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Ajaccio : le syndicat FO demande « le départ de la direction » de la SPL ​Muvitarra


Patrice Paquier Lorenzi le Lundi 19 Février 2024 à 15:59

En proie à des grandes difficultés financières et menacé de cessation de paiement d’ici le mois de juin, la SPL Muvitarra, qui gère les transports de bus ajacciens, vît des moments difficiles. Dans ce contexte tendu, le syndicat Force Ouvrière, absent lors de l’Assemblée générale de jeudi au Palatinu, a tenu une conférence de presse ce lundi matin 19 février et adressé des critiques acerbes envers la direction de la SPL. Le syndicat dénonce la gestion calamiteuse due notamment à la présence de « quatre directeurs avec des rémunérations bien trop importantes », qui pèsent sur les finances de la société ainsi que « les manquements de ces mêmes responsables concernant la récupération des indemnités journalières auprès de la CPAM ».



Le syndicat FO a tenu ce lundi matin une conférence de presse pour dénoncer la gestion calamiteuse de la SPL Muvitarra.
Le syndicat FO a tenu ce lundi matin une conférence de presse pour dénoncer la gestion calamiteuse de la SPL Muvitarra.
« En 2017, il y a une quinzaine d’embauches pour un budget de plus d’un million d’euros de budget. Confirmée par le cabinet comptable Anaxa, une partie de l’origine du mal vient de ces emplois qui ont été  créés un an après les débuts de la SPL Muvitarra ». Marcel Santini, le secrétaire général FO n’en démord pas : selon lui, les problèmes structurels que rencontrent la société de bus ajaccienne remonte à 2017.
 

« Quatre directeurs avec des salaires de ministres, c’est un scandale ! »
Le syndicat FO tenait ainsi une conférence de presse dans ses locaux, avenue Kennedy, ce lundi matin pour dénoncer la gestion "calamiteuse" de la SPL Muvitarra : « Aujourd’hui, nous sommes arrivés à cette situation. Pendant la période Covid, l’Etat a pris en charge les salaires de la société, donc il n’y a plus de soucis mais depuis le retour à la réalité, nous nous retrouvons avec un niveau d’embauche supérieur, à ce qui se faisait à l’époque. Nous comptons une véritable armée mexicaine à la tête de la SPL avec un directeur général, un directeur opérationnel, un chef d’exploitation et un responsable financier. Ainsi, au niveau des informations que nous avons recueillies auprès du cabinet comptable pour l’exercice 2022/2023, la part salariale pour les quatre directeurs et leurs secrétaires est de 882 533 € contre 3 787 546 € brut soit 45 000 € par chauffeur. Nous avons donc des directeurs qui perçoivent des salaires de ministres, c’est un véritable scandale ». Pour l’agence commerciale, le service d’exploitation et le garage, la moyenne des personnels non roulant seraient de 77 400 € brut soit bien supérieur à celle des chauffeurs.
Des appointements trop importants qui expliqueraient, en partie, les causes structurelles du déficit d’exploitation de la SPL, qui perdrait près d’un million d’euros par mois : « Il ne faut pas chercher plus loin la cause de ce déficit. C’est démentiel. C’est une insulte au bon sens et à l’intelligence de chacun. Et après, on demande aux conducteurs, qui sont les plus mal payés, de faire les efforts nécessaires, pour redresser la société ». Selon nos informations, un des quatre directeurs évoqués lors de la conférence de presse, pourrait quitter prochainement ses fonctions au sein de l’entreprise ajaccienne.
 

Près de 200 000 € d’indemnités journalières perdus chaque année !
Outre les salaires, les représentants de FO de Corse-du-Sud, ont également évoqué la possible suppression du régime de subrogation du maintien des salaires en cas d’arrêt maladie. Pour rappel, les employés de la SPL bénéficient de conditions particulières qui leur permetttent de garder leur salaire en cas d’arrêt maladie, les éventuelles Indemnités journalières (IJ) étant, dans ce cas précis, à récupérer directement auprès de la Caisse primaire d’Assurance maladie : « C’est un système qui a parfaitement fonctionné entre 1993 et 2016. Aujourd’hui, malgré quatre directeurs, nous apprenons que la société a perdu 600 000 € d’indemnités journalières (période 2018/2019), car le travail de récupération n’a pas été fait par la direction ! Nous perdons également plus de 200 000 € par an d’IJ, non réclamés par les responsables. Comme ils sont incapables de faire leur travail, ils ont en plus signé un contrat avec un cabinet comptable pour faire ce travail, qui nous coûte 50 000 € par an. Même le cabinet a du mal à le récupérer, car il y a des manquements sur les déclarations de salaires ».
Selon nos informations, grâce à l’action de membres du CA de la SPL, une somme de 400 000 € sur les 600 000 € non réclamés devraient finalement être récupérés par la société. « Aujourd’hui, clairement, la direction ne fait pas correctement son travail. Nous demandons lon départ de la SPL ».


Jeudi dernier, une centaine de personnes s'était réunie au Palatinu, à l'initiative de la direction de la Société Publique Local (SPL) Muvitarra, pour évoquer la situation très préoccupante de cette société qui gère les transports en commun de l'agglomération ajaccienne.
Pour Stéphane Sbraggia, maire d’Ajaccio et président de la CAPA, les deux actionnaires qui gère la société : "Il n'est pas question de casser cet outil. La SPL Muvitarra fait face à des difficultés historiques structurelles, il faut établir un plan d'action avec une stratégie efficace pour proposer le meilleur service au meilleur prix et assurer la pérennité de l'entreprise. Nous avons pris une première décision en décembre de prolonger le contrat d'obligations de service public de 9 mois. Mais il n'est pas question pour nous de seulement remettre de l'argent sans s'attaquer aux causes du problème. En 2019, nous avions procédé à une recapitalisation de 3 millions d'euros et cela n'a pas empêché la SPL de se retrouver dans la situation financière dans laquelle elle se trouve aujourd'hui."
Créée en 2016, la SPL Muvitarra compte deux actionnaires publics : la Capa (60%) et la Ville d’Ajaccio (40%). Près de 120 employés dont 84 chauffeurs de bus travaillent au sein de l’entreprise ajaccienne.