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Tribune Libre - Didier Grassi : #PasDeMatchLe5Mai


le Mercredi 24 Avril 2019 à 18:36

"Il y a 27 ans le football, mon sport, a tué, handicapé, martyrisé et blessé…" écrit Didier Grassi dans une tribune libre qu'il vient de nous adresser.



Tribune Libre - Didier Grassi :  #PasDeMatchLe5Mai
Les responsabilités directes et indirectes de cette tragédie reconnues, ou pas, par la justice sont multiples : entreprises attributaires des travaux de construction de la tribune funeste, dirigeants du club de l’époque, instances nationales et locales du football, politiques locaux et enfin l’Etat, à travers sa représentation locale et ses manquements notamment en termes de commission de sécurité.
Mais un autre grand responsable est ce que l’on appelle, aujourd’hui, « le foot-fric » qui connaissait, au début des années 90, ses prémices et premiers dérapages…   


Au lendemain de la catastrophe, le Président de la République, François Mitterrand, en visite à l’hôpital de Bastia auprès des victimes, annonçait qu’on ne jouerait plus au football un 5 mai en France…
Malheureusement, cette annonce ne sera jamais reprise officiellement dans les faits par les instances du football ou dans le cadre d’un acte réglementaire. Seule, la ligue Corse de football appliquera cette mesure sur son territoire et l’inscrira même dans son règlement général des compétitions en juillet 2012…  


Pendant longtemps, au niveau national, on en oubliera même l’existence de ce qui reste la plus grande catastrophe du football français, voire du sport en France. Ainsi, durant des années, les instances nationales du football n’ont jamais commémoré d’une manière ou d’une autre cette tragédie. Une finale de Coupe de la Ligue, en 2001, fut même jouée un 5 mai…
Seul, Didier Deschamps, alors entraineur de l’OM, exprimera ses difficultés à fêter un titre de champion de France que son équipe venait d’obtenir….le 5 mai 2010 ! Il n’a pas oublié qu’il était présent à Furiani le 5 mai 1992. Il fait partie, aujourd’hui, de ceux qui ont vécu cette tragédie en direct et qui comprennent et soutiennent la demande de gel du 5 mai dans les calendriers du foot national…


L’approche du 20ème anniversaire de la catastrophe, en 2012, sera une nouvelle prise de conscience de ce qui s’est réellement passé le 5 mai 1992 et des souffrances qui ont été engendrées. Ainsi, après que la fédération française de football ait renoncé à fixer la finale de la Coupe de France le 5 mai 2012, la ligue professionnelle programmera une journée de championnat de Ligue 1 à cette même date. Il faudra une mobilisation considérable des victimes, mais aussi de supporters de tous clubs et du monde politique pour que les autorités du football reportent toutes les rencontres de compétitions nationales programmées ce jour-là.
Dans quelques jours, le 5 mai 2019, cinq rencontres de ligue 1 se joueront en occultant, une nouvelle fois, les cérémonies de la catastrophe de Furiani.     


Comment peut-il être concevable que l’on joue des rencontres (et notamment pouvant se conclure par un titre ou une qualification importante en coupes d’Europe) aux mêmes moments que les commémorations organisées tous les ans en mémoire des victimes du 5 mai 1992. Il ne peut pas y avoir d’un côté de la Méditerranée cinq villes où l’on fait la fête autour du football et une autre, en Corse, où l’on se recueille autour d’un mémorial.


Les autorités du foot (FFF et LFP) doivent enfin véritablement entendre : #PasDeMatchLe5Mai. Les victimes le demandent, mais les vrais supporters et passionnés de football aussi… Les seules avancées sur le sujet ont toujours été consécutives à l’intervention du politique... Le pouvoir sportif doit, aujourd’hui, reprendre « la main » et prendre ses responsabilités !
Aujourd’hui, mon sport, le football, doit retrouver des valeurs (humilité, solidarité, respect, passion…) que le foot-fric étouffe, celles qui réunissent partout les vrais amoureux du sport roi !
Didier GRASSI
Bastia le 24 avril 2019

Tribune Libre - Didier Grassi :  #PasDeMatchLe5Mai