- Thierry Cervoni, vous avez été élu récemment, président du SIDOC et AOC Oliu di Corsica...
- Oui, cela s’est fait sans vraiment une réelle élection. C’était la suite logique. Je faisais déjà partie du bureau du syndicat. J’étais le seul à me proposer. Nous travaillons tous ensemble. Sandrine Marfisi portait depuis 2015 la présidence des deux syndicats oléicoles, le SIDOC et le Syndicat AOC Oliu di Corsica. C’est une filière très soudée. Tout est une question de travail d’équipe. Il n’y a pas de président et les autres. Nous sommes une équipe.
- Quel est le rôle de ces deux entités ?
- Le SIDOC et l’AOC sont deux structures qui vont de pair. Ce sont les principaux outils de la filière. Le premier, ouvre pour la connaissance du marcher et développement patrimonial. Il sert tout d’abord à la défense des oléiculteurs et de l’appellation. C’est tout ce qui est interprofession.
Du côté de l’AOC, c’est surtout la surveillance du produit, sa protection, notamment pour lutter contre les fraudes. Il y a un jury de dégustation, qui change à chaque campagne. Nous sommes là également pour superviser les attributions de AOP aux nouveaux candidats. Nous sommes présents pour répondre aux oléiculteurs sur certaines problématiques. Cette année par exemple, pour la sécheresse ou encore la greffe.
Aujourd’hui au SIDOC, nous avons un technicien qui gère toute la partie technique et qui est là pour conseiller et informer. Le Syndicat AOC, c’est vraiment la défense du produit.
- Quels sont les projets que vous allez soutenir et développer lors de votre mandat ?
- L’un des projets à venir qui nous tient à cœur, c’est de mettre la récolte traditionnelle, celle dans les filets, en avant. En AOC, nous avons la chance d’avoir une double gamme. À l’ancienne et sur l’arbre. En Corse, nous avons un produit exceptionnel, le rendu de la récolte à l’ancienne que nous nous devons de faire connaître encore plus. Nous avons les plants certifiés corses et nous travaillons également sur un retour à la greffe des ogliastri. Nous avons la chance d’avoir des arbres multiséculaires, qu’il faut les greffer pour relancer.
Sandrine Marfisi, présidente sortante : "il faut passer la main aux plus jeunes"
Au-delà de la gestion assez lourde de 2 syndicats, plusieurs projets ont été portés par l’ancienne présidente. "Il y a la création de la filière de plants certifiés Corse. Ce sont de jeunes oliviers de variétés insulaires, créés et élevés ici. Il y a eu également beaucoup de communication externe et interne autour de la filière", tout le monde se souvient en effet des affiches 4x 3 " Oru di Corsica". Mais le mandat de Sandrine Marfisi c’est aussi un observatoire du dépérissement et plus largement autour du dossier de la Xylella Fastidiosa, la déstructuration de l’appui technique. "Il y a eu également un petit tour de vis au niveau du syndicat AOP, avec des sanctions sur les abus par exemple et un certain nombre d’outils systématisés pour le respect des règles". Pour rappel, la double déclinaison AOP avait été validée durant la présidence de Don-Jean Santa Lucia. "Nous avons beaucoup communiqué à ce sujet, notamment pour que ce soit intelligible pour tout le monde. Et la communication doit perdurer. Mais les deux syndicats ont peu de moyens et avec peu de moyens, on a peu de financements. La communication externe coûte cher ".
Durant le Covid, les foires ayant été annulées, les syndicats avaient trouvé la solution, celle de porter et de présenter l’huile aux consommateurs. " En termes de dégustation, nous avions créé un Food Truck qui a tourné durant le Covid, car il n’y avait pas de foire, ce qui a permis de continuer la communication directe". Un autre outil a également vu le jour durant ces 7 ans, " les caves à huiles dans les grandes surfaces où nous sommes référencés. Toutes les AOP sont rassemblées dans une armoire pour plus de visibilité ".
La récolte à l’ancienne, le cheval de bataille de Sandrine Marfisi. "Elle est plus difficile à faire c’est vrai. Plus long, plus délicat, et les oléiculteursont besoin de plus de soutien technique". Pour cela, les syndicats demandent la reconnaissance au patrimoine culturel immatériel de la France , pour que la récolte à l’ancienne soit mieux connue et reconnue. "C’est un classement pour mieux protéger cette récolte à l’ancienne qui est difficile et économiquement peu attirante. Elle représente peu de pourcentage de la production . Cela varie entre 5 et 15% selon les années, ce qui est minoritaire par rapport à celle sur l’arbre qui est plus facile. Mais c’est un savoir-faire multiséculaire, qui donne une huile exceptionnelle. C’est l’ADN de l’huile d’olive de corse. Ça a été mon credo durant 7 ans". Le dossier a été déposé et présenté en mars 2022, et rejeté sur la forme. Les syndicats représenteront la récolte à l’ancienne sous peu.