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Affaire Pierre Alessandri : L'Ora di u ritornu appelle les élus corses à suspendre les discussions avec Paris


M.V. le Vendredi 30 Septembre 2022 à 17:03

Le rejet d'une nouvelle demande d'aménagement de peine de Pierre Alessandri suscite l’incompréhension et la colère du collectif l'Ora di u ritornu qui au lendemain de ce troisième refus lance un appel solennel à tous les élus de Corse de suspendre le dialogue en cours avec Paris. Pour le collectif le sort des prisonniers politiques, et leur libération conditionnelle, "font en effet partie intégrante d'une solution constructive et pérenne".



La conférence de presse de ce vendredi 30 septembre devant le Palais de Justice de Bastia
La conférence de presse de ce vendredi 30 septembre devant le Palais de Justice de Bastia
L’annonce du rejet d'une nouvelle demande de semi-liberté de Pierre Alessandri ne passe pas en Corse. Cvendredi 30 septembre, plusieurs membres du collectif de défense des prisonniers politiques L'Ora di u ritornu se sont réunis devant le palais de justice de Bastia, pour dénoncer ce énième refus qui intervient après tant d‘autres et dans un contexte de discussions avec Paris qui laissait entrevoir un espoir pour les deux membres du commando Erignac conditionnables depuis 6 ans. 

"La décision inique, funeste, dévastatrice qui nous plonge dans une profonde révolte" lance Camille Martelli, la porte-parole du collectif qui considère cette décision "une vengeance d'État orchestrée" . 

En dénonçant "un acharnement judiciaire qui programme une mort lente en prison" le Collectif pointe du doigt l'attitude méprisante de "la Machine d'Etat qui  fragilise un dialogue serein à peine entamé et compromet des interactions politiques, économiques et sociales souhaitées par tous."

Pour l'Ora di u ritornu, cette décision est d’autant plus incompréhensible que les "motifs fallacieux" invoqués par la Chambre d'Application des Peines Antiterroristes qui justifie son refus par les "trouble à l'ordre public et risque d'émeute" que la mise en liberté surveillée pourrait causer. Ce qui suscite l'indignation du collectif qui demande solennellement "à tous les élus de Corse au premier rang desquels les représentants de la Collectivité de Corse, de suspendre le dialogue avec le ministre de la Corse, M. Darmanin, car le sort des prisonniers politiques, et donc leur libération conditionnelle, font partie intégrante d'une solution constructive et pérenne."

"Mon client est plus affecté que les fois précédentes " indique Marie-Josée Bellagamba, avocat de Pierre Alessandri

L’avocate de Pierre Alessandri, Marie-Josée Bellagamba était ce vendredi à côté du collectif. Au micro de CNI elle explique quelles seront les prochaines étapes après ce refus « surprenant »

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Vous avez rencontré votre client ce vendredi matin. Donc l'état d'esprit est-il après cette décision ?
Marie-Josée Bellagamba : 
Mon client nous fait confiance (ndlr : à ses avocats). Il se fie essentiellement à nous sur le sort qui sera donné à cet arrêt, à savoir un pourvoi en cassation ou pas. Je l'ai senti plus affecté que les fois précédentes parce que je crois qu’il avait fondé un espoir légitime sur l'acceptation de cette mesure, surtout à partir du moment ou il se retrouve détenu à Borgo, qui est une prison qui n'offre pas tellement de possibilités d'insertion et de travail aux salariés, peu d'ateliers, peu de possibilités de se redéployer dans une activité salariée. Donc la mesure de liberté surveillée qui lui permettrait de travailler et en même temps d'indemniser par la même occasion les victimes lui semblait s'inscrire dans la logique de son parcours qui est par ailleurs souligné dans l'arrêt. Les trois quarts de l'arrêt mettent en évidence qu'il coche toutes les cases au niveau de la personnalité, de la psychologie, du comportement en détention... Donc nous vivons ce refus comme un paradoxe. 

- Les motivations de la décision du refus vous surprennent-elles  ? 
- Marie-Josée Bellagamba : Oui, effectivement, les motivations de la décision nous surprennent sur l'appréciation du "trouble à l'ordre public. Nous avons déjà eu une précédente motivation qui considère que ce trouble est lié "à l'exceptionnelle gravité des faits", c'est-à-dire à l'atteinte portée à la Nation par l'intermédiaire et l'assassinat du préfet Erignac. Mais nous avons une motivation nouvelle qui se fonde essentiellement sur la période postérieure à la mort tragique et l'assassinat tragique d'Yvan Colonna, qui a suscité beaucoup d'émotion en Corse et des manifestations diverses. Et ce qui s'est passé à l'occasion de cesmanifestations, ainsi que la résurgence de groupes armés est considérée comme "participant d'une fragilisation de la situation locale" qui rend, selon les magistrats de la Cour, totalement inadaptée, une mise en liberté surveillée.

- En quoi consiste la mise en liberté surveillée ?
- Marie-Josée Bellagamba : La mise en liberté surveillée c'est un aménagement de peine qui consiste à voir le détenu travailler dans la journée et rentrer en prison le soir. C'est la première étape d'une future libération conditionnelle, mais ce n'est pas encore la libération conditionnelle. Donc c'est une mesure, à minima, qui a été sollicitée après bientôt 25 ans de détention. 

Quelles sont les échéances à présent ? 
Marie-Josée Bellagamba : Nous sommes dans l'attente d'un arrêt de la Cour de cassation qui devrait être rendu fin octobre sur le second, le second arrêt de la cour d'appel qui a rejeté encore la demande qui avait été acceptée par les premiers juges.

 
Marie-Josée Bellagamba, avocat de Pierre Alessandri
Marie-Josée Bellagamba, avocat de Pierre Alessandri