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Assassinat d'Yvan Colonna: le procureur antiterroriste justifie le non-placement en QER de l'agresseur


CNI avec AFP le Mercredi 1 Février 2023 à 21:00

Le transfert en quartier d'évaluation de la radicalisation (QER) en 2019 du détenu poursuivi pour avoir tué Yvan Colonna en 2022 était "inutile" puisque sa "dangerosité" était "avérée", a justifié ce mercredi 1er février le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard.



Photo illustration. Michel Luccioni
Photo illustration. Michel Luccioni
Le 2 mars, Yvan Colonna, qui purgeait une peine de prison à perpétuité à la prison d'Arles pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé par Franck Elong Abé, un homme de 36 ans condamné à plusieurs peines dont une de neuf ans pour association de malfaiteurs terroriste. Le militant indépendantiste était mort quelques semaines plus tard.


Avis réservé pour le transfert
En juillet 2019, le parquet national antiterroriste (Pnat) avait rendu un avis défavorable pour un transfert dans un QER de région parisienne de cet homme parti combattre auprès de talibans en Afghanistan au début des années 2010.

Sollicité par le greffe de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), où était alors incarcéré Elong Abé, le Pnat avait émis "un avis très réservé à un transfert en QER de la région parisienne, compte tenu de son profil pénal et pénitentiaire", a expliqué M. Ricard devant les députés de la commission d'enquête parlementaire sur l'agression mortelle d'Yvan Colonna.
"Franck Elong Abé avait déjà commis de multiples actions violentes (...) Il mettait le feu quasiment tous les trois jours à sa cellule. L'évaluation au QER", qui vise à déterminer si un détenu pour des faits de terrorisme islamiste peut être incarcéré en détention classique ou dans un quartier à la sécurité renforcée, "était à l'époque inutile", a poursuivi M. Ricard. Sa "dangerosité" était "avérée" par "son passé et son comportement en détention", a-t-il insisté.

Selon une expertise psychiatrique de juillet 2014, citée par le procureur, sa "personnalité est structurée sur un mode psychotique mais ne présente pas de dangerosité psychiatrique" et la "dysharmonie de sa personnalité" apporte "une forme d'altération du discernement".
Selon le magistrat, "un QER décidé en juillet 2019 aurait été risqué" et "n'était pas opportun".

M. Ricard a par ailleurs rappelé pourquoi le Pnat s'est rapidement saisi de l'information judiciaire sur l'assassinat d'Yvan Colonna: la "durée" et la "violence extrême" de l'agression et son motif "religieux" invoqué par le suspect, à savoir les "blasphèmes" qu'aurait prononcés Yvan Colonna selon son agresseur.