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Transports : l’Exécutif corse dresse son bilan et trace la voie jusqu’en 2030


le Vendredi 18 Juillet 2025 à 19:20

Alors que le rapport d’actualisation du Plan pluriannuel d’investissements des infrastructures de transports sera présenté la semaine prochaine devant l’Assemblée de Corse, le conseiller exécutif Jean-Félix Acquaviva a dressé ce vendredi le bilan du PPI 2017-2026. Il a également détaillé les grandes orientations proposées pour la période 2026-2030, sur les volets routier et ferroviaire, en profitant pour appeler l'État à adapter son soutien aux réalités du territoire



En janvier dernier, dans le cadre de la présentation d’une délibération relative à la déviation d’Olmeto devant l’Assemblée de Corse, le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, s’était engagé à présenter une actualisation du Plan Pluriannuel d’Investissements (PPI) des infrastructures de transports voté en 2017. Alors que le rapport doit être présenté la semaine prochaine devant l’hémicycle, Jean-Félix Acquaviva, conseiller exécutif en charge des infrastructures routières et président de l’Office des Transports de la Corse (OTC), tenait un point presse ce vendredi matin à Ajaccio afin de présenter le bilan de ce PPI 2017-2026 et de proposer une actualisation pour la période 2026-2030 sur les volets routier et ferroviaire. 
 
« La Collectivité de Corse, sous notre mandature, a réalisé un PPI pour la première fois de l’histoire de cette institution », a-t-il rappelé en préambule, soulignant la vocation de ce document à servir d’outil de pilotage des projets portés par la Collectivité de Corse. Alors que cette première mouture doit se terminer fin 2026, le conseiller exécutif a révélé que de façon globale, 83,4% de l’objectif du PPI a déjà été atteint au niveau financier, avec 1,1 milliard d’euros investi sur 1,3 milliard initialement prévu. Plus loin, sur le seul volet routier, les objectifs ont même été dépassés au cours des 8 dernières années, avec 102% des objectifs assignés en 2017 réalisés sur les routes départementales, un chiffre qui devrait atteindre 128% fin 2026. Une surprogrammation qui s’explique tout d’abord à la volonté de l’Exécutif de revitaliser l’intérieur et de rénover des réseaux en très mauvais état, pour éviter « la dette grise » dans le futur. « Un euro qu’on n’investit pas aujourd’hui dans les routes dégradées, c’est 15 euros à mettre dans 30 ans », a expliqué Jean-Félix Acquaviva en évoquant d’autre part la dernière tranche du Plan Exceptionnel d’Investissement qui a permis de « mettre beaucoup dans les infrastructures ajacciennes et d’intégrer les routes départementales, ce qui n’était pas le cas avant ». Par ailleurs, ce premier PPI a également été marqué par « une montée en puissance du ferroviaire » avec une rénovation des haltes ferroviaires, des gares, de la commande centralisée, ainsi qu’une régénération des ponts et des croisements. Une dynamique qui va se poursuivre dans les prochaines années.
 
Malgré une période marquée par le Covid et l’arrêt des chantiers, mais aussi par une importante hausse des coûts des matériaux, le conseiller exécutif a donc marqué sa satisfaction face à un « bilan financier satisfaisant ». « On entend souvent que la CdC n’a rien fait en 10 ans. Or on voit, financièrement, que de nombreuses opérations ont été menées sur les réseaux routiers et ferroviaires, mais aussi sur les ports et aéroports », a-t-il posé en indiquant qu’en « moyenne, 109 millions d’euros par an ont été investis sur la période du PPI ». « En comparaison les deux ex-départements et la Collectivité Territoriale Corse investissaient au global 104 millions d’euros par an », a-t-il glissé en martelant : « Dire que nous investissons moins c’est donc faux ». 
 
Mais alors que ce premier PPI doit s’achever d’ici un an et demi, Jean-Félix Acquaviva a appuyé sur le fait que la réactualisation de ce document stratégique devenait aujourd’hui nécessaire du fait « d’une forte demande politique » avec la délibération de l’Assemblée de Corse, mais aussi en raison de « faits objectifs » comme l’état des routes départementales. Une analyse fine a en effet été menée sur les quelques 5 000 km du réseau, et a permis de définir différents niveaux d’urgence pour leur maintenance, tandis qu’une autre opération s’est intéressée aux quelques 15 000 ouvrages d’art identifiés sur le réseau, qui font également désormais l’objet d’un indice qualitatif. « Étant donné que l’on connaît mieux l'état des lieux des routes et des ouvrages d'art aujourd’hui, cela nous donne une vision et conditionne la nécessité de réactualiser le PPI. Il faut que le maintien du réseau et sa résilience soient des priorités », a expliqué Jean-Félix Acquaviva en dévoilant que sur le réseau routier 39 projets d'aménagement, 28 projets de déviation de traverse, 8 grands projets de travaux de modernisation, et 5 opérations de mobilité douce seront programmés sur la période 2026-2030. Dans le même temps, une montée en puissance du réseau ferré et le développement du tram-train, pour le périurbain ajaccien et bastais est également prévue. 
 
Face à l’ensemble de ces enjeux, et si le PPI relatif aux ports et aéroports de l’île sera pour sa part présenté à l’automne, l’Exécutif a d’ores et déjà travaillé sur quatre hypothèses budgétaires pour ce nouveau PPI, de la plus pessimiste à la plus optimiste. « Les hypothèses réalistes prévoient 115 millions d'euros à 130 millions d'euros d’investissements par an, soit les montants que nous avons déjà réalisés de 2007 à 2026 », a détaillé Jean-Félix Acquaviva. L’hypothèse pessimiste est fixée à 100 millions d’euros par an, « parce qu’il faut être dans une optique où on est contraint par le fameux déficit public de l’État ». L’hypothèse optimiste, à hauteur de 150 millions, regroupe pour sa part « l’ensemble des opérations qui ont fait l’objet de délibérations de l’Assemblée de Corse, y compris des groupes d’opposition qui ont voté, routières, ferroviaires, attendues par les acteurs ». Dans tous les cas, le budget consacré à la maintenance du réseau routier, estimée entre 50 et 55 millions d’euros par an, « ne bouge pas ». Mais pour atteindre les objectifs fixés, des crédits supplémentaires devront être mobilisés, alors que l’on annonce une baisse des dotations aux collectivités. 
 
Derrière ce « PPI de combat », l’Exécutif de Corse entend donc également adresser « un message fort à l’État ». « À travers cette projection, on veut faire tordre le cou à un mauvais roman qui tend à dire que la CdC n’est pas prête pour le PTIC », martèle Jean-Félix Acquaviva en déroulant : « En termes d’opérations, administrativement, techniquement et budgétairement, nous avons une pléthore d’opérations pour repartir dès 2026 ». Selon le conseiller exécutif, les montants prévus dans le PTIC sont en outre insuffisants au regard des compétences de la Collectivité de Corse. « Quand on regarde l’ensemble des opérations nécessaires sur le transport, route et rail, on voit bien que 250 millions d’euros de PTIC pour la Collectivité de Corse, qui est dépositaire des infrastructures de la Corse et de chacun des territoires, c’est par nature, au départ, ne pas considérer la Collectivité de Corse pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une collectivité au service de l’ensemble de la société corse », déplore-t-il en regrettant également la méthode retenue par l’État dans le déploiement du plan : « Le pilotage de l’État équivaut quelquefois à un saupoudrage des opérations qui ne nécessiteraient pas du PTIC au sens du rattrapage d’infrastructures, alors que quand on parle de routes, de rails, de déplacements, on est quand même dans le dur de la nécessité pour une société ».
 
Plus loin, Jean-Félix Acquaviva avertit que l’engagement que le Président de la République avait pris en septembre 2023 d’aller « au-delà du PTIC et de le poursuivre à travers un plan qui doit prendre sa suite » ne doit pas rester lettre morte sous peine de provoquer « une crise politique et économique importante » en Corse. Et d’insister sur le rôle des collectivités dans l’économie insulaire : « La Collectivité de Corse, comme d’autres collectivités régionales d’ailleurs, est le moteur d’un investissement au service des PME et des territoires. Or, les collectivités locales et territoriales ne peuvent pas voter de budget en déficit. La question est donc extrêmement politique », souffle-t-il avant de conclure : « Pour des raisons institutionnelles, mais aussi économiques et sociales, nous sommes à un point de bascule ».