorial, président du groupe Corsica Libera, Petr’Anto Tomasi, a été élu vice-président. Hyacinthe Vanni livre, à Corse Net Infos, sa réaction à chaud et sa feuille route basée sur la transparence et l’équité. Son objectif est de faire du réseau ferré « un outil majeur du développement de la Corse ».



Hyacinthe Vanni, conseiller territorial du groupe Femu a Corsica à l'Assemblée de Corse et nouveau président des Chemins de fer de la Corse (CFC).
Hyacinthe Vanni, conseiller territorial du groupe Femu a Corsica à l'Assemblée de Corse et nouveau président des Chemins de fer de la Corse (CFC).
- Pourquoi, après avoir refusé d’intégrer l’Exécutif territorial, avez-vous accepté la présidence des CFC ?
- Je n’ai pas refusé d’intégrer l’Exécutif, j’ai juste la conviction qu’il faut occuper un poste là où on se sent le plus utile ! Et je pense que là, où, aujourd’hui, je suis le plus utile, c’est à l’Assemblée de Corse et aux Chemins de fer de la Corse. Je siège aux CFC depuis la création de la SAEM (Société anonyme d'économie mixte), il y a quatre ans. C’est une société que je connais bien. Je pense y avoir fait du bon travail. Je suis très heureux, aujourd’hui, et très fier d’en devenir le président et de poursuivre mes efforts pour mettre en ordre de marche cet outil majeur de développement de la Corse.
 
- Cet outil que vous connaissez bien, dans quel état est-il ?
- Il est dans un état satisfaisant. J’en profite pour saluer le travail qu’a réalisé mon prédécesseur, Michel Stefani, pendant sa présidence. Beaucoup a déjà été fait, il reste, bien entendu, encore beaucoup à faire. Les CFC ont, certes, connu des problèmes sociaux et des frictions avec les syndicats. Mais, l’important, aujourd’hui, est d’y appliquer la feuille de route mise en œuvre par le nouveau Conseil exécutif de la CTC (Collectivité territoriale de Corse).
 
- Quelle feuille de route ?
- La feuille de route que tout le monde connaît, qui a été portée pendant la campagne électorale et qui est, aujourd’hui, commune à tous les acteurs de la majorité territoriale, c’est-à-dire une nouvelle méthode de gouvernance basée sur la transparence, l’équité et le dialogue social. Ce seront les trois axes forts qui guideront mon action. J’y mettrai un point d’honneur !  Je vais m’y atteler immédiatement. Je vais, dans les prochains jours, rencontrer, individuellement, tous les personnels et les 270 cheminots. Chaque cheminot mérite d’être écouté. J’aurai un entretien individualisé avec chacun d’eux. Chacun pourra me dire ce qui va et ce qui ne va pas. J’y tiens beaucoup. Je convierai, régulièrement, les personnels pour des réunions. Je serai toujours disponible pour ceux qui voudront me parler. Ma porte sera toujours ouverte. Pour moi, c’est ça le dialogue social !
 
- Vous avez, en même temps, la réputation d’être très rigoureux. L’assumez-vous ?
- Oui ! La rigueur, je l’applique, d’abord, à moi-même ! Plutôt que de parler de rigueur, je préfère parler d’équité. Je suis très exigeant avec moi-même, je le serai avec mes collaborateurs, avec le directeur et les chefs de service. J’attends des résultats. Je suis là pour veiller à ce que le droit de tous les cheminots soit respecté, mais je suis là aussi pour veiller à ce qu’un vrai service public soit rendu aux usagers. Je serai intransigeant dans l’application de la feuille de route que m’a fixée le président du Conseil Exécutif.
 
- Faut-il, donc, s’attendre à de grands changements ?
- Il y aura une certaine continuité, mais aussi du changement. Une réorganisation s’impose. Certaines choses devront être corrigées et ajustées, certains comportements devront être améliorés. J’en parlerai, d’abord, avec les représentants des personnels et les chefs de services.
 
- Vous parlez d’équité. Dans quel domaine ?
- Notamment dans les recrutements. Nous allons instaurer des concours, des commissions de recrutement. Les ouvertures de postes ne seront pas réservées à un tel ou un tel. Tout le monde pourra postuler. Chacun aura sa chance. C’est, pour nous, Nationalistes, quelque chose de fondamental que nous allons partout mettre en place. Je m’inscris pleinement dans la politique qui est menée, aujourd’hui, par le président de l’Exécutif qui veut une maison de cristal. Tout doit être de cristal, les CFC, les agences et offices et tout ce que nous sommes amenés à gérer.
 
- Avez-vous, à l’instar des offices et agences, trouvé des dettes aux CFC ? Ferez-vous un audit ?
- Non ! Il n’y a pas de dette ! Je ne pense pas qu’il y ait besoin d’un audit. A priori, il n’y a pas eu de dérives financières, ni de mauvaise gestion. Au contraire ! Le budget de la SAEM est simple : environ cinq millions € par an de recettes propres et plus de 20 millions € par an de dotation de la CTC. Nous serons très vigilants, comme partout ailleurs, sur les dépenses de fonctionnement.
 
- Les CFC vivent sous perfusion territoriale. Comment y remédier ?
- Cinq millions d’euros de recettes, c’est peu, mais, à la fois, beaucoup, si on se réfère au niveau de départ. Il n’y a pas si longtemps, les recettes n’étaient que de trois millions €, elles progressent. Chaque recette supplémentaire induit une baisse proportionnelle de la dotation territoriale. C’est sûr que, par les temps qui courent, moins la participation de la CTC est importante, plus c’est bénéfique pour elle ! Il est, cependant, impossible d’arriver, en l’état actuel des choses, à un équilibre, mais ce n’est pas ce que l’on recherche aujourd’hui. La Corse mérite un vrai service public. Notre objectif est d’optimiser cet outil pour le rendre le plus performant possible et fournir un service public de qualité. En même temps, je vais m’employer à augmenter les recettes.
 
- De quelle manière ?
- Pour trouver des recettes complémentaires, il faut développer des secteurs comme le fret qui, aujourd’hui, est au niveau zéro. Ce n’est pas quelque chose de facile à faire vu que l’on part de rien ! Le manque de matériel adapté est un handicap. Nous venons juste de recevoir des locotracteurs qui ont été achetés sous la précédente mandature. Malheureusement, ce n’est pas du tout ce que nous attendions. C’est du matériel d’occasion qui a plus de 40 ans d’âge. Il faudra faire un point précis pour savoir quelle sera son utilité et comment l’utiliser au mieux. Quoiqu’il en soit, nous avons la ferme intention d’augmenter le fret. Nous avons de grandes marges de manœuvre que ce soit au niveau des déchets ou des marchandises que l’on peut transporter à travers toute l’île.
 
- Transporter les déchets par train est-ce une option envisageable ?
- Oui ! Absolument ! Prenons l’exemple de la déchetterie de Tragone qui est située à côté de la gare, on peut très bien transporter le tri sélectif en provenance de Ponte-Leccia ou de Calvi vers cette déchetterie ultra-moderne par le train, et non plus par camion comme cela se fait aujourd’hui. De la même façon, on peut transporter des marchandises. Tout est à faire. Il faudra, ensuite, penser à ouvrir d’autres voies sur la Plaine Orientale, vers Folelli, dans un premier temps. L’étude a été lancée par la CTC sous la précédente mandature.
 
- La ligne jusqu’à Folelli, c’est un serpent de mer qu’on agite depuis des lustres. Que dit l’étude ?
- Elle ne nous a jamais été communiquée ! Maintenant que nous sommes aux affaires, nous allons pouvoir la consulter, voir si cette extension est viable et faire une étude d’impact. Le foncier ne posant pas de problèmes jusqu’à Folelli, pourquoi ne pourrait-on pas l’envisager rapidement ? Je suis persuadé que c’est l’avenir, c’est, à la fois, une source potentiellement importante de recettes et un moyen de faire progresser le réseau ferré. Il faut aussi engager une réflexion globale, réfléchir à l’harmonisation des horaires pour mieux les adapter aux besoins des gens qui travaillent et des étudiants qui vont à la fac à Corte. Egalement, réduire les temps entre Bastia et Ajaccio pour que le train devienne plus attractif, ce qui, sur ce trajet, n’est pas vraiment le cas aujourd’hui !
 
- Par quels moyens comptez-vous réduire le temps ?
- Grâce à la mise en place des CCVU, commandes centralisées de voie unique. Ce système automatisé accroît, avant tout, la sécurité car il peut rattraper une erreur humaine. En permettant aux trains de se croiser, il augmente, aussi, le confort, les fréquences, et réduit, de fait, les temps de trajet, ne serait-ce qu’au niveau de l’attente. Un exemple concret : entre Ile Rousse et Ponte-Leccia, la distance est de 50 kilomètres. Les trains ne peuvent pas se croiser, il faut attendre qu'un train arrive à Ponte-Leccia ou à Ile Rousse pour en envoyer un autre. Avec les CCVU, les trains pourront se croiser à Palasca, ce qui va augmenter les fréquences et éviter les attentes et les temps de parcours longs. Ce système est déjà en place entre Bastia et Casamozza. Notre objectif est de le généraliser à tout le réseau ferré. C’est un investissement très lourd, éligible au PEI (Plan exceptionnel d’investissements). La CTC va, d’ici à la fin de l’année, lancer un appel d’offres pour le mettre en œuvre progressivement.
 
- Un des grands projets de Gilles Simeoni, maire de Bastia, était la mise en place d’une intermodalité voiture-train. Est-ce encore à l’ordre jour ?
- Tout à fait ! Cela fait partie de la feuille de route que nous a fixée le président du Conseil Exécutif. Il y a un gros travail à faire au niveau de l’intermodalité et des gares multimodales notamment dans le péri-urbain. Ce sont des projets de moyen terme sur lesquels nous allons lancer des études, mais que nous comptons porter le plus rapidement possible. Le train doit permettre, à la fois, de désengorger les centres villes, notamment ceux de Bastia, Ajaccio et Calvi, et de désenclaver le centre de l’île avec de plus grandes fréquences entre Corte et Bastia, Corte et Ajaccio. De plus en plus de gens habitent dans le rural, dans des villages, et ont besoin d’être acheminés en ville pour y travailler. Le train doit servir de transport en commun.
 
- Est-ce un nouveau tournant pour les Chemins de fer ?
- Je l’espère ! Nous avons pris l’engagement solennel de travailler au service de l’intérêt collectif de la Corse et du peuple corse, mais on ne pourra pas construire un pays moderne et prospère sans mettre en place de véritables outils structurants. Les chemins de fer sont un outil essentiel, non seulement pour offrir aux Corses le service public qu’ils méritent, mais pour aménager l’ensemble du territoire et lutter contre la désertification de l’intérieur. En ce sens, oui, c’est un tournant, une nouvelle voie qui s’ouvre.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.