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Vétusté et insécurité : Le quotidien de l’ancien hôpital de Toga


Michela Vanti le Mercredi 12 Octobre 2016 à 22:53

L'ambiance est lourde depuis quelques mois à l’ancien hôpital de Toga de Bastia. L'intrusion de rôdeurs sur le site et les menaces physiques et verbales subies par le personnel, ont poussé la CGT Santé à pointer du doigt les carences de ce lieu en termes de sécurité. Dans le même temps le syndicat montre sévèrement du doigt le service dédié aux personnes âgés, qui est vétuste et où les conditions de vie des usagers sont qualifiées d'inacceptables



Vétusté et insécurité : Le quotidien de l’ancien hôpital de Toga

Selon Viviane Albertelli, porte-parole CGT Santé « la situation n'a que trop duré »
Par ces mots, la syndicaliste évoque une « absence de sécurité sur le site de l’ancien hôpital de Toga». 
Une exaspération qui s'exprime après l'intrusion de rôdeurs dans le site et les menaces physiques et verbales subies par le personnel. « Ce sont des incidents aux conséquences mineures », affirme Mme Albertelli.

Toutefois, « ces incidents et le squat nocturne du lieu par différentes personnes en difficulté et parfois dangereuses »  ont convaincu la CGT qu'il était temps de réagir publiquement sur la question de la sécurité de l’ancien hôpital et dénoncer l’état d’abandon de tout le site. 
Le syndicat, qui a alerté la Direction du CH et la préfecture de Haute Corse, et qui « a relancé ce dossier à plusieurs reprises » regrette de constater que à aujourd’hui rien n’est fait. 

 

«Il n'y a pas de sécurité.– affirme un ambulancier - À n'importe quelle heure du jour et de la nuit, vous pouvez entrer et vous passez inaperçu. Beaucoup de monde vient se garer dans le site et parfois nous ne pouvons pas passer avec les ambulances
Malgré le fait que la Direction du CH et les autres financeurs du site (ARS, Conseil départemental , CTC, Etat, Ville et d’autres associations) se disent « conscient des difficultés » rien n’a été fait pour renforcer la sécurité des patients et des personnels. « L’installation d'un dispositif de vidéo-protection pour renforcer la sécurité, la fermeture du site et la règlementation de son accès pourraient être un premier pas pour la sécurisation des lieux qui sont aujourd’hui accessibles à tout le monde et fréquentés par personnes en difficulté à la recherche de nourriture et hébergement. » 


Une des douches communes du bâtiment accueillant les personnes âgées
Une des douches communes du bâtiment accueillant les personnes âgées

Mais il ne s'agit pas de l'unique point de discorde entre la direction de l’Hôpital et le syndicat.
En effet, ce qui dénonce la CGT Santé c’est la vétusté inquiétante du bâtiment accueillant les personnes âgées. 
Symbole du délabrement de tout le site qui est, selon le syndicat, à l’abandon, le pavillon accueillant les résidents de l’EPHAD est en pleine dégringolade.  
"Vétuste et  inadapté" ce bâtiment, qui héberge des dizaines de personnes âgées "ne répond plus aux besoins de ses résidents qui paient 2.400 euro par mois pour vivre dans une structure qui a des douches communes car les individuelles sont inaccessibles en fauteuil roulant, où le matériel est cassé et où n’existe pas une un lieu de vie commun. ».  

Causé par la seule rigueur budgétaire imposée à un établissement vétuste ou par un cocktail d'austérité et de management musclé, l’abandon du site de l’ancien hôpital de Toga n’est pas le seul problème dénoncé par la CGT. La direction du CH voudrait en effet réduire l’effectif des infirmiers ce qui, selon le syndicat, menacerait la qualité des soins qui sont aujourd’hui l’un de point fort de cette structure.
Une réunion est prévue mardi prochain avec l'Agence Régionale de Santé.



Les précisions du directeur du centre hospitalier

La sécurité du site de Toga évoquée à plusieurs reprises par le CHSCT, a fait, à la demande du directeur du centre hospitalier de Bastia (CHB), l'objet d'un diagnostic partagé établi par la direction départementale de la sécurité publique fin septembre. 

Ce diagnostic et ses recommandations ont été examinés la semaine dernière lors d'une réunion présidée par le préfet de Haute-Corse avec le CHB, l'ARS et le directeur départemental de la cohésion sociale. Ce pilotage conjoint traduit l'engagement des administrations sur le dossier de la sécurité du site hospitalier de Toga. 

Plusieurs mesures ont été décidées par les 3 autorités avec la mise en place d'une première tranche de mesures et de financement sur 2016 et l'engagement de recherche de solutions complémentaires pour 2017. 


"De manière immédiate, précise le directeur du CHB, Pascal Forcioli, j'ai décidé d'une part de renforcer le gardiennage de nuit depuis le 1er octobre (une partie du surcoût étant compensé par une aide financière de l’Etat), d'autre part de rénover et renforcer l'éclairage extérieur sur le site pour supprimer les zones sombres avec réalisation des travaux avant l'hiver, et enfin d'équiper au plus vite les personnels de nuit d'un dispositif de PTI (protection du travailleur isolé) relié au PC de sécurité de l'hôpital. Les opérations d'investissement bénéficieront d'un premier financement par l'ARS sur 2016, comme me l'a confirmé hier le directeur général de l'ARS. Par ailleurs d'autres investissements sont prévus sur 2017 et nécessiteront des aides complémentaires de l'Etat et l'ARS, ainsi que du Conseil départemental et de la Collectivité territoriale de Corse qui seront sollicités en leur qualité de financeur, l’un des structures médico-sociales Ehpad et USLD, et l’autre des instituts de formation implantés sur le site." 

En particulier, sont programmés sur 2017 l'installation d'un système de contrôle des accès piéton et véhicules et d'un système de vidéo protection couvrant l'ensemble du site de Toga, le nettoyage des abords et la réfection des clôtures. "Le projet de vidéo protection et de contrôle des accès s’inscrira en cohérence avec le plan de sécurisation des sites hospitaliers qui sera déployé en 2017 par le ministère de la santé", ajoute P. Forcioli. 



On rappelle que le site de Toga rassemble les instituts de formation (IFSI, IFAS, IFAP), les CMP de psychiatrie adultes et de pédopsychiatrie, l'EHPAD et l'USLD du CHB, et accueille aujourd’hui plusieurs associations caritatives ou sociales (accueil de nuit de A Fratellenza, foyer maternel de Maria Stella, dispensaire de l'Ordre de Malte, SESSAD de l’ADPS). 

Le directeur du CHB précise encore : "le sujet des effectifs infirmiers de l'USLD et de l'EHPAD évoqué par les partenaires sociaux, a commencé à faire aussi l'objet d'une discussion entre la direction du CHB et l'ARS - qui finance la dotation soins de ces unités, sachant que les effectifs et les crédits alloués sont limitatifs, que le budget soins de l'USLD est déficitaire en infra annuel à fin août 2016 et que nous préparons déjà les prévisions et demandes de financement pour le budget 2017 qui devra être équilibré".