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Ajaccio : Cyrnos Primeurs, un air de village dans la ville depuis 1952 !


Pierre BERETTI le Mardi 26 Décembre 2017 à 21:27

Les zones commerciales péri-urbaines semblent menacer le commerce du centre ville. Pourtant au cœur de la cité impériale, certains petits épiciers continuent d’exercer avec la confiance des habitants du quartier. C’est le cas de Pierre Alessandri qui a repris l’entreprise familiale ouverte depuis 1952.



Ajaccio : Cyrnos Primeurs, un air de village dans la ville depuis 1952 !





A l’heure où le petit commerce se sent menacé particulièrement dans les centres villes, subsistent des « irréductibles » épiciers de quartier qui font le bonheur de la population. C’est en effet le cas de Pierre Alessandri sur le cours Grandval à Ajaccio avec son enseigne « Cyrnos Primeurs ». Ce commerce de proximité continue de fonctionner et enchaîne les décennies. « J’ai repris l’épicerie il y a deux ans. A l’origine c’est Jean-Martin, mon grand-père qui l’a créée en 1952. Nous avons toujours proposé des fruits et légumes frais mais aussi, entre autres, un panel de produits artisanaux corses, comme le brocciu de Piana. Nous voulons faire travailler les petits producteurs locaux. Ma mère Maryse m’a d’ailleurs donné de nombreux contacts avec lesquels je continue de travailler ». Comment expliquer cette longévité ? Il y a semble-t-il plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, lorsqu’on passe devant Cyrnos Primeurs, on a une impression familière, celle d’une ambiance villageoise.
 
Il n’est pas rare de voir quelques personnes assises sur les bancs devant faisant la causette ou les clients s’attardant écoutant les blagues du patron, surtout en fin de journée. Et si Pierre Alessandri fait preuve d’une bonne humeur toujours égale, il faut dire que la fatigue ne semble pas l’atteindre. Debout très souvent à 5 heures le matin il est « sur le pont » dès l’aube pour accueillir les premières livraisons. Les clients les plus matinaux se voit souvent proposer un café. Les journées sont donc très longues puisque la fermeture ne se fait jamais avant 20h30 et bien plus tard en période estivale. Son fils, Jean-Pierre poursuit son propre projet entrepreneurial mais il vient quotidiennement à la boutique aider son père. Il explique tout en modestie le petit succès de l’épicerie.
 
Plusieurs générations de clients
« Nous avons toujours à cœur de faire plaisir à nos clients et surtout les plus âgés d’entre eux. Si le commerce a vu passer plusieurs générations de patrons, nous avons eu également plusieurs générations de clients. Et nous avons gardé cet esprit de proximité et de solidarité notamment avec nos anciens. Nous n’hésitons pas à leur livrer les bouteilles de gaz ou des courses parfois lourdes. Nous le faisons bien volontiers et dans un état d’esprit familial ». Familial c’est le mot, avec des anecdotes souvent drôles. Il n’est pas rare que les personnes âgées du quartier s’adressent à l’épicier pour d’autres choses que ses produits. En effet, à l’occasion d’une visite, certains se plaignent d’avoir une ampoule à changer ou une télé qui ne marche pas bien. C’est naturellement que le primeur à la fermeture fait évidemment gratuitement du petit dépannage lorsqu’il le peut « en bon voisin ». Aider son prochain est une seconde nature pour ce catholique pratiquant. Ses seuls moments de pause et de congés sont en effet dédiées la plupart du temps à la messe et aux confréries.
 
D’autre part, le commerçant est particulièrement attentif à la demande de ses clients et il n’est pas rare que certains produits se retrouvent sur ses étalages juste pour une famille ou deux qui en auraient besoin. Il n’est pas rare non plus que les clients réguliers aient droit au petit geste commercial qui fait plaisir, un biscuit pour les enfants, un nouveau produit à découvrir, etc. Prochainement, il proposera aussi un rayon Bio aux habitants du quartier. C’est certainement la somme de toutes ces petites attentions qui font le succès de cette épicerie. Louis, père de famille, a emménagé dans l’immeuble il y a quelques années. « Je fais mes courses en gros dans la grande distribution mais je ne prends plus mes légumes que chez Pierre. Il m’arrive aussi de faire « l’appoint » chez lui lorsqu’il me manque un produit. J’avoue que je m’attarde également régulièrement pour discuter de l’actualité ou d’autres sujets. Quand on passe sa porte une fois, il arrive à créer ce climat de confiance, de proximité et cette ambiance chaleureuse qui se perd de nos jours et ça fait du bien ».
Finalement, le secret de la réussite de ce petit commerce ne serait-il pas simplement la proximité humaine davantage que commerciale ?