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Témoignages. Handicap et travail en Corse : "Une dynamique fragile"


Michela Vanti le Vendredi 20 Novembre 2015 à 11:07

A l’occasion de la semaine du handicap au travail, deux femmes, reconnues travailleur handicapé, nous ont fait parvenir leur témoignage sur leurs conditions de vie dans le milieu professionnel corse. Entre désillusion et détermination, elles livrent une image contrastée de l'accueil des personnes handicapées dans les entreprises insulaires.



Témoignages. Handicap et travail en Corse : "Une dynamique fragile"
« Un poste dont personne en veut »
 Apres plus de vingt ans dans le secrétariat et 15 ans sur un poste de secrétaire médicale, à 41 ans la vie de Virginie a changé.
En avril 2009 on lui a diagnostiqué une dégénérescence maculaire (maladie de la vue qui entraîne une diminution de la vision et qui est la principale cause de perte de vision et de cécité). Il s’agit d’une maladie rare chez une jeune femme, les spécialistes lui demandent de s’arrêter pour prendre un peu de recul et mieux étudier son évolution. En janvier 2010 Virginie est prête à reprendre le travail, la MDPH (Maison départementale des personnes handicapés) l’a reconnue travailleur handicapé mais son employeur n’est pas prêt. Il faut aménager son poste. Entre temps sa maladie empire. « Au début il y avait un seul œil qui était malade et après tous les deux. Les hémorragies sur la rétine m’empêchent d’y voir clairement. ».
En 2012, au bout de trois ans, comme la loi le prévoit, elle reprend le travail mais ses patrons ne lui font pas récupérer son ancien poste. « Ils m’ont mise sur un poste qui n’était pas adapté à mon handicap, je n’avais même plus les mêmes tâches d’avant. C’était un poste où il y avait beaucoup de frappe et j’étais obligée de faire les fermetures du cabinet et moi j’ai des problèmes de vue ! J’ai eu l’impression que les patrons voudraient que les handicapés fassent le travail que les autres ne veulent pas faire.  On est en situation de faiblesse et ils en profitent. J’ai donc dû refuser le poste ce qui a entrainé un licenciement pour inaptitude. Je me suis retrouvée à chercher du travail à 45 ans, et handicapée. Je vous laisse imaginer…Les patrons embauchent ceux qui sont en pleine forme.».
 

« Il faut prendre en compte le handicap, même s’il est invisible »
Handicapée de naissance, née avec une atrophie du plexus-brachial, qui rend plus faible son bras droit, Charlotte, ajaccienne de 35 ans,a travaillé, après son Bac, plus de dix ans dans un PMU. « J’avais été embauchée par le directeur car il avait pu bénéficier des aides pour le recrutement des personnes handicapées mais en réalité mon poste n’était pas adapté à mon problème. Quand la direction a changé j’ai commencé à subir du harcèlement par apport à mon handicap et à la suite d'une altercation j’ai été licenciée, j’ai donc entamé une procédure judiciaire, qui est toujours en cours. Par la suite j’ai cherché, en vain, du travail pendant un an. Les entrepreneurs ne sont pas toujours prêts à embaucher des handicapés, même si leur handicap est invisible. J’ai alors contacté la MDPH (Maison départementale des personnes handicapés) puisque j’étais reconnue travailleur handicapé. Les services de la MDPH m’ont conseillé d’intégrer le Centre de Préorientation Avvene de Bastia pour redéfinir mes objectifs professionnels, faire un bilan de mes compétences et aussi pour reprendre confiance en moi après tout ce remue-méninges ! J’y ai été pendant trois mois et ça a été très bénéfique. Le contact avec d’autres personnes en situation de handicap et l’observation du travail des professionnels a confirmé mon envie de travailler dans le domaine du social. Grâce au bilan issu de la préorientation, le 14 septembre dernier j’ai intégré la formation de moniteur éducateur, et j’en suis ravie."

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