
marche des fiertés juin 2025 à Bastia
Un peu plus de 200 personnes ont défilé ce mardi 21 juin à Bastia pour la troisième marche des fiertés organisée en Corse par l’association l’ARCU. Un défilé parti de la place d’Armes et qui s’est dirigé vers la place Saint-Nicolas en passant par le Vieux-Port de Bastia.
« On est Corse, on est LGBT et on est fier »
« Cette marche est un acte militant », martèle Léa Saby, membre de l’ARCU, devant les 200 personnes rassemblées sur la place d’Armes à Bastia. Quelques minutes avant le départ de cette troisième marche des fiertés organisée en Corse, elle rappelle aussi le mot d’ordre de la manifestation : « C’est la visibilité, pour montrer que les personnes LGBTQIA+ existent en Corse, qu’elles sont nombreuses et présentes. »
Un refus de la marginalisation soutenu par 18 organisations syndicales, politiques et associatives. Michel Stefani, chef de file du Parti communiste sur l’île, était présent, tout comme Charles Casabianca, leader de la CGT en Haute-Corse, ou encore la chanteuse Patrizia Poli, représentante de la Ligue des Droits de l’Homme.
Dans le cortège, surtout des anonymes, et une forte présence de la jeunesse, réunie autour d’un cri :«On est Corse, on est LGBT et on est fier ». Dans la foule, les témoignages se ressemblent : « Je suis ici pour soutenir les personnes, pour qu’elles se sentent représentées », glisse une jeune fille, bandera en main.
À quelques mètres de là, Camille explique : « J’assume appartenir à la communauté LGBT depuis l’âge de 15 ans. » Pour elle, cette marche est « importante pour montrer qu’on existe ». Camille précise qu’elle n’a jamais eu de soucis en raison de son orientation sexuelle. Mais la situation n’est pas la même pour tous les membres de la communauté LGBT insulaire.
« En Corse, on ne peut pas dire que la situation est normale, car il y a toujours des personnes qui se cachent. »
Pour Eva Lucchesi, membre de l’ARCU et l’une des organisatrices « la situation est un peu inquiétante. Beaucoup de personnes disent qu’elles n’ont jamais eu de problèmes. Mais ce sont des personnes bien implantées ou très discrètes. Quand on voit les agressions homophobes qu’il y a eu dans de nombreuses villes de Corse, on ne peut pas dire que la situation est normale. Beaucoup de personnes ne se tiennent pas la main dans la rue, ou ne s’embrassent pas. On ne peut pas dire que la situation est normale, car il y a toujours des personnes qui se cachent. » Une situation que l’ARCU explique notamment par l’insularité. « On n’arrive pas encore à accepter la différence. Nous avons peu de brassage. On apprend dès le plus jeune âge qu’il y a une normalité et qu’il ne faut pas sortir de ce cadre pour ne pas être rejeté. Et c’est pareil si l’on est gros ou racisé. Nous sommes stigmatisés. » Pour Aude, qui se définit comme pansexuelle : « Nous sommes encore très loin d’accepter cette société en Corse. Cette marche est essentielle pour dire que les LGBT ont le droit d’exister comme des gens normaux. »
Pour elle, ceux qui présentent les LGBTQIA+ comme une dérive de la société corse se trompent de combat, face aux nombreux maux qui rongent l’île au quotidien. Une petite musique qu’on retrouve dans les commentaires sur les réseaux sociaux, et qui reflète le sentiment de certains Corses. Un discours en ligne que rejette fermement Francesca Maria, 21 ans :
« On peut être Corse et être LGBT, chanter des chansons en corse. C’est tout à fait compatible. » La jeune militante va plus loin :« On dit de nous sur les réseaux sociaux que nous sommes “francisés”. Dans leur imaginaire, ils pensent que c’est une dérive, que ce n’est pas insulaire, alors que cela existe dans toutes les sociétés du monde depuis la nuit des temps. »
À quand le coming out d’une personnalité de premier plan en Corse ?
Si l’orientation sexuelle relève du domaine privé, certaines personnes occupent dans l’espace public des positions de leaders d’opinion : politiques, sportifs, artistes… En Corse, si une personnalité de premier plan faisait son coming out, cela changerait-il la vision que certains ont de la communauté LGBT ? La question reste ouverte, mais aussi complexe.
Eva Lucchesi, de l’ARCU, apporte sa contribution au débat : « Si ces personnes, en tant que célébrités, pouvaient dire ouvertement qu’elles sont LGBT, cela permettrait aux autres de s’ouvrir davantage. Les personnes qui ont un statut social plus élevé ne sont pas “atteignables”. Ces personnes-là pourraient lancer la visibilité, sans pour autant être des égéries de la cause. »
Une marche des fiertés en Corse pour alerter sur la situation en Europe et dans le monde
Par cette marche, la communauté LGBTQIA+ insulaire entendait alerter non seulement sur les problématiques locales, mais aussi dresser un état des lieux de la situation en Europe et dans le monde, et dénoncer la progression des idées réactionnaires et d’extrême droite. « Nous nous tenons au milieu du chemin des pouvoirs autoritaires », ont expliqué les organisateurs insulaires dans leur mot d’ordre, avant de dresser une liste non exhaustive d’inquiétudes : une décision transphobe de la justice britannique qui définit le genre par le sexe biologique, l’effacement de l’histoire des luttes sociales aux États-Unis, l’interdiction de la marche des fiertés par le Parlement hongrois. Les organisateurs s’inquiètent aussi du peu de condamnations concernant la diffamation ou encore, selon eux, de la tournure que prennent les réseaux sociaux.
Une marche des fiertés, mais des actions toute l’année en Corse
Les actions de l’ARCU ne se limitent pas à l’organisation annuelle de la marche des fiertés. Eva Lucchesi rappelle que l’association est active toute l’année, malgré un manque de moyens humains et financiers : « On a fait des choses concrètes, comme des événements conviviaux pour que les personnes LGBT+ se retrouvent. On est aussi à l’écoute de personnes qui ont besoin d’aide pour faire un coming out, ou qui subissent du harcèlement. Nous avons également été présents à des procès. »
À l’avenir, l’ARCU aimerait créer toujours plus d’événements pour accroître la visibilité de la communauté sur l’île.
« On est Corse, on est LGBT et on est fier »
« Cette marche est un acte militant », martèle Léa Saby, membre de l’ARCU, devant les 200 personnes rassemblées sur la place d’Armes à Bastia. Quelques minutes avant le départ de cette troisième marche des fiertés organisée en Corse, elle rappelle aussi le mot d’ordre de la manifestation : « C’est la visibilité, pour montrer que les personnes LGBTQIA+ existent en Corse, qu’elles sont nombreuses et présentes. »
Un refus de la marginalisation soutenu par 18 organisations syndicales, politiques et associatives. Michel Stefani, chef de file du Parti communiste sur l’île, était présent, tout comme Charles Casabianca, leader de la CGT en Haute-Corse, ou encore la chanteuse Patrizia Poli, représentante de la Ligue des Droits de l’Homme.
Dans le cortège, surtout des anonymes, et une forte présence de la jeunesse, réunie autour d’un cri :«On est Corse, on est LGBT et on est fier ». Dans la foule, les témoignages se ressemblent : « Je suis ici pour soutenir les personnes, pour qu’elles se sentent représentées », glisse une jeune fille, bandera en main.
À quelques mètres de là, Camille explique : « J’assume appartenir à la communauté LGBT depuis l’âge de 15 ans. » Pour elle, cette marche est « importante pour montrer qu’on existe ». Camille précise qu’elle n’a jamais eu de soucis en raison de son orientation sexuelle. Mais la situation n’est pas la même pour tous les membres de la communauté LGBT insulaire.
« En Corse, on ne peut pas dire que la situation est normale, car il y a toujours des personnes qui se cachent. »
Pour Eva Lucchesi, membre de l’ARCU et l’une des organisatrices « la situation est un peu inquiétante. Beaucoup de personnes disent qu’elles n’ont jamais eu de problèmes. Mais ce sont des personnes bien implantées ou très discrètes. Quand on voit les agressions homophobes qu’il y a eu dans de nombreuses villes de Corse, on ne peut pas dire que la situation est normale. Beaucoup de personnes ne se tiennent pas la main dans la rue, ou ne s’embrassent pas. On ne peut pas dire que la situation est normale, car il y a toujours des personnes qui se cachent. » Une situation que l’ARCU explique notamment par l’insularité. « On n’arrive pas encore à accepter la différence. Nous avons peu de brassage. On apprend dès le plus jeune âge qu’il y a une normalité et qu’il ne faut pas sortir de ce cadre pour ne pas être rejeté. Et c’est pareil si l’on est gros ou racisé. Nous sommes stigmatisés. » Pour Aude, qui se définit comme pansexuelle : « Nous sommes encore très loin d’accepter cette société en Corse. Cette marche est essentielle pour dire que les LGBT ont le droit d’exister comme des gens normaux. »
Pour elle, ceux qui présentent les LGBTQIA+ comme une dérive de la société corse se trompent de combat, face aux nombreux maux qui rongent l’île au quotidien. Une petite musique qu’on retrouve dans les commentaires sur les réseaux sociaux, et qui reflète le sentiment de certains Corses. Un discours en ligne que rejette fermement Francesca Maria, 21 ans :
« On peut être Corse et être LGBT, chanter des chansons en corse. C’est tout à fait compatible. » La jeune militante va plus loin :« On dit de nous sur les réseaux sociaux que nous sommes “francisés”. Dans leur imaginaire, ils pensent que c’est une dérive, que ce n’est pas insulaire, alors que cela existe dans toutes les sociétés du monde depuis la nuit des temps. »
À quand le coming out d’une personnalité de premier plan en Corse ?
Si l’orientation sexuelle relève du domaine privé, certaines personnes occupent dans l’espace public des positions de leaders d’opinion : politiques, sportifs, artistes… En Corse, si une personnalité de premier plan faisait son coming out, cela changerait-il la vision que certains ont de la communauté LGBT ? La question reste ouverte, mais aussi complexe.
Eva Lucchesi, de l’ARCU, apporte sa contribution au débat : « Si ces personnes, en tant que célébrités, pouvaient dire ouvertement qu’elles sont LGBT, cela permettrait aux autres de s’ouvrir davantage. Les personnes qui ont un statut social plus élevé ne sont pas “atteignables”. Ces personnes-là pourraient lancer la visibilité, sans pour autant être des égéries de la cause. »
Une marche des fiertés en Corse pour alerter sur la situation en Europe et dans le monde
Par cette marche, la communauté LGBTQIA+ insulaire entendait alerter non seulement sur les problématiques locales, mais aussi dresser un état des lieux de la situation en Europe et dans le monde, et dénoncer la progression des idées réactionnaires et d’extrême droite. « Nous nous tenons au milieu du chemin des pouvoirs autoritaires », ont expliqué les organisateurs insulaires dans leur mot d’ordre, avant de dresser une liste non exhaustive d’inquiétudes : une décision transphobe de la justice britannique qui définit le genre par le sexe biologique, l’effacement de l’histoire des luttes sociales aux États-Unis, l’interdiction de la marche des fiertés par le Parlement hongrois. Les organisateurs s’inquiètent aussi du peu de condamnations concernant la diffamation ou encore, selon eux, de la tournure que prennent les réseaux sociaux.
Une marche des fiertés, mais des actions toute l’année en Corse
Les actions de l’ARCU ne se limitent pas à l’organisation annuelle de la marche des fiertés. Eva Lucchesi rappelle que l’association est active toute l’année, malgré un manque de moyens humains et financiers : « On a fait des choses concrètes, comme des événements conviviaux pour que les personnes LGBT+ se retrouvent. On est aussi à l’écoute de personnes qui ont besoin d’aide pour faire un coming out, ou qui subissent du harcèlement. Nous avons également été présents à des procès. »
À l’avenir, l’ARCU aimerait créer toujours plus d’événements pour accroître la visibilité de la communauté sur l’île.