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5 000 km vers l'Ukraine : le périple de deux Corses pour aller chercher des réfugiés ukrainiens


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 16 Mars 2022 à 19:03

François et un de ses amis ont pris la direction de la frontière Ukrainienne depuis Bastia ce mercredi 16 mars. Ils y apportent un minibus rempli de matériel médical et de denrées et reviendront avec sept réfugiés ukrainiens dont le plus jeune à 8 ans et le plus âgé à 65 ans. L'initiative privée a mobilisé toute la solidarité des corses.



François s'apprête à rouler près de 5 000 km vers l'Ukraine pour sauver des réfugiés ukrainiens ce mercredi 16 mars. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
François s'apprête à rouler près de 5 000 km vers l'Ukraine pour sauver des réfugiés ukrainiens ce mercredi 16 mars. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Dernier au revoir, avant de partir pour un périple de six jours, François et un de ses amis ont reçu la visite surprise de leurs soutiens sur le port de Bastia ce mercredi 16 mars. Après quelques accolades, tous deux grimpent à bord du mini-bus blanc mis à disposition par l’association A Scalinata. Sur la vitre arrière, une affiche du drapeau ukrainien sur laquelle est apposée la tête de maure laisse présager de ce qui, à l’intérieur, rabaisse le châssis du véhicule. Il est chargé à ras bords de médicaments, de matériel médical d’urgence, de couches et de lait pour les nourrissons.

Direction : la frontière Ukrainienne après 5 000 km de route à travers 5 pays d’Europe. La première étape est de rejoindre la frontière entre l’Ukraine et la Hongrie pour y déposer tout le matériel à des associations et des ONG qui opèrent sur place.

De nouveaux réfugiés ukrainiens en Corse

« Nous revenons mardi et nous ramenons avec nous des réfugiés ukrainiens », explique François, fier et humble. Au total, sept personnes supplémentaires trouveront un refuge à la guerre en Corse dès la semaine prochaine, dont un enfant de 8 ans et sa mère. « Nous allons également chercher un homme de 65 ans dont la fille vit ici et est mariée avec un Corse. Ce monsieur a fui les bombes à Kharkiv et après un sacré périple à travers toute l’Ukraine il a réussi à atteindre un centre d’accueil de réfugiés dans un pays voisin en prenant le dernier train au départ de Kharkiv », indique François. Puis, direction la frontière entre l’Ukraine et la Slovaquie séparés par deux heures de route de leur premier point de rendez-vous pour récupérer les autres réfugiés.

Pourquoi avoir choisi la Corse ? Comme la plupart des réfugiés déjà arrivés sur place ces dernières semaines, tous ont un lien avec l’île , « de la famille sur place », précise François. Lui, n’en connait aucun mais a voulu s’engager, par pur altruisme. « Au début de la guerre je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour aider ces gens à fuir. Ils n’ont pas tous les moyens de le faire. J’ai alors cherché des contacts en Corse et j’ai vu une immense solidarité », raconte-t-il.

La solidarité et l’hospitalité corse au rendez-vous

Le véhicule est rempli de matériel médical et de denrées pour les gens restés en Ukraine.
Le véhicule est rempli de matériel médical et de denrées pour les gens restés en Ukraine.
Au total, grâce à une cagnotte, l’initiative a reçu près de 3 000 euros de dons. « Et j’ai dû en rendre à certains car nous en avions assez ! », se réjouit François. Il en aura bien besoin pour payer l’essence, les péages, les nuits d’hôtels et les restaurants pour les neuf passagers. « Je compte bien leur offrir le restaurant et l’hôtel. C’est la moindre des choses pour ces gens qui fuient la guerre et qui n’ont pu emporter que le strict nécessaire », indique François. Pour l’aider, les Corses, population, entreprises et service public se sont mobilisés, une fois de plus. « La clinique Maymard nous a offert des couvertures spéciales, la Corsica Linea nous a fait cadeau des billets pour la traversée, le groupe Ferrandi nous a versé une belle somme et les mairies, dont celle de Bastia ont joué un rôle majeur dans l’organisation de la collecte avec la communauté ukrainienne et russe qui travaillent main dans la main », raconte François.

« Tu as des chaînes au cas où il neige ? », demande un ami. Il est 18h et la porte du mini-bus se referme. Hors de question de louper l’embarquement pour cette mission humanitaire née d’une initiative privée qui pourrait bien ne pas être la dernière. Avant de lâcher le frein, François le confie : « si ça se passe bien, je repartirai ».