Un jeune homme tente de retenir, en usant de tous les mots dont il dispose, un inconnu abordé dans la rue, un soir pluvieux où il se sent seul, seul à avoir mal. Il parle, il parle aussi frénétiquement qu'il ferait l'amour, il crie son univers : un univers nocturne où il est l'étranger, l'orphelin, et qu'il fuit en se cognant partout dans sa difficulté d'être et sa fureur de vivre. On ne connaît pas son nom, on ne sait pas qui il est, on sait seulement qu'il n’a pas la peau très blanche. De temps en temps, quand il a trois sous en poche, il s'offre une nuit à l'hôtel dont il fait son endroit à lui. Ça ne dure jamais longtemps. Pas de plainte, pas de gémissement. Il aimerait juste de temps en temps boire un verre avec quelqu'un, serrer une main, ou servir à quelque chose. Du travail ? Il n'en cherche même plus. Partout où il est allé, on lui a dit d'aller voir à côté. … "Quel fouillis, quel bordel, camarade, et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie "…
En 1977, quand Koltès livre ce texte coup de poing, il connaît un succès immédiat. Le réentendre aujourd'hui, nous fait mesurer à quel point il est toujours brûlant. Il ne se passe pas un jour sans qu'on ne parle d'exclusion, d'indifférence, de racisme, et sans que la haine et les extrémismes se manifestent. Notre société pourtant d'abondance laisse toujours autant, sinon plus, de personnes au bord de la route...
"(...) Azeddine Benamara – époustouflant, habité – endosse ce qui est tout autant un discours qu'un personnage. (...) Au phrasé musical du texte, Eric Castex répond par le blues – musique des profondeurs, des mystères, musique nocturne – que distillent les lignes mélodiques et rythmiques composées et jouées en live par Dorian Baste." LA LIBRE BELGIQUE
"Un des plus beaux monologues vus depuis longtemps. À voir d'urgence. Un acteur exceptionnel. (…). Le texte est tellement fort et vécu de l'intérieur qu'il nous fend le cœur sans pathétique. (…) Sublime !" Christian JADE, RTBF.be.