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Tempête sur le rosé !


Jacques RENUCCI le Jeudi 12 Juillet 2018 à 18:15

Dix millions de bouteilles de vin rosé espagnol bas de gamme, faussement étiquetés, se sont déversés frauduleusement sur le pays. Les viticulteurs sont inquiets



Tempête sur le rosé !
Une longue enquête de la répression des fraudes est tombée comme par hasard en pleine saison du rosé triomphant : 70 000 hectolitres de vin espagnol bas de gamme - en partie conditionnés en 10 millions de bouteilles - se sont déversés sur le territoire national, souvent sous des étiquettes trompeuses aux noms bien français, quelquefois en empruntant une IGP, ce qui est plus grave, ou en portant la mention « mis en bouteille en France », ce qui ne veut rien dire.
  Il y a là tromperie manifeste, mais aussi injustice. Car le rosé, vin mal aimé voire méprisé il y a quelques années, est devenu une valeur sûre, pas seulement en raison de la féminisation du marché ou parce qu'il est festif et représente l'été, mais aussi parce que les vignerons l'ont « travaillé » pour lui faire acquérir ses lettres de noblesse. Il n'est pas rare de trouver dorénavant des rosés de Provence ou de Corse sur les tables les plus prestigieuses, tout en gardant au produit son caractère démocratique qui le différencie des vins classiques, lesquels ont leur vocabulaire savant et leurs références patrimoniales.

Des amateurs exigeants 
Le rosé est devenu à la fois chic et non élitiste. On ne compte plus les « Fêtes du Rosé », « Nuits du Rosé » à travers le territoire, sans parler de l' «International Rosé Day », lancé à Saint-Tropez et célébré simultanément le 22 juin à Paris, Londres, Singapour, Moscou, Hong Kong, New York... Même si les stéréotypes sont tenaces – vin de plage, de barbecue, dont la seule qualité serait la fraîcheur – les producteurs sont allés au-delà. Marketing efficace, évolution des goûts, primauté donnée à la qualité : aujourd'hui, une bouteille de vin sur trois vendue en France est du rosé, et la croissance atteint 30% par an. Du fait qu'il n'a pas de vieillissement à prendre en compte pour ce vin, le retour sur investissement est rapide, mais l'exigence des amateurs fait qu'on ne peut se reposer sur ses acquis.  
 
 
 Il faut dire que la tricherie est d'un bon rapport : le vin espagnol part à 30 centimes le litres, trois fois moins que le vin français. L'escroquerie, si elle vient d'être révélée, ne date pas de cette année : un seul négociant par exemple, installé près de Narbonne, a pu maquiller 30 000 hectolitres sur trois ans avant d'être découvert... Aujourd'hui, la profession réclame de la rigueur, des lois plus protectrices et des sanctions appropriées. Quant au consommateur, il ne tient qu'à lui de ne pas se laisser berner, surtout quand, comme c'est le cas en Corse, il connaît les noms de son terroir, quelle que soit l'aire géographique de production.