C’est « une unité de soins » destinée à « accueillir la parole de la violence subie » : la Maison des Femmes. Ouverte à Bastia depuis le mois de juillet, elle accueille les femmes victimes de toutes formes de violences, qu’elles soient verbales, physiques, sexuelles, économiques ou encore psychologiques. Si la plupart arrivent après un dépôt de plainte et un passage par l’unité médico-judiciaire avec une consultation auprès d’un médecin légiste, l’objectif de la structure est d’accueillir « toutes les femmes victimes de violences passées, actuelles, et qui ne sont pas forcément en capacité de déposer plainte ».
« Le dépôt de plainte engendre beaucoup de choses, si on doit quitter le domicile, si on a des enfants... On souhaite, bien sûr, que toutes ces violences soient dénoncées, mais on sait très bien que certaines femmes ne pourront pas : nos systèmes sont encore fragiles, que ce soit dans la justice ou pour trouver des hébergements. C'est pour ça qu’on souhaite les accueillir, et en toute confidentialité. On est une unité hospitalière, mais on n'est pas au sein de l'hôpital », explique Sophie Guillaume, sage-femme et coordinatrice de la Maison des Femmes de Bastia. Depuis son ouverture, 51 femmes ont déjà été accompagnées au sein de cette structure située avenue Jean Zuccarelli.
Pour répondre à cette diversité de situations, la Maison des Femmes repose sur une équipe pluridisciplinaire : sage-femme, assistante sociale, psychologue, infirmière, et bientôt un psychiatre et un médecin généraliste. Une organisation qui permet une prise en charge globale, adaptée à l’impact des violences, bien au-delà du seul accompagnement social. « Une femme victime de violences a quatre années de moins de vie en bonne santé. Le stress accumulé durant toutes ces années peut induire des pathologies auto-immunes. C'est pour ça que c'est aussi important de pouvoir reprendre cette santé », explique la coordinatrice. Au sein de la Maison des Femmes, le premier rendez-vous est consacré à l’écoute, au recueil du besoin et des informations nécessaires. « On est toutes en capacité d’écouter, de recueillir la première parole », souligne Sophie Guillaume, qui précise que toute l’équipe a été formée au sein de la Maison des Femmes de Marseille.
Chaque situation fait ensuite l’objet d’un débriefing hebdomadaire au sein de l’équipe, qui élabore un parcours personnalisé. « On revoit nos dossiers toutes les semaines, on voit qui peut apporter un élément nouveau et collectivement, on propose un parcours adapté qu’on va ensuite suivre. Et bien évidemment, on travaille avec les médecins, par exemple le service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital, s'il y a des besoins que la sage-femme ne peut pas régler. Je pense que le maître mot, c'est vraiment une unité. » En parallèle, des structures comme l’association Corsavem, spécialisée dans l’aide aux victimes, est présente une fois par semaine dans les locaux « pour pouvoir apporter l'information nécessaire pour tout ce qui tourne autour de l'approche juridique ».
Des ateliers et des formations pour 2026
Au-delà de l’accompagnement actuel, la Maison des Femmes ambitionne d’élargir ses actions en 2026. Parmi les priorités : la mise en place d’ateliers destinés à restaurer l’estime de soi et à accompagner les femmes dans leur reconstruction. « Quand on est victime, on se sent souvent coupable de ce qui nous arrive. C'est pour ça qu'on ne parle pas. Il faut déconstruire tout ça et pouvoir leur redonner confiance, les valoriser dans leur intégrité physique et psychique de femme. Elles n’oublieront jamais, mais la psychologue travaille avec elles sur le traumatisme, et on travaille aussi avec le centre de ressources en psychotraumatisme de Nice, qui est référent dans la région. On est aussi en contact avec un atelier de théâtre et de yoga qui interviendront ici dès le début 2026. L’objectif, c'est qu'à l'issue de notre prise en charge, on voit des femmes qui se relèvent, qui avancent, et qui ne se sentent plus coupables. »
L’année 2026 sera aussi marquée par un renforcement du volet formation. Des interventions seront organisées auprès des étudiants en soins infirmiers, des élèves aides-soignants mais aussi des associations ou de toute structure souhaitant être formée. « Aujourd’hui, quand on sait poser les questions simplement, et qu'on est à l'aise avec ça, on a des réponses. En trois ans, on a vu le nombre de dossiers augmenter, mais je ne sais pas si c’est une augmentation des cas ou si on dépiste mieux. Dans tous les cas, on doit en parler, et on doit en parler avec des mots simples, et ne pas avoir peur d'en parler. Il n'est pas tolérable qu'on se fasse maltraiter, et on n'est pas coupable de la maltraitance qu'on subit. »
Maison des Femmes de Bastia : 15 avenue Jean Zuccarelli
Ouvert du lundi au vendredi, de 9h à 16h sur rendez-vous
Téléphone : 04.95.59.13.33
Mail : maisondesfemmes@ch-bastia.fr
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