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Architectes corses : "notre métier ce n'est pas seulement de construire, mais d'être responsables"


Livia Santana le Samedi 9 Octobre 2021 à 11:25

A l'occasion de la journée des architectes, les professionnels corses se sont réunis au musée de Bastia pour échanger sur les problèmes qu'ils rencontrent au quotidien. Cette journée était aussi l'occasion de faire prêter serment à 34 nouveaux architectes. La présidente de l'ordre des architectes de Corse, Sylvia Ghipponi et ses consœurs s'expriment sur les problématiques rencontrées sur l'île et de l'évolution du métier.



Les membres de l'ordre des architectes.
Les membres de l'ordre des architectes.
Que représente la profession d’architecte en Corse ?
- Cette année nous avons atteint les 279 inscrits avec les 34 architectes qui ont prêté serment aujourd'hui pour les années 2020 et 2021. Nous sommes la région de France avec la plus grande proportion d'architectes par habitant. 

- C’est une profession qui semble attirer les jeunes, comment l’expliquez-vous ?  
- C’est vrai qu’ils sont nombreux à vouloir faire ce métier. Par exemple, ces deux dernières années, une centaine de jeunes ont intégré des écoles d'architecture. Ce n’est pas rien… Je pense que cela s’explique par le rapport important des Corses au territoire, au patrimoine à la culture et à la ville. Mais aussi, parce que le nombre de logements a doublé en sur l’île ces 50 dernières années : ce n'est pas le cas au niveau national.
L’explosion de la construction est liée à une croissance démographique importante donc on est obligé de se poser, peut-être un peu plus qu'ailleurs, la question de savoir comment on doit construire et de savoir comment on va entretenir notre patrimoine. 
 
- Aujourd’hui qu’elles doivent être les priorités de ces jeunes architectes ? 
- On s'est rendu compte que les architectes pris par leur activité n'ont pas eu le temps de se former et n'ont pas eu beaucoup d’aide pour le faire. Si on regarde au niveau international je pense que les autres architectes ont eu plus accès à des formations environnementales. Aujourd’hui on sent une véritable envie de devenir un architecte responsable : c’est ce que l’on veut pour les jeunes. D’ailleurs, on ne cesse de le répéter au sein de l'ordre : la profession d'architecte ne consiste pas seulement à construire, il est aussi là pour conseiller, pour porter un regard sur les choses, pour être responsable. On peut faire des choix de réparation, de déconstruction… nous ne sommes pas juste là pour répondre à une commande.

- Quelles sont les problématiques que vous rencontrez aujourd’hui en Corse ? 
- L’architecture n’a pas été au centre des débats sociétaux. On en a souffert. Nous n’étions pas inclus dans les décisions. Quand on a repris le conseil on s'est aperçu qu’on ne faisait pas partie des commissions, que l’on était très peu entendu. En amont tous les schémas et les PLU étaient faits ces vingt dernières années  par des gros cabinets d’urbanisme du continent, nous n’étions pas du tout présents dans l’analyse du territoire que nous aurions pu faire. L’architecte arrive en bout de chaîne. Ce qu’on essaie d’expliquer aux maires, aux élus, c’est qu’on peut discuter avec eux pour penser les projets en amont. 

Photo : Jean-Baptiste Andreani
Photo : Jean-Baptiste Andreani