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Antoine Ciosi : L'ultimu giru démarre aux Folies Bergère


le Lundi 6 Novembre 2017 à 18:54

Doit-on encore présenter Antoine Ciosi ? Ses 55 ans de carrière ? Les chansons qui ont fait son succès tout au long de ce demi-siècle fait de joies, de déceptions, de peines, de galères ? Le temps a passé depuis le festival de la chanson corse qu'il a remporté en 1963 sur la scène de l'Olympia. Mais comme dans Tragulinu des fratelli Vincenti, Antoine Ciosi "porta li so ottanta'sei anni cume fiori di castagni ". En tout à 86 ans il va remonter sur la scène parisienne des Folies Bergère pour entamer un "ultimu giru" qu'il entend prolonger à sa main et à son rythme en Corse et ailleurs. En lui conférant la qualité et l'authenticité qui ont caractérisé le chanteur tout au long de sa belle et longue carrière.



Antoine Ciosi : L'ultimu giru démarre aux Folies Bergère
Bon pied, bon œil, toujours le même souci de la recherche de la perfection lorsqu'il s'exprime, comme il aime à le faire, en Corse., où lorsqu'il écrit comme aujourd'hui quelques belles pages qui ont, elles aussi, une bonne part de succès : les années passent sans avoir de prise sur Antoine Ciosi.
Le visage est certes buriné par le temps mais à Corbara, en Balagne, dans son jardin presque suspendu au-dessus de la mer, en discourant avec le maître des lieux, on prend mieux la mesure de la stature d'Antoine Ciosi.
Ce n'est pas seulement une voix..Un amoureux de la Corse. De sa terre. De ses traditions et de sa langue.
C'est aussi un homme de valeur et de valeurs  comme notre terre sait encore, et heureusement, en recèler.
Qui à 86 ans fait toujours référence à ses parents qui ont connu la misère, à sa mère - fille de meunier à Venzolasca - et à son père, - communiste ind'è l'anima de l'Ocagnano -, mais qui, un jour, n'a pas résisté au plaisir d'acheter, sur le marché de Bastia, une statue  de Saint Antoine pour l'offrir à son fils !


Oui il a 86 ans Antoine Ciosi mais il ne "traîne pas encore les pieds".
La passion est toujours là. Elle est aussi forte que celle qui l'animait tout jeune quand il se mettait, quand il le pouvait, à l'écoute de l'unique station de radio qui était accessible à l'époque.
"Je reproduisais ce que j'entendais au Mulinu " sans rien connaître ni du chant ni du solfège.
Cela ce sera pour plus tard sur Paris, une fois qu'il se sera produit sur la scène estivale de l'Empire de Bastia où un commerçant de Venzolasca, amateur de bel canto, l'avait encouragé à se produire.

Antoine Ciosi
  • Antoine Ciosi
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A Paris, ce fut longtemps la "bohème" pour Antoine Ciosi.
"J'ai fait trois ans d'opérette à Mogador. Il fallait bien manger" explique le Casincais  qui pensait voir son horizon s'éclaircir ce jour de 1963 où l'on vint le chercher pour participer au festival de la chanson corse.
Une soirée à l'Olympia à laquelle Antoine Ciosi a participé avec un sacré atout dans sa manche : "Paese spentu" signé Ghjuvanni Giocanti de Zuani et Vincente Orsini de Bastia, un texte qu'il avait perdu de vue avant de le retrouver au moment opportun.
"J'y suis allé confiant. Parce que je savais que cette chanson  allait faire son effet, à l'inverse de celles portées par les 18 autres participants à la soirée".
Et "Paese spentu" a fait son effet.
"Sò un paisanu è u mo paese si more. Aghju da cantavi u mio "Paese Spentu" dit-il d'abord en Corse puis en Français à l'assistance, conséquente, de l'Olympia au premier rang desquels avaient pris place de nombreuses vedettes comme Alain Delon et Romy Schneider
Et Antoine Ciosi a donné tout ce qu'il pouvait.
"Ce soir-là j'ai ressenti en moi l'émotion que je n'avais plus ressentie depuis mon départ de U Mulinu de Venzolasca."
Et la salle a adhéré applaudissant, debout, la prestation d'Antoine Ciosi qui décide, dès lors, de chanter la… Corse 


Mais point d'envol pour Antoine Ciosi.
Ce n'était pas encore l'heure. En effet, malgré le contrat signé avec Barclay,  "Paese Spentu" ne décolla pas.
Le sillon était pourtant tracé. Dany Revel et Martine Lorenzi allait le creuser avec "Le Prisonnier".
Souvenez-vous ?
Sò imprigiunattu
E Mamma si nè more
Perduna, mio Mamma
Di fà ti tantu male


Et dans la foulée, les frères Vincenti proposaient Tragulinu.
O Dumè, t'arricordi da quellu tragulinu ?
Porti li to settant'anni
Cume fiori di castagni
Tragulinu...



Deux titres qui, à la faveur de l'avènement du juke-box, ont déferlé sur toute la Corse, l'Italie, la Suisse, l'Espagne etc.
Cette fois la carrière d'Antoine Ciosi était bel et bien  lancée.

Suivent alors plus de vingt  33 tours et autant de 45 : "Sons et lumières de la Corse"en 1973 , "Corsica Nostra"en 1975, "Corsica Sempre Corsa" et "I Canti di a libertà", qui soulèvent l'enthousiasme tant à l'Odéon de Marseille que sur la place Foch d'Ajaccio "où il y a eu une osmose différente de celle ressentie lors d'un tour de chant. Ce fut un engouement étonnant et un bonheur parfait parce que j'étais dans mon élément" commente aujourd'hui Antoine Ciosi.
Et les titres - des frères Vincenti, de Tintin Pasqualini, de Marfisi, de  Francescu Pinelli - et les galas se sont succédé sans discontinuer. En Corse. Et sur le Continent. Avec, pour chacun de ces rendez-vous, des anecdotes que notre interlocuteur fait revivre en collant à sa voix grave de conteur, les images des scènes qu'il vous narre…


Un jour Antoine Ciosi décida de les coucher sur une feuille de papier : l'écrivain, qui sommeillait depuis longtemps sous le chanteur, ne tarda pas à se révéler.
Il a d'abord écrit  "Notes et chansons" avec le seul souci que certaines de ces chansons et de ces textes, dont il s'est fait l'interprète ne meurent pas. Pour qu'elles s'inscrivent dans la mémoire. 
Et il a pris goût à l'écriture Antoine Ciosi.  La vie de sa mère, restée veuve très jeune avec 7 enfants à élever, l'a inspiré. En tout cas il a voulu témoigner de sa vie exemplaire dans "Una Mamma". Il y a eu aussi "Une odeur de figuiers sauvages" publié chez Albin Michel, "Le chemin des sources" ou bien encore "Chants d'une terre". Et le tout dernier "A Stella di Musè Namani " qui raconte la vie extraordinaire d'un "destockeur" dans l'habillement, originaire d'Ascu.


Mais Antoine Ciosi chanteur est toujours là. Avec notamment "Bastia" et sa participation à "Mezzu Mezzu" avec Patrick Fiori.
Et il va être plus que jamais là à compter du 28 Novembre prochain.
On va le voir sur la scène des Folies Bergère. Mais pas seulement. Bastia et Ajaccio figureront encore à son programme.
"Je n'aurai jamais imaginé à mes débuts être encore là, à chanter à 86 ans.  Je considère qu'un artiste doit se retirer quand il commence à traîner les pieds. Cela ne m'est pas encore arrivé.  Il est vrai que J'ai eu la chance de conserver ma voix et la passion. Cela ne m'a pas empêché de lever le pied à compter de 80 ans, comme je l'avais décidé. Aujourd'hui c'est cet Ultimu giru qu'Antoine Ciosi a décidé d'effectuer".


Mais il ne sera pas seul sur scène. "Je n'aime pas les one man show. Je serai entouré de beaucoup d'amis. D'invités de marque. Pour donner à la soirée, placée sous le signe de l'amitié, un véritable air de fête"
Puis, au terme de son "ultimu giru" - c'est décidé aussi - il passera a "fiacula - le flambeau" - à deux jeunes talents corses. 
L'un est celui qu'affiche depuis quelques semaines, avec succès, une jeune femme qui ne cesse de s'affirmer.
L'autre - un jeune casincais - qui, à la voix d'or, chante Antoine Ciosi à merveille.

Vous savez quoi ? Nous avons hâte d'y être !
Et vous ?
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Le 28 Novembre aux Folies Bergère.
Réservations : 0892 681 650
www.foliesbergere.com
www.antoine-ciosi.com