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Ajaccio : Les violences faites aux femmes sous le regard de lycéens


Philippe Peraut le Mercredi 10 Avril 2019 à 22:25

Un film retraçant les violences faites aux femmes a été diffusé ce mercredi soir au TGI d’Ajaccio. Il s’agit de la reconstitution faite par une trentaine d’élèves de classe de Seconde du lycée Fesch. Une action amorcée en novembre dernier au sein de l’établissement et à laquelle le Rectorat de l’académie de Corse, la Préfecture et le Tribunal se sont associés. Une façon de sensibiliser la jeunesse corse à ce fléau.



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
Un tribunal abondamment garni avec les différents participants représentés (présidente, avocats de la partie civile et de la défense, procureur, greffier, témoins, prévenu, victime, public), un thème malheureusement d’actualité –la violence faite aux femmes- une audience solennelle respectée dans toutes ses composantes et filmée pour la circonstance, tel est le point de départ d’une action menée conjointement par le Lycée Fesch d’Ajaccio, le Tribunal de Grande Instance, le Rectorat et la Préfecture de Corse. Et restituée ce mercredi au TGI d’Ajaccio en présence des différents participants.

Sensibiliser la jeunesse
Tout commence en novembre dernier où une trentaine d’élèves d’une  classe de Seconde du lycée Fesch travaillent avec leurs enseignantes (Marie-Laure Cera-Paoli, professeur de Lettres, Lena Gaudin, professeur d’Histoire-Géographie et Léonie Carsalade, professeur d’Economie et de Droit) à l’élaboration d’un film retraçant dans les moindres détails, le procès d’une violence faite à une femme. Une idée, au départ, celle de Marie-Ange Susini, directrice régionale au droit des femmes et à l’égalité, qui a initié le projet. Placé, ensuite, sous l’égide de Paul Di Giacomi, proviseur de l’établissement, il va se décliner en quelques semaines par des « acteurs » qui vont jouer leur rôle à fond à raison d’une heure par semaine. Le film, où les élèves portent les robes de magistrat, a pour objectif pédagogique de sensibiliser la jeunesse corse aux violences faites aux femmes. Il a été diffusé ce mercredi en fin d’après-midi et en présence de toutes les personnes impliquées dans ce projet : les trois enseignantes, enseignante, Paul Di Giacomi, proviseur du Lycée Fesch, Julie Benetti, rectrice de l’académie de Corse, Josiane Chevalier, préfète de Corse, Eric Bouillard, procureur de la République, Véronique Imbert, présidente du TGI d’Ajaccio, Maître Stéphane Nesa, bâtonnier du barreau d’Ajaccio, Marie-Ange Susini (droit des femmes et égalité) et, bien sûr, les principaux protagonistes, à savoir les élèves, tous sensibilisés par cette démarche. L’histoire –inspirée d’un dossier réel- banale, d’un couple, dont le mari est alcoolique, bat son épouse. L’occasion, à travers ce film, de rappeler qu’une femme sur trois tombe chaque jour en France sous les coups de son compagnon.

Des élèves impliqués
Un débat a ponctué la diffusion du film qui s’est déroulée dans la salle d’audience du TGI d’Ajaccio. « Les enfants n’ont pas répété, assure le procureur Eric Bouillard, ils ont joué à merveille leur rôle. Nous leur avons expliqué en quoi consistait le déroulement d’un procès. Le reste, ils l’ont conçus eux-mêmes avec leurs mots. Tout simplement bluffant ! »
« Chacun d’eux a été fin dans son approche, précise, pour sa part Maître Stéphane Nesa, bâtonnier du barreau d’Ajaccio, ils ont choisi eux-mêmes la peine du prévenu et à cet effet, ont su faire preuve d’une grande maturité… »
Un sentiment partagé par les enseignantes : «  Dans la posture, la parole et le savoir-être ils ont été étonnants de vérité, souligne Marie-Laure Cera-Paoli, ils l’ont, certes, mise au service d’une fiction mais elle peut devenir une réalité. Ils ont fait des recherches beaucoup plus poussées que celles qui avaient été demandées et se sont totalement approprié la chose… »
Puis Louis Diong, l’un des « acteurs » a, lui aussi, commenté ce beau projet. « C’est une très bonne expérience, on a échangé nos idées, notamment celles véhiculées par les séries et films TV. Ils nous ont donné les bases de la loi, le reste ,dialogue et mise en scène, tout est de nous. J’ai été marqué par la différence faite par rapport aux films et aux séries. »
Touchés par cette expérience, les élèves ont émis le souhait d’assister à une réelle audience. Une façon de toucher, de près, à la réalité. Quand on sait, qu’au sujet de la violence faite aux femmes, trois à cinq dossiers hebdomadaires sont traités à Ajaccio…
 

(Photos Michel Luccioni)