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Bianca Fazi : "Je me suis engagée pour que la vocation du foyer Notre Dame reste sociale"


C.-V. M le Lundi 3 Juin 2019 à 17:43

Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge des affaires sociales et de la santé, fait le point sur le dossier du foyer Notre Dame d'Ajaccio. Elle rappelle que la destination du foyer fermé depuis des années, ne peut s’envisager dans un temps aussi court. Et qu'elle s'est engagée auprès du docteur François Pernin pour que "que la vocation du lieu reste sociale, et qu’il n’est pas prévu d’y installer des services administratifs contrairement aux idées qui circulent et que la rumeur entretient."



Bianca Fazi : "Je me suis engagée pour que la vocation du foyer Notre Dame reste sociale"
- Pourquoi cette soudaine agitation autour du foyer Notre Dame ?
- La collectivité de Corse a été interpellée, ces derniers jours concernant le devenir du bâtiment qui accueillait le foyer « Notre Dame » et dont elle est propriétaire.
Auparavant plusieurs associations nous avaient sollicités pour faire part de leur volonté de voir le foyer « Notre Dame » redevenir un lieu d’accueil et d’hébergement.
Nous les avons reçues, nous avons échangé et ce dialogue avec elles, doit se poursuivre, de façon sereine et sans dogmatisme.
Je veux dire ici, que ce sujet, important, n’a pas, à mon sens, à se déporter vers les réseaux sociaux. Même si ce bâtiment emblématique, cher au cœur des ajacciens, suscite des réactions, pour partie émotionnelles, le projet qui sera proposé comporte des aspects techniques, financiers, d’analyse des besoins qui ne peuvent s’appréhender à court terme.

 

- Comment en est-on arrivé là ?
- Tout d’abord, je souhaite rappeler que le foyer « Notre Dame », propriété de l’ex Conseil départemental de la Corse-du-Sud, est un bâtiment désaffecté depuis 2010, soit près de 10 ans, sans qu’aucun projet n’ait pu aboutir, à l’époque de l’ex-département. Ce bâtiment a ensuite fait l’objet d’un bail emphytéotique consenti à la mairie d’Ajaccio fin 2017 (délibération du 21 décembre 2017).
Ainsi au 1er janvier 2018, la nouvelle Collectivité de Corse n’en avait pas la jouissance pleine et entière et ne disposait que du rez-de-chaussée. La mairie d’Ajaccio et la CAPA souhaitaient, en 2018, y installer les bureaux du Centre Intercommunal d’Action Sociale. Ce projet n’a pas pu aboutir en raison du partage des locaux prévu par le bail entre la Collectivité et la ville. Ce n’est qu’en avril 2019 que la Collectivité de Corse s’est retrouvée gestionnaire du foyer « Notre Dame ».  Il y a donc à peine 3 mois.


- Que comptez-vous y faire ?
- La question de la destination du foyer « Notre Dame », fermé, je le rappelle, depuis des années, ne peut s’envisager dans un temps aussi court.
Les premières visites des services techniques ont révélé la nécessité de travaux importants, notamment de remise aux normes. Je me suis moi-même rendue sur place et effectivement, j’ai constaté les dégradations notamment dans les étages. Ce bâtiment n’est actuellement pas classé « établissement recevant du public » (ERP) et nous étudions actuellement les conditions d’homologation du rez-de-chaussée comme des étages.
Des travaux sont également à prévoir et des expertises à mener.

 

- Quel est le projet de la CdC ?
- En parallèle, la Collectivité de Corse réfléchit à la destination de ce lieu. Le dialogue avec les associations participe à cette réflexion.
Ce que je peux, d’ores et déjà, vous dire, et le Docteur Pernin le sait, je me suis engagée auprès de lui, c’est que la vocation du lieu reste sociale, et qu’il n’est pas prévu d’y installer des services administratifs contrairement aux idées qui circulent et que la rumeur entretient.

J’en viens à nos réflexions.
La Collectivité de Corse a hérité des anciens départements une compétence importante, majeure même, celle de la protection de l’enfance.
Ainsi, les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE), et je salue ici le travail des services et des personnels impliqués au quotidien, prennent en charge environ un millier de mineurs et leurs familles, ainsi que de jeunes majeurs en difficulté.

Le travail des éducateurs, des chargés de prévention, de la cellule de recueil des informations préoccupantes, de l’observatoire… est remarquable.

Je parle ici d’actions éducatives, de prévention, de visites médiatisées, de conditions d’accueil des enfants, qui méritent d’être profondément améliorées.
Une partie des services de l’ASE est déjà installée dans les locaux du foyer « Notre Dame » depuis fin 2017 : la prévention spécialisée et les mesures éducatives.
L’idée est de créer un véritable pôle autour du soutien à l’enfance en danger, à la parentalité, à la prise en charge des femmes enceintes et des mères isolées.
Le foyer « Notre Dame » retrouverait sa vocation de lieu de protection des plus faibles autour d’un projet cohérent et d’une compétence propre que la Collectivité de Corse porte trop souvent seule, mais nous en reparlerons.

 

- Les perspectives d'avenir du foyer ?
- Ce projet doit encore s’affiner et la question de la création d’un foyer mère-enfant est à l’étude. La Corse ne dispose pas à ce jour de centre maternel infantile alors que le besoin existe et a été identifié dès 2010 par le Docteur Louiset.

L’idée était, à l’époque, d’apporter un soutien matériel et psychologique aux femmes enceintes et mères isolées de jeunes enfants, sans domicile. Le besoin doit encore être identifié, et des diagnostics seront lancés, mais l’idée d’installer en une même unité de lieu, un véritable centre de ressources autour de l’enfance en danger nous tient à cœur.

Ce projet, je crois, n’a pas à être opposé, à celui porté par la coordination inter associative de lutte contre les exclusions (CLE).

Il participe de la même volonté d’apporter des solutions aux situations de détresse et de précarité.

Je suis certaine qu’il n’y aura pas de polémiques à ce sujet.

 

- Et l'hébergement d’urgence ?
- Je précise enfin, que sur la question de l’hébergement d’urgence, la réponse aux sans-abris et aux situations des femmes victimes de violence, la Collectivité de Corse agit au quotidien dans ce domaine, alors même qu’il ne s’agit pas d’une compétence propre. Ce sont les engagements du Conseil exécutif et du plan de lutte contre la précarité et la pauvreté voté en 2017.
Ainsi, comme cela a été exposé aux représentants de la CLE, il y a une quinzaine de jours, le Conseil exécutif examinera dès ce 4 juin, un rapport proposant de sanctuariser six logements (du T2 au T5) aux Padules, appartenant à la Collectivité de Corse, pour un projet d’accueil des femmes victimes de violence sur Aiacciu.

 

- En conclusion ?
- En conclusion, et vous l’aurez compris, la Collectivité de Corse est plus que jamais présente sur le champ de la lutte contre la précarité et les exclusions. Le travail que le Conseil exécutif mène depuis plusieurs mois aboutit sur des projets concrets. Nous travaillons avec les associations. Les services sociaux de la Collectivité de Corse sont présents sur le terrain et mesurent au quotidien les besoins. Le projet du foyer « Notre Dame », comme celui des Padule témoignent de cet engagement.