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Syndrome du bébé secoué : la Corse n'est pas épargnée


Livia Santana le Samedi 22 Janvier 2022 à 17:47

Chaque année, des nouveaux-nés sont admis aux urgences des hôpitaux corses après avoir été victimes de fortes secousses. Cette maltraitance cause bien souvent des lésions irrémédiables à ces bébés. En 2021 un d'entre eux n'a pas survécu, au centre hospitalier de Bastia.



Image d'illustration
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Un baby phone posé dans une cuisine transmet les pleurs d’un bébé et les hurlements de son père. « J’en ai marre, tu me pourris la vie ! Tu crois que j’ai que ça à foutre moi ? Que c’est toi qui vas décider de ma vie ? Et voilà, tout ce que tu sais faire c’est chialer ! J’en peux plus de toi. » Des bruits de secousses, puis, le silence.
 
En 22 secondes, la vidéo de campagne du gouvernement destinée  à sensibiliser les parents sur les conséquences parfois terribles, du  syndrome du bébé secoué glace le sang.
Si le ministère en charge de l'enfance et des familles a diffusé à grande échelle ce spot de sensibilisation, c’est parce que chaque jour un bébé décède des suites de ces maltraitances.


En Corse, le phénomène existe aussi. Un nouveau-né victime de ce syndrome est d’ailleurs décédé l’an dernier à Bastia. « Nous avons eu trois cas en 2021, dont un décès », déplore Victoria Lhostis, pédiatre au centre hospitalier de Falcunaghja. A Ajaccio, un nourrisson a également été secoué l’année passée.  
 
Egalement appelé traumatisme crânien non accidentel (TCNA), le syndrome du bébé secoué tue un nourrisson sur 10. « Les conséquences sont diverses. L’enfant peut être paralysé à vie, cela provoque une encéphalopathie (Ndlr ; détérioration de la fonction cérébrale), certains peuvent ne rien avoir et d’autres décèdent », explique la pédiatre. 
 
Pour essayer de lutter contre cette terrible issue, les pédiatres tentent de faire de la prévention. « Souvent je dis aux parents que l'on peut craquer quand on n’a pas dormi depuis trois semaines et que dans le même temps, le bébé n’arrête pas de pleurer. Mais à ce moment-là, je leur conseille de poser l’enfant dans son berceau, de l’attacher et de partir marcher une demi-heure pour souffler et ne pas commettre l’irrémédiable », continue-t-elle.
 
Un transfert nécessaire sur le continent
 
Le syndrome du bébé secoué nécessite une prise en charge rapide du nouveau-né. Quand un enfant amené aux urgences présente ce traumatisme, son pronostic vital est engagé. L’équipe médicale procède à des examens.  Souvent, le cerveau du bébé présente des ecchymoses. « Dans ce cas il faut procéder au drainage de l’hématome effectué par un neurochirurgien pédiatrique », détaille Victoria Lhostis.
Les unités les plus proches sont celles de Marseille et Nice, soit une durée moyenne de 3 à 4 heures pour pouvoir bénéficier d'une prise en charge. « C’est une vraie perte de chance pour le bébé », poursuit-elle. 
 
Des suites judiciaires 
 
Lorsque les soignants constatent des maltraitances sur les enfants, un signalement judiciaire est effectué et transmis directement au procureur de la République.
Une ordonnance de placement provisoire de 1 à 2 semaines peut-être alors prononcée jusqu’à ce qu’un juge pour enfants statue sur le sort du bébé. souvent confié à l’aide sociale à l’enfance.