Réputé dans le monde entier pour ses photographies en noir et blanc à la lisière du sacré, Bae Bien-U expose pour la première fois en Corse un ensemble d’images issues d’une résidence artistique menée sur l’île. Présent au vernissage, l’artiste a confié son émotion à explorer un territoire qui, dit-il, « ressemble profondément à [s]on pays natal ». En Corée du Sud comme en Corse, « les arbres, les montagnes, les forêts racontent l’histoire des hommes », explique-t-il.
L’exposition est le fruit d’une coproduction entre l’artiste, le Palais Fesch et la galerie RX, représentée à Ajaccio par Éric de Réaumaux, cofondateur et fidèle collaborateur de Bae Bien-U : « Cela fait plus de vingt ans que je travaille sur la Corée du Sud, et plus de dix que j’accompagne le travail de Bae Bien-U. Sa venue à Ajaccio était un rêve. Il a très vite ressenti combien la nature corse et la nature coréenne résonnaient. »
Connu pour son approche argentique, le photographe coréen saisit la nature dans sa lenteur, sa densité, sa verticalité. Ses forêts, ses pins rouges aux écorces en écailles de tortue, ses vagues opaques ou ses collines volcaniques – les Orums – forment un univers silencieux et habité. « Il photographie les arbres comme des sociétés humaines », analyse Sophie Makariou, commissaire de l’exposition et conservatrice générale du patrimoine. « Il y a une humanité dans l’écorce, dans la posture. Ce ne sont pas des objets naturels, mais des individus en marche. »
Ce regard si singulier s’est exercé pour la première fois sur les paysages corses à l’occasion d’une résidence artistique. De Corte à l’Alta Rocca, de la mer aux forêts, Bae Bien-U a parcouru l’île durant plusieurs mois, captant ce que Simone Guerrini, adjointe au maire en charge de la culture et du patrimoine appelle « une promesse d’infini ». Marie-Laure Mattei, directrice du musée, souligne quant à elle « la résonance entre deux cultures méditatives, distantes mais parallèles : la Corée et la Corse. » À travers des clichés parfois spectaculaires, mais toujours silencieux, l’artiste propose une vision universelle du paysage, indifférente aux frontières.
L’exposition est également pensée en résonance avec les collections patrimoniales du Palais Fesch. Dans le sillage de cette rencontre entre nature et contemplation, le musée rouvre le cabinet d’art graphique au sous-sol, rénové pour l’occasion, et consacre une salle aux œuvres de Jean-Baptiste Bassoul et Jean-Jérôme Lévy, peintres corses du XIXe et XXe siècle. « Ces deux artistes regardaient déjà les paysages corses avec une sensibilité romantique ou moderniste », précise la commissaire. « Chez eux aussi, les arbres dominent, les personnages sont absents ou minuscules, et c’est la nature qui s’impose. »
Un rapprochement formel et spirituel avec l'œuvre de Bae Bien-U, également formé à la peinture à l’encre, dans la tradition coréenne du vide et du trait. « Il pense en noir et blanc. Il travaille en très grand format, sans retouche numérique. Chaque photographie est développée en chambre noire. Et pourtant, ses images sont d’une contemporanéité bouleversante », résume Sophie Makariou
Le parcours de l’exposition a été conçu comme une immersion progressive dans la forêt, ponctuée de thématiques : arbres, mers, montagnes, lumière. « On entre par un couloir planté d’arbres. On s’enfonce dans la végétation. Et l’on se perd », décrit la commissaire. L’exposition mêle paysages corses et coréens sans les distinguer, créant un trouble volontaire. « On ne sait plus si l’on est en Méditerranée ou en Asie », sourit Sophie Makariou. « C’est un voyage, mais aussi une invitation à la contemplation. »
En parallèle, un film documentaire retraçant la résidence de l’artiste en Corse est en préparation. Un projet d’itinérance de l’exposition hors les murs est également à l’étude.
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U tempu in Corsica













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