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Bastia : la fin des terrasses chauffées dès ce 1er avril passe mal


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 1 Avril 2022 à 16:47

Dès ce 1er avril, les chauffages sont interdits sur les terrasses des établissements de type bars, restaurants, et brasseries dans le cadre de la loi climat de 2021. Une nouvelle interdiction peu appréciée par les professionnels du secteur même si une période de pédagogie et de tolérance sera observée jusqu’à l’hiver prochain.



Les chauffages électriques seront également interdits sur les terrasses. Photo d'archive prise avant le 1er avril 2022 : Pierre-Manuel Pescetti
Les chauffages électriques seront également interdits sur les terrasses. Photo d'archive prise avant le 1er avril 2022 : Pierre-Manuel Pescetti
Profiter d’un repas ou d’un café en terrasse tout en se protégeant du froid grâce à un système de chauffage ? Cela n' est plus possible dans les cafés, restaurants et les brasseries dès ce 1er avril 2022. Toute utilisation d’un système de chauffage et de climatisation est désormais interdite sur les terrasses extérieures de ces établissements car jugés trop polluants.

Si, comme le prévoyait la loi climat du 22 août 2021, l’interdiction devait entrer en vigueur dès la fin 2021, elle avait été repoussée à ce 1er avril par les députés pour ne pas fragiliser des établissements déjà fortement impactés par la crise sanitaire et les fermetures successives.

Climat contre chiffre d’affaires

Dans le centre-ville bastiais, la restriction est moyennement appréciée par les professionnels concernés. « Si on enlève le chauffage, on perd tout une terrasse, soit plus de 40 couverts répartis sur deux services », s’inquiète Edith en dressant les dernières tables du restaurant qui l’emploie dans le centre ancien. Une terrasse en moins et autant de chiffre d’affaires de perdu. « Elle représente la moitié de notre capacité d’accueil, ce n’est pas rien », ajoute-t-elle.

Au moment de l’examen de la loi climat en 2021, le gouvernement avançait que cette mesure nationale permettra de réduire chaque année les émissions de CO2 de près d’un demi-million de tonnes. Elle pourrait également occasionner une perte de 30 % du chiffre d’affaires des professionnels disposant d’une terrasse.  

Jusqu’à 3 000 euros d’amende

À partir de ce 1er avril, l’utilisation, et non la présence de ces systèmes de chauffage est prohibée et l’infraction peut être relevée par la police municipale, les gardes champêtres et toutes les autorités qui ont un pouvoir de police. Les contrevenants risquent une amende de 1 500 euros maximum, deux fois plus en cas de récidive.

Pas de sanctions dans un premier temps

« Je ne vais pas laisser mes clients dans le froid », peste Edith. Placés entre les tables, ses systèmes de chauffage au gaz sont encore éteints. Pas pour longtemps. La jeune femme pourra toutefois profiter de la tolérance des autorités. Le ministère de la Transition écologique a précisé que dans un premier temps, la pédagogie sera privilégiée et qu’aucun procès-verbal ne sera dressé. Au moins jusqu’à l’hiver prochain.

La politique, la culture et le sport exemptés

Quelques exceptions à cette interdiction existent. Le gouvernement les précise dans un décret paru jeudi 31 mars au Journal Officiel. Ils seront toujours autorisés dans « les lieux couverts, étanches à l'air et fermés par des parois latérales rigides, ainsi que dans une installation mobile, couverte et fermée accueillant des activités foraines ou circassiennes ou accueillant des manifestations culturelles, sportives ou politiques ».

Trouver refuge à l’intérieur

Sur la place Saint-Nicolas, les terrasses font grise mine. Tout comme le ciel nuageux de ce 1er avril. Sur certaines, les chauffages « champignons » sont rassemblés, éteints, en un seul et même endroit. D’autres ont préféré ne pas dresser leurs tables extérieures. « Il fait trop mauvais et nous allons privilégier l’intérieur et notre centaine de couverts. Certains n’ont pas cette chance », soupire une cheffe de salle en jetant un regard de chaque côté du boulevard du Général de Gaulle, plus communément appelé « allée des bars » par les bastiais.

Côté clientèle, cette nouvelle interdiction va peser sur leurs choix. « Forcément, je vais dans certains établissements pour leur terrasse. Si elle n’est plus chauffée j’irai en intérieur mais pas obligatoirement dans le même restaurant ou le même bar », explique une cliente de passage. Les terrasses sont aussi le refuge des fumeurs depuis la loi de 2008 leur interdisant de fumer dans les lieux publics.

Si les beaux jours devraient être de retour en Corse dès mardi 5 ou mercredi 6 avril, après la vague de froid de cette fin de semaine, l’hiver prochain, les professionnels du secteur devront sortir les couvertures de laine ou investir dans des terrasses étanches pour choyer leur clientèle.