Créer un institut de beauté itinérant. C’est le pari que s’est lancé Élisa Bartolozzi en lançant son “beauty truck” au mois de décembre, un camion qui sillonne les routes de Haute-Corse pour aller à la rencontre de clientes isolées dans les villages. Un nouveau défi à relever pour la jeune femme de 25 ans, qui a commencé l’esthétique il y a seulement un an. Après un bac ST2S (sciences et technologies de la santé et du social), elle devient agente de service hospitalier dans un EHPAD et une clinique. Elle obtient ensuite un diplôme d’aide-soignante, et travaille, pendant deux ans, au sein du service oncologie d’une clinique.
L’année dernière, elle décide de tout quitter pour devenir esthéticienne. “Je pense que je n’avais pas le mental pour être aide-soignante”, confie-t-elle. “J’avais cette envie, ce besoin d’aider les gens, mais j’avais du mal à travailler aux côtés de personnes qui souffrent. J’ai travaillé dans différentes structures, et j’ai fini par comprendre que ce métier n’était pas fait pour moi.” Elle s’inscrit alors au CFA de Bastia, afin de préparer un CAP esthétique. Un monde qui l’a toujours intéressée. “À l’époque, je maquillais déjà mes amies, et je mettais du vernis sur les ongles de ma mère. Je me suis dit que devenir esthéticienne me permettrait de prendre soin des gens autrement.”
Après un stage en entreprise de cinq mois, elle se désinscrit du CFA après des difficultés personnelles, et décide de passer son diplôme en candidat libre. “Je l’ai obtenu au mois de juillet, avec mention”, lance-t-elle avec un sourire. Avec fierté, elle précise que ce métier lui a permis de se reprendre en main. “J’ai connu une période où je ne prenais plus soin de moi. Ce métier m’oblige à être coquette, à me maquiller, donc il m’a beaucoup aidée. Grâce à ça, j’ai aussi appris d’autres techniques de maquillage, que j’applique aujourd’hui.”
Le “beauty truck”, un camion tout équipé
Dès l’obtention de son CAP esthétique, elle sait qu’elle ne souhaite pas travailler dans un institut. “J’ai toujours voulu monter une société”, explique-t-elle. “Je voulais avoir mon propre projet, en me différenciant des autres.” L’idée d’un “beauty truck” germe alors dans son esprit. “Je n’ai pas d’enfants et j’habitais chez ma mère, donc je n’avais aucune pression financière. Je me suis dit que c’était maintenant ou jamais. J’avais également ce besoin de m’accrocher à quelque chose, et tout est allé très vite.”
Le jour de ses 25 ans, elle prend contact avec la BGE et la CAPI pour monter son projet, et débute ses recherches pour trouver un camion. Coup du sort : un seul est disponible sur Internet, déjà équipé. “Je me suis dit que c’était le destin”, lâche-t-elle. Élisa Bartolozzi prend contact avec le vendeur, et récupère le camion à Marseille au mois de novembre. “Le fait qu’il soit déjà aménagé m’a beaucoup aidée. J’ai simplement ajouté quelques décorations, et j’ai pu le mettre en service dès le mois de décembre.”
Aller à la rencontre des personnes isolées
Aujourd’hui, Élisa Bartolozzi se déplace aux quatre coins de la Haute-Corse pour aller à la rencontre de ses clientes. “Je vais un peu partout, que ce soit en Castagniccia, en Centre Corse ou encore dans le Nebbiu.” Même si les débuts ont parfois été difficiles, avec peu de rendez-vous, elle a aujourd’hui des clientes fidèles, avec qui elle crée du lien. “On discute autour d’un thé ou d’un café, elles me parlent de leurs problèmes… C’est beaucoup plus que de l’esthétique.” Son prochain objectif : diversifier ses trajets pour travailler dans plus de communes.
En parallèle, Élisa Bartolozzi est ambassadrice d’une marque de maquillage, et propose dorénavant des enterrements de vies de jeunes filles avec une journée de soins pour la future mariée et ses amies. Deux fois par mois, elle retrouve une partie de son ancienne vie, en allant à la rencontre des patients atteints d’un cancer, afin de leur proposer des soins comme des massages ou une pose de vernis. “Ça me fait plaisir d’avoir gardé ce contact avec les personnes qui luttent contre le cancer. Je peux m’occuper d’elles différemment, pour autant de temps qu’elles le souhaitent.”