Il est 7h30 quand Lélia et Léo arrivent au poste de secours sur la plage de l’Arinella, à Bastia. Masques, tubas, palmes, bouteille d’oxygène, défibrillateur, pansements… comme chaque matin, ces deux jeunes sapeurs-pompiers volontaires commencent leur journée par une vérification du matériel, avant d’effectuer une reconnaissance du terrain. “On prend les informations : la température, le vent, la chaleur”, explique Lélia, qui effectue sa quatrième saison en tant que surveillante de plage. Formés au secours en mer, ces deux étudiants font partie des 70 sapeurs-pompiers volontaires mobilisés cet été pour surveiller les plages du département. Un dispositif qui s’étend sur 17 plages réparties dans 15 communes, de la Balagne à la Plaine orientale en passant par le Grand Bastia.
Pour intégrer les postes de secours, les surveillants doivent suivre une formation de secours en mer. Depuis quelques années, le SIS de Haute-Corse propose une formation interne pour répondre au manque de personnel local. “Depuis 2019-2020, on a du mal à trouver la ressource humaine ici, alors on est obligé de prendre des jeunes du continent”, explique Sandro Bisserier, responsable des secours aquatiques pour le SIS 2B. Une collaboration a donc été mise en place avec l’Université de Corse et la filière STAPS, pour créer une option aquatique. L'objectif : former des étudiants au diplôme de secours en mer, et leur offrir un emploi d’été en lien avec leur cursus. “Ça porte ses fruits, on a déjà recruté vingt étudiants la première année, et autant cette année.” Les postes de secours, eux, sont ouverts tous les jours du 1er juillet au 31 août. À Bastia, Calvi et L’Île-Rousse, la surveillance est aussi assurée les week-ends de juin et les deux premiers week-ends de septembre.
Sur la plage, leur mission ne se limite pas à la surveillance. En cas de besoin, Lélia et Léo interviennent directement, que ce soit dans l’eau ou sur le sable. “Notre zone fait 15 mètres sur 50, mais s’il faut aller plus loin, on y va”, précise le caporal Romain Grincourt, référent de la surveillance des plages pour le Grand Bastia. Malaise, début de noyade, piqûres de méduses ou simple coup de chaleur, les interventions sont variées. L’été dernier, 150 sauvetages ont été recensés sur l’ensemble des plages surveillées. “Il y a eu 19 décès liés à la baignade qui ont été recensés, des noyades ou des malaises dans l’eau”, rappelle Romain Grincourt. Cette année, la saison est pour l’instant plus calme, avec deux décès en mer et deux débuts de noyade.
Une mission avant tout préventive
Mais l’essentiel de leur travail ne se passe pas dans l’eau. “La majorité de notre mission consiste à faire de la prévention”, insiste Romain Grincourt. Sur la plage, dans l’eau ou sur les bateaux, les jeunes sauveteurs passent la journée à informer les vacanciers sur les risques liés à la baignade. “S'il y a un gros coup de vent et qu’il y a beaucoup de vagues, c'est sûr qu’on est obligé de faire de la prévention, sinon les gens vont aller dans l'eau”, explique le référent de la surveillance des plages. L’objectif : éviter les situations dangereuses avant qu’elles ne surviennent.
Chaque matin, un drapeau de couleur est hissé pour indiquer les conditions de baignade, mais cela ne suffit pas toujours. “En général, les Corses sont conscients du danger. Par contre, les vacanciers ont tendance à vouloir aller à la plage même s'il y a une semaine de vent. Ils vont prendre plus de risques”, précise Romain Grincourt. Du côté des sapeurs-pompiers volontaires, c’est une situation qu’ils constatent souvent. “Il y a des personnes qui vont s'obstiner à nager jusqu'au bout des 300 mètres, parce qu’ils n’ont pas la notion de la distance. C’est vrai que 300 mètres à pieds, c’est relativement facile. Mais en mer, c’est différent, surtout avec les courants. La mer peut paraître très calme, mais ne pas vraiment l'être, et les gens ne s'en rendent pas compte”, détaille Léo, qui effectue sa deuxième saison à l’Arinella.
Pour les équipes sur le terrain, la prévention est devenue une priorité. “Dès qu’un coup de vent se lève, comme le libecciu, on intervient rapidement pour faire sortir les gens de l’eau et vérifier que tout se passe bien. C’est une prévention qui frôle parfois le sauvetage”, explique Romain Grincourt. Depuis trois ou quatre ans, les pompiers misent sur l’anticipation et la pédagogie. Une stratégie qui porte ses fruits. “On informe beaucoup, notamment les touristes qui ne connaissent pas bien les lieux. On les oriente vers des plages surveillées et on les sensibilise sur les bons comportements à adopter.”
Panneaux, drapeaux de baignade, uniformes reconnaissables : tous les moyens sont bons pour faire passer le message. “Quand tout le monde reste dans la zone sécurisée, ça a un effet de masse, et même ceux qui hésitaient à aller plus loin changent d’avis.” Si certains minimisent encore la force des vagues, les pompiers le constatent : ils sont de moins en moins nombreux. “La prévention, c’est le plus important, parce qu’elle permet vraiment de sauver des vies.”
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