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Théâtre - Alexis Desseaux :"j'essaie de trouver le Kean qui est en moi"


Livia Santana le Mardi 20 Octobre 2020 à 09:11

Kean, la célèbre pièce d'Alexandre Dumas, mise en scène par Alain Sachs et tirée d'une adaptation de Jean-Paul Sartre arrive en Corse pour deux dates exceptionnelles (23 octobre au théâtre municipal de Bastia et le 24 à Propriano).

Son attachement pour le personnage, les similitudes avec Kean, l'impact de la Covid-19 sur la pièce ... l'acteur principal, Alexis Desseaux, connu être Vincent Motta dans Julie Lescaut, raconte tout à CNI.



©Claire Vinson
©Claire Vinson
- Pourquoi aller voir cette version de Kean
- Parce que c'est une pièce qui rassemble des moments forts de théâtre et d’écriture. Cette adaptation de Sartre n'a pas tellement été jouée et pourtant il y a en cette version une très belle dimension d’épopée théâtrale. Mais aussi pour voir du beau théâtre où les acteurs ont une grande liberté tout en respectant la mise en scène.
 
- Qu’aimez-vous le plus dans votre personnage ? 
- Son propre combat intérieur, ses oppositions, ses contradictions... cela montre une véritable dualité qu’il y a en chacun de nous. Kean, c’est un reflet d’humanité. Et pour cause il a bien existé. Kean est très spectateur de lui-même, très heureux de s’écouter. Il est à la fois touchant, drôle et agaçant. C’est un personnage très fort, haut en couleur qui a des fêlures, des frustrations et qui produira sans doute quelque chose chez le spectateurs.

- Avez-vous des points communs avec celui-ci ? 
- Ce qui est étonnant, c’est qu’à chaque fois que je le joue je me reconnais dans certains points. Je me dis que chacun pourrait avoir des comportements très surprenants face aux situations auxquelles il fait face. Je pense que je dois avoir tout son côté généreux et excessif mais aussi la nécessité de me retrouver seul et le fait de se questionner sans arrêt sur sa position sociale.

- Avant vous de grands noms comme Pierre Brasseur et Jean-Paul Belmondo se sont attaqués à ce rôle, pour vous c'est aujourd'hui un défi ? 
- A partir du moment où le metteur en scène vous fait confiance et que vous êtes porté par le personnage c'est que vous avez les épaules assez larges pour l'incarner. Je suis content de l'interpréter et admiratif des personnages qui l'ont aussi joué... ça me galvanise. Mais l’excitation ne suffit pas. Il faut de l’honnêteté entre lui et moi. Je ne vais pas essayer d’imiter mes prédécesseurs mais j'essaie de trouver le Kean qui est en moi.

- C'est un rôle qui va changer votre vision du théâtre ? 
- Après avoir joué 55 pièces différentes, ce rôle c'est une espèce de confirmation de tout mon travail. Ça me permet de me positionner sur ce que j’aime ou pas dans mon métier. Belmondo a été invité à venir voir la pièce mais il a répondu à notre metteur en scène que ce rôle avait tellement été fort qu'il est trop difficile pour lui de la revoir. C'est fort. 

- Le public vous connaît pour votre rôle de Vincent Motta dans Julie Lescaut, que retenez-vous de votre passage à la télévision ? 
- Même à la télévision, il y a toujours eu le théâtre en moi. Motta c’est plus un personnage de sympathie, mais je n'ai pas fait un gros travail d’acteur dessus. Ce n'est pas mon meilleur souvenir d’interprétation. Le travail de fond est vraiment dans le théâtre vivant. 

-  Quelle a été l’impact de la Covid sur cette pièce ? 
Concrètement on a loupé 4 ou 5 dates sur la première tournée et on a reporté sur la seconde. Kean a la peau dure.  Pour les spectateurs je pense que les conditions sont idéales, il y a de la place, peu de monde et puis dans la salle obscure avec tous ces masques on a l’impression qu’il y a pleins de grands sourires avec des bouches bleues.

- Comment cette pièce et de façon plus générale le monde du spectacle fait face à la crise sanitaire en cours ?
- On est dans la corporation qui souffre le plus. Pourtant, je commence à entendre de plus en plus des personnes qui essaie de s'adapter et qui disent " bon on fait comment maintenant avec ce qu’on a ? ". C'est une période où l’on peut encore développer des projets comme des résidences un peu de partout sur le territoire. Il faut trouver des solutions et des aménagements, développer des modes de production différents. J’espère que grâce à ces difficultés on arrivera à sortir du positif. 
 
- Quel impact aura le couvre-feu sur vos représentations ?
- Il faudra avancer les horaires à 19 heures. Ce sont les théâtres qui décideront. Il y aura forcément des dates qui changeront. La rarification des spectacles entrainera certainement la fermeture de quelques théâtres. 

©Mariane Pastre
©Mariane Pastre