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Transports : Le secteur agricole corse demande un soutien renforcé à la continuité territoriale


VL le Mardi 20 Mai 2025 à 10:15

Face à l’explosion des coûts du transport, la Chambre d’agriculture régionale de Corse et l’ODARC alertent sur une « menace vitale » pour l’agriculture insulaire. Ils appellent à une mobilisation urgente pour préserver la continuité territoriale et protéger les filières locales.



Le fret sur le port de Bastia.
Le fret sur le port de Bastia.
Face à la flambée des coûts du transport maritime et aérien, la Chambre régionale d’Agriculture et l’ODARC tirent la sonnette d’alarme. Les deux présidents, Jean-Baptiste Arena et Dominique Livrelli, expriment leur inquiétude face à la dégradation rapide des conditions économiques encadrant les contrats de délégation de service public (DSP) pour les transports maritimes et aériens. Dans un communiqué commun, les deux institutions dénoncent une hausse continue et brutale des coûts depuis 2022, qui met en péril l’équilibre même de l’économie agricole insulaire.

À l’origine de cette flambée des prix : la hausse du coût des carburants, amplifiée par la conjoncture géopolitique et les exigences environnementales européennes. L’entrée des transports dans le marché du carbone (ETS) et l’obligation d’utiliser des carburants durables ont alourdi les charges.

Les chiffres avancés sont éloquents : le mètre linéaire de fret maritime, aujourd’hui facturé 40 euros dans le cadre de la DSP, pourrait grimper à 70 euros hors dispositif. Le prix d’un billet d’avion aller-retour pourrait augmenter de 40 euros. La taxe de solidarité sur les vols, triplée depuis 2022, s’applique désormais aussi aux liaisons avec la Corse. Les surcoûts liés aux quotas carbone atteignent déjà 70 euros par tonne. Depuis 2017, la continuité territoriale a pourtant permis une véritable dynamique des exportations agricoles : +12 % pour les agrumes, +24 % pour les vins AOP, +100 % pour les IGP et +29 % pour les fromages. Mais cette croissance pourrait brutalement s’arrêter. L’ODARC et la Chambre d’agriculture estiment que les coûts d’exportation viticole pourraient augmenter de 53 %, ceux des agrumes de 40 %, sans compter l’envolée des prix des intrants (engrais, alimentation animale, emballages...). « Nous craignons une rupture structurelle inacceptable », alertent les deux présidents Jean-Baptiste Arena et Dominique Livrelli. « Une Corse sans DSP tomberait dans un modèle de desserte entièrement concurrentiel, sans garantie de régularité ni d’accessibilité des prix », soulignent-ils. Un tel scénario porterait un coup sévère à la compétitivité des exploitations agricoles et à l’ensemble de l’économie locale, y compris touristique.

Face à l’urgence, la Chambre régionale d’Agriculture et l’ODARC appellent solennellement au maintien du périmètre actuel et à l’augmentation de l’enveloppe dédiée à la continuité territoriale dans la prochaine loi de finances. Ils demandent également une priorisation claire des aides au transport pour les productions agricoles locales, ainsi qu’un refus d’alignement de ces aides pour les produits importés concurrents. « La continuité territoriale ne peut être réduite à une ligne budgétaire », concluent-ils. « C’est un outil stratégique de développement, un amortisseur de crise et un levier de souveraineté alimentaire pour la Corse. »