Ce mercredi matin, quelques membres du syndicat de la police nationale Un1té se sont rassemblés devant le palais de justice de Bastia. L'objectif : distribuer des tracts et sensibiliser les citoyens à la « crise profonde » que traverse actuellement la filière de l’investigation, au sein de la police nationale. « On est présents pour sensibiliser l'opinion publique sur la problématique de l'investigation », explique Jean-Louis Vadella, secrétaire régional du syndicat. « On a une crise profonde de l'investigation qui se traduit par un manque important d'enquêteurs dans la filière. C'est la population, le service public, qui ressent les conséquences, et notamment l’aide qu’on peut apporter aux victimes. »
La situation dénoncée ce mercredi s’inscrit dans une mobilisation nationale initiée par le syndicat Un1té, et relayée localement en Corse. Selon ses représentants, les services d’enquête sont à bout, confrontés à une pénurie de personnels, des outils inadaptés et une charge de travail croissante. « On a une procédure qui, au lieu de se simplifier, s'est complexifiée au fil du temps. On utilise un logiciel de rédaction de procédures qui est chronophage, qui nous fait perdre énormément de temps », déplore Jean-Louis Vadella. Mais au-delà des moyens techniques, c’est la question des effectifs qui concentre l’inquiétude. D’après le syndicat, les vocations pour l’investigation se font de plus en plus rares, et même les policiers en poste cherchent à quitter ce secteur. « Il y a une vraie crise de vocation. L'investigation n'attire plus les jeunes collègues. Même ceux déjà en place veulent partir tellement ils croulent sous les dossiers. »
En Corse, la situation ne semble guère plus favorable. Selon Jean-Louis Vadella, les services locaux sont eux aussi confrontés à une accumulation de missions, sans les renforts nécessaires pour y répondre efficacement. À Bastia comme à Ajaccio, les policiers judiciaires doivent faire face à une double réalité : la délinquance du quotidien (violences intrafamiliales, cambriolages, dégradations, agressions…) et la criminalité organisée, toujours très active sur l’île. « La Corse n'est pas épargnée par le manque d'enquêteurs, bien au contraire, surtout avec le volet anti criminalité dont on parle souvent, qui est un sujet d'actualité important. » À Bastia, environ 80 enquêteurs sont aujourd’hui en poste. Un chiffre jugé largement en dessous des besoins par le syndicat. « Aujourd'hui, tout devient urgent : on a toujours des sujets d'actualité comme les violences intrafamiliales, les signalements dans les écoles sur le harcèlement scolaire, sauf que les collègues ne sont pas assez nombreux pour les traiter. On a une filière qui est en grande difficulté. »
Une filière à relancer
Face à une filière en souffrance, les représentants du syndicat Un1té estiment que des mesures urgentes doivent être prises. Pour répondre aux besoins les plus immédiats, ils réclament une vingtaine d’enquêteurs supplémentaires à Bastia et autant à Ajaccio, à répartir entre les différents services judiciaires. « Là, on pourrait répondre un peu plus efficacement aux besoins de la population », affirme Jean-Louis Vadella. Un renfort nécessaire pour alléger la pression sur les équipes existantes, mais aussi pour améliorer le traitement des affaires urgentes. Le syndicat plaide notamment pour la création d’un groupe de flagrant délit, capable d’intervenir rapidement sur les infractions du quotidien. « Faute de moyens, faute d'enquêteurs, on n'y parvient pas. »
Au-delà des moyens humains, les représentants syndicaux réclament une meilleure reconnaissance de la filière judiciaire, jugée essentielle mais trop souvent oubliée. « On réclame aussi une prime d'investigation pour les officiers de police judiciaire et les agents de police judiciaire. On a aussi la BRI qui était en attente de reconnaissance, on était tous en attente d'un fameux plan d'investigation qui était censé être annoncé par le ministre démissionnaire. Il a joué la montre et au fil du temps, il ne s'est rien passé alors que lui-même avait annoncé qu'il ferait des annonces qui donneraient les moyens à la filière judiciaire de fonctionner et retrouver l'attractivité de la filière », déplore-t-il.
Pour les représentants du syndicat Un1té, cette mobilisation ne constitue qu’un premier signal d’alerte. Le mouvement pourrait s’intensifier si aucune réponse n’est apportée dans les semaines à venir. « Aujourd’hui, on a simplement distribué des flyers, sans appel à rassemblement, mais ce n’est probablement pas la dernière action », prévient Jean-Louis Vadella. « On est au début d’un mouvement qui, si rien ne change, devra monter en puissance, y compris au niveau national. C'est impossible de rester dans cette situation, les collègues ne peuvent plus travailler dans ces conditions et il en va de la qualité du service public et des services qu'on peut rendre à la population. »
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