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Violences en marge d'ACA-OM : Stéphane Sbraggia pointe des défaillances auprès du ministre de l’Intérieur


le Mardi 6 Juin 2023 à 09:20

Le maire d’Ajaccio a adressé un courrier à Gérald Darmanin ce lundi dans lequel il pointe les nombreuses alertes sur la sécurité que son cabinet avait formulé auprès de la préfecture de région avant l’arrivée des supporters marseillais, et qui sont restées lettre morte.



Le maire d'Ajaccio était présent dans la rue Fesch pendant les affrontements de vendredi. (Photo Michel Luccioni)
Le maire d'Ajaccio était présent dans la rue Fesch pendant les affrontements de vendredi. (Photo Michel Luccioni)
Les suites des violences qui ont éclaté en marge du match ACA-OM comptant pour la dernière journée de Ligue 1 n’en finissent pas de faire couler de l’encre. Alors que les enquêtes se poursuivent sur les agressions de la famille du petit Kenzo et du journaliste de France 3 Corse Via Stella, le maire d’Ajaccio a entendu faire remonter l’affaire au plus haut niveau de l’État. Ce lundi, il a ainsi adressé un courrier au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans lequel pointe les « graves incidents qui se sont déroulés à Ajaccio ». 
 
« Cette rencontre, classée à risques par vos services, avait motivé ma demande d’interdiction de déplacement des supporters marseillais à Ajaccio », rappelle-t-il en soulignant que « dès le vendredi 26 (son) directeur de cabinet a saisi officiellement le Préfet de région afin de lui faire part de (ses) craintes quant à l’arrivée massive d’ultras » dans la cité impériale. Il ajoute que dans ce courriel, la municipalité précisait que « le coordonnateur à la sécurité disposait d’informations particulièrement inquiétantes : la présence de groupes issus des quartiers sensibles et de stupéfiants parmi les supporters » et que le préfet était par ailleurs sensibilisée au fait que le même week-end se tenait au cœur d’Ajaccio, les festivités de la Saint-Érasme qui drainent chaque année des « milliers de personnes sur le port » notamment au cours de « soirées avec musique et alcool ». 
 
« Pour toutes ces raisons, et au regard des risques manifestes de troubles à l’ordre public, notre conclusion nous amenait, assez logiquement, à ce que Monsieur le Préfet consente à notre demande d’interdiction de déplacement pour les supporters marseillais », indique Stéphane Sbraggia en déroulant :« Les échanges entre mon cabinet et la préfecture se sont poursuivis toute la semaine. À plusieurs reprises, nous avons réitéré nos inquiétudes quant au maintien de cette rencontre et réclamé que le déplacement des supporters de l’Olympique de Marseille soit interdit. Une demande qui, vous en conviendrez, n’avait rien d’extravagant, quand on considère le nombre de mesures de ce type prises au cours de ce championnat de Ligue 1 ».

 

" Nous n'avons pas été entendus par la préfecture "

En outre, le maire d’Ajaccio balaie d’un revers de manche l’argument selon lequel il « n’existait pas d’animosité notoire entre les supporters de l’ACA et de l’OM ». « De multiples alertes, liées notamment à des échanges sur les réseaux sociaux, montraient qu’il existait des risques manifestes de troubles à l’ordre public et d’atteinte à la sécurité des biens et des personnes. Des risques que les forces de l’ordre avaient elles-mêmes identifiés via les renseignements dont elles disposaient ! », martèle-t-il. De facto, il souhaite relever ces défaillances auprès de Gérald Darmanin. « Monsieur le ministre, j’ai le regret de devoir vous alerter sur le fait que nous n’avons pas été entendus par la préfecture. À tel point que c’est la municipalité elle-même qui a pris ses responsabilités, en publiant deux arrêtés le 1er juin, dans l’espoir de créer un périmètre de sécurité en centre-ville », écrit-il. 
 
Notant que « la situation promettait d’être ingérable » et « l’a été », il regrette dans ce droit fil qu’après les heurts qui ont éclatés dans le centre-ville d’Ajaccio vendredi soir, et ses demandes de déroutement du bateau transportant la majorité des supporters marseillais qui devait arriver le lendemain matin, ainsi que celle portant sur l’annulation du match, « n’ont pas plus été prises au sérieux par la préfecture ». « Une seule question se pose, monsieur le ministre de l’Intérieur : pourquoi le préfet de région n’a-t-il pas pris un arrêté préfectoral afin d’interdire le déplacement des supporters marseillais ? », s’interroge le maire d’Ajaccio avant de conclure : « Plus globalement, cet épisode terrible doit nous interpeller : dans ce dossier comme dans d’autres, la parole des élus locaux qui sont sur le terrain et au contact direct de la population mérité d’être écoutée. Ce n’est manifestement pas le cas ».