Corse Net Infos - Pure player corse

Un premier observatoire territorial des violences faites aux femmes pour la Corse


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 9 Novembre 2021 à 20:39

La collectivité de Corse installait à Bastia ce mardi 9 novembre son observatoire territorial des violences faites aux femmes. La structure réunit les collectivités, les services de l’Etat, les professionnels et les associations qui sont au quotidien aux côtés des femmes victimes de violence pour faire un état des lieux insulaire de ces violences et permettre une meilleure prise en charge des victimes.



Séance d'installation à Bastia pour l'observatoire territorial sur les violences faites aux femmes. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Séance d'installation à Bastia pour l'observatoire territorial sur les violences faites aux femmes. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
L’instant est solennel et la présidente de l’Assemblée de Corse Nanette Maupertuis a le verbe haut pour inaugurer la séance d’installation de l’observatoire territorial des violences faites aux femmes : « La honte doit changer de camp ! ». Le ton est donné, celui du changement et de l’outil institutionnel qui devrait l’aider à se mettre en place au sein de la société insulaire.

Dans la salle Jean-Leccia, cœur du bâtiment de la collectivité de Corse à Bastia, l’ambiance est à la fois pesante et libératrice. Assise dans un fauteuil pivotant en cuir noir au cœur de l’assemblée, Mylène Jacquet fixe la tribune. Elle a fondé l’association Savannah, en hommage à sa fille décédée en mai 2016 et pour elle, cet observatoire « est une grande avancée ». Elle prend des notes sur ce que sera, concrètement, cette structure.  « Son rôle est de quantifier, analyser et comprendre le phénomène pour y apporter des solutions adéquates », explique Nanette Maupertuis. Le partenariat entre les institutions, les services de l’Etat, les professionnels et le milieu associatif est au cœur de la démarche. « Sa structure partenariale est la condition sine qua non de son bon fonctionnement », précise le préfet de Haute-Corse François Ravier.

Lire aussi : De nouveaux moyens pour lutter contre les violences faites aux femmes en Haute-Corse

Partage des données, réunion entre les partenaires, actions, sensibilisation. Les missions sont multiples pour permettre de faire avancer la cause de la lutte contre la violence faite aux femmes. « Mesurer le problème c’est déjà le reconnaître », s’exclame Nanette Maupertuis. Objectif : mettre en place des dispositifs innovants permettant une meilleure prise en charge des femmes victimes et de leurs enfants si nécessaire.

600 cas de violences répertoriés par an

En Corse, selon les chiffres avancés par la collectivité de Corse, 600 cas de violences intrafamiliales sont recensés par an, en 12 ans dix féminicides ont été dénombrés. « Il faut que cela cesse, nous le devons à toutes les femmes », martèle la conseillère exécutive Lauda Guidicelli. L’élue en charge de l’égalité hommes-femmes en a fait son cheval de bataille.
Pour l’occasion, elle a convié une invitée de marque : Ernestine Ronai. La féministe française a créé le premier observatoire public de France en 2002 en Seine-Saint-Denis, celui-là même qui est à l’origine des premiers téléphones Grand Danger. Aujourd’hui, elle se réjouit « d’en voir un similaire se créer en Corse ».

75 000 euros de budget annuel

En interne, l’observatoire compte deux employés de la collectivité de Corse. Isabelle Salvadori et Jean-Philippe Giacobbi forment l’équipe en charge du bon fonctionnement de la structure. Grâce à un budget annuel de 75 000 euros ils devront gérer ce qu’Isabelle Salvadori définit comme « un centre de ressources ». Un site internet dédié a été créé avec plusieurs outils permettant d’aider les victimes et de les rediriger vers les services d’aides.