Corse Net Infos - Pure player corse

Avant le débat de Cuzzà, auquel il ne participera pas, Gilles Simeoni appelle "à la mobilisation pacifique"


le Lundi 1 Avril 2019 à 09:32

"La venue du Président Emmanuel Macron en Corse s'inscrit dans un climat tendu. Certes du fait de facteurs d'ordre général liés à la crise économique, sociale et désormais politique ouverte dans l'ensemble du pays par le mouvement des "Gilets jaunes" et ses suites. Mais aussi pour des raisons spécifiques à l'île" explique dans un communiqué Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse qui avant le débat du 4 Avril à Cuzzà appelle " à la mobilisation pacifique, à un réel dialogue et à la construction d'une solution politique"



Avant le débat de Cuzzà, auquel il ne participera pas, Gilles Simeoni appelle "à la mobilisation pacifique"
"Au plan économique et social, la Corse reste le territoire métropolitain le plus pauvre et le plus frappé par les inégalités, entre les citoyens et entre les territoires. Et au plan politique, le dialogue entre la majorité territoriale et l'Etat est au point mort, tandis que la dimension historique et politique de la question corse est totalement occultée. Cette situation de crise économique et sociale structurelle et de blocage politique ne peut conduire qu'à la résurgence de la logique de conflit, et donc à une impasse, aussi bien pour la Corse que pour l'Etat. 
Il est de notre devoir commun, en Corse comme à Paris, de rompre cette spirale funeste, d'ouvrir enfin un réel dialogue, et de construire une perspective politique qui soit acceptable pour toutes les parties.



La rencontre prévue le 4 avril à Cuzzà aurait dû être conçue comme un premier pas en ce sens. En son format actuel, elle sera une nouvelle occasion manquée. Par sa forme : certains élus, par exemple les Présidents de groupe à l'Assemblée de Corse, ne sont pas invités ; d'autres le sont mais n'auront pas droit à la parole, comme les députés ; enfin, les maires, à qui ce débat est réservé, ne sont pas certains que les intervenants pourront reprendre la parole après les réponses du Président de la République. Et par son fond, puisqu'il a été dit que les problématiques propres à la  Corse ne seraient pas nécessairement abordées, et qu'il n'y avait en toute hypothèse pas de réponses concrètes à attendre à ce stade.
Le format prévu pour la rencontre du 4 avril risque de générer, immédiatement et ultérieurement, bien plus de frustration que de satisfaction, y compris chez les maires qui feront le choix de s'y rendre.
Je ne participerai donc pas en l'état au débat de Cuzzà.



Pour autant, je considère, avec l'ensemble de la majorité territoriale, que tout doit être tenté pour que la venue du Chef de l'Etat dans l'île marque l'ouverture d'un nouveau cycle dans les relations entre la Corse et l'État.
À cette fin, nous réaffirmons d’abord publiquement que la majorité territoriale reste disponible pour le dialogue.
Nous redisons ensuite, avec la même force, que le fait démocratique, tel qu'il s'est exprimé en décembre 2017, doit être pris en compte. C'est le sens de la mobilisation populaire, pacifique et responsable, à laquelle appellent les trois mouvements appartenant à la majorité territoriale "Pè a Corsica". Cette opération "Isula Morta", prévue le 4 avril le temps du débat, est un acte de protestation symbolique qui doit témoigner massivement de notre refus de la situation actuelle. Elle a vocation à se dérouler de façon sereine, dans le respect de la diversité des opinions, et en adaptant ses modalités à chaque secteur d'activité pour ne pas pénaliser les insulaires. Une large concertation doit à cette fin s'instaurer avec les institutions consulaires, les syndicats et l'ensemble des forces vives désireuses de s'impliquer dans cette action.



Enfin nous devons travailler à ce que la Corse parle, chaque fois que possible, d'une même voix. Cela vient d'être fait dans le domaine économique et social, avec la Conférence sociale, et la résolution sur les produits de consommation courante et sur la fiscalité du carburant votée à l'unanimité. C'est réalisable aussi dans le domaine politique et institutionnel : notre proposition d’un article de la Constitution sur la Corse réellement opérationnel, le statut fiscal et social, la concrétisation du statut d'île- montagne dans les domaines de l'éducation ou de la présence des services publics, la langue corse, le rapprochement de tous les prisonniers sans exception ou la non- assimilation entre justiciables corses et terroristes islamistes, la nécessité de soutenir à travers la future PAC l' agriculture de production, la lutte contre la spéculation et pour la protection du patrimoine foncier et immobilier, les déchets et l’économie circulaire, la prise en compte de l’insularité dans les politiques de l’Union européenne font ou peuvent faire l'objet de prises de positions convergentes entre de nombreux élus territoriaux, communaux et intercommunaux. Nous devons, en amont même de la réunion de Cuzzà, harmoniser les positions entre la Collectivité de Corse et les maires et élus intercommunaux qui se reconnaissent dans cette dynamique, et définir de  concert les meilleurs moyens de la faire prendre en compte. Des contacts seront établis en ce sens dès aujourd’hui.


Ainsi, en se mobilisant fortement et pacifiquement, en amont du 4 avril, la Corse enverra à nouveau à Paris un message qui est à la fois celui de la détermination, de la cohésion et de la volonté de dialogue. Je forme le vœu que ce message soit entendu."