A Ajaccio, des lycéens corses, belges et néerlandais plongent dans les rouages du Parlement européen

Le temps d’une journée, le Palais Lantivy à Ajaccio a pris des airs de Parlement européen. Réunis dans le cadre du programme Erasmus, une soixantaine de lycéens – 28 de Porto-Vecchio, 8 d’Ajaccio, 14 de Belgique et 10 des Pays-Bas – ont pris part à une simulation grandeur nature, entièrement menée en anglais. Une initiative portée par le Centre Europe Direct Corse et la Collectivité de Corse. En ouverture, le conseiller exécutif Jean-Félix Acquaviva a salué “la tenue d’un tel événement en Corse, reflet de notre volonté d’inscrire l’île pleinement dans la dynamique citoyenne européenne”.

L’ambiance est studieuse, mais joyeuse. Dans les couloirs du Palais Lantivy, à Ajaccio, les conversations s’entrelacent en français, en anglais et en néerlandais. Les participants, répartis au hasard en cinq groupes politiques fictifs calqués sur les grandes familles du Parlement européen, se glissent pour l’après-midi dans la peau de députés européens.

Réunis dans le cadre d’une simulation grandeur nature, ils débattent, proposent, amendent puis votent sur un sujet concret : le Pass Interrail. La séance débute par un travail en commission, où chaque groupe formule ses amendements à présenter en plénière. Les positions s’affichent : l’Alliance pour une Europe défend un Pass réservé aux seuls étudiants, Justice Sociale propose d’en allonger la durée, tandis que le groupe des Traditionnels Critiques milite pour un Pass Interrail « qui ne serve pas la propagande pro-Union européenne ». Dans la salle, les échanges se poursuivent en anglais et parfois en français. Les 15 amendements sont tour à tour exposés au perchoir. Une courte interruption permet aux chefs de file de transmettre les consignes de vote à leur groupe. Puis vient le moment du scrutin.

Le cadre institutionnel est respecté avec soin : motions, temps de parole chronométrés (quatre minutes), passages en commission, interventions des journalistes et lobbyistes, incarnés par une dizaine de lycéens. Tous les rouages d’une session parlementaire sont reproduits dans les règles de l’art.
Pour de nombreux jeunes, cette journée a été une véritable immersion dans le fonctionnement concret de la démocratie européenne. Matteo, lycéen néerlandais du groupe démocrate, s’enthousiasme : « Je suis très heureux d’avoir découvert la Corse grâce à cette session du Parlement européen des jeunes. C’était passionnant de débattre avec des lycéens venus d’Europe et de créer de nouvelles amitiés. »
Même écho chez Nunzia, lycéenne à Porto-Vecchio dans le groupe social-écologie : « Je n’avais aucune idée du rôle réel des députés européens. Cette simulation m’a permis de comprendre l’importance de leurs décisions et la manière dont elles peuvent faire évoluer l’Europe. »
Yohan, lycéen belge engagé au sein du groupe Europe des Nations, résume l’expérience d’une formule : « Je suis extrêmement fier d’avoir pu, le temps d’une journée, me mettre dans la peau des députés européens qui nous représentent. »

L’événement a aussi conquis les spectateurs. Entre deux débats, les échanges informels prennent le relais, dans les couloirs comme autour des tables. L’esprit Erasmus dépasse largement l’hémicycle improvisé : les discussions se prolongent en plusieurs langues, et les liens se tissent bien au-delà des frontières. « Ce type d’initiative est essentiel pour que la jeunesse insulaire comprenne ce qui se joue à Bruxelles et Strasbourg », souligne Jean-Félix Acquaviva, conseiller exécutif en charge de la coopération européenne et méditerranéenne.  Après plusieurs heures de discussions, d’amendements et de votes, la proposition sur le Pass Interrail est adoptée, enrichie par les contributions des différents groupes. Les jeunes parlementaires d’un jour se lèvent pour s’applaudir : trois jours de travail, d’écoute et de confrontation d’idées viennent de s’achever dans la bonne humeur. Et déjà, dans les regards comme dans les mots, une même certitude circule : l’expérience a marqué les esprits. « Nous avons été des députés pendant une journée ! », s’exclame Charlotte, lycéenne.