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Sur la plateforme courrier-colis d’Afa-Baleone, le conflit avec la direction de La Poste s’enlise


le Mercredi 23 Avril 2025 à 15:59

Depuis le 31 mars, les agents de la plateforme courrier colis d’Afa-Baleone ont entamé une grève pour s’opposer à la dénonciation d’accords locaux qui ferait perdre plusieurs centaines d’euros par mois aux agents. Alors que les grévistes soutenus par la CGT occupent le site depuis le 17 avril, ils tenaient une conférence de presse ce mercredi matin pour dénoncer un dialogue dans l’impasse avec la direction de La Poste.



Ils veulent dénoncer « l’inaction et le mépris de la direction ». Ce mercredi matin, les grévistes de la plateforme courrier colis d’Afa Baleone tenaient une conférence de presse afin de faire un point sur ce conflit entamé le 31 mars, qui semble loin de trouver une issue. Selon la CGT-FAPT qui porte le mouvement, le dialogue est en effet aujourd’hui rompu avec la direction de La Poste. « Trois propositions différentes faites par notre organisation syndicale pour avancer dans les négociations sur la revendication liée au maintien des acquis sociaux, ont entraîné trois refus, dont le dernier, après avoir laissé penser à une avancée pendant deux jours, provocant l’occupation des locaux le 17 avril », souligne Rudy Albertini, le secrétaire régional de la CGT-FAPT en soufflant : « Nous sommes à court de propositions ».  « Les rendez-vous avec la direction ne mènent à rien », abonde Nathalie Lebougre, factrice depuis 18 ans et secrétaire générale de la CGT-FAPT de Corse-du-Sud. 
 
Les grévistes qui occupent le site depuis une semaine s’opposent à un projet de réorganisation annoncé par la direction, qui aurait tout d’abord comme effet de dénoncer un accord local, en place depuis 10 ans, qui permet l'octroi d'une compensation financière aux salariés de ce centre de La Poste, liée à une surcharge de travail due à l’accroissement des colis au fil des ans. « Cela va nous faire perdre environ 500 euros net par mois », indique Nathalie Lebougre. Le nœud du problème tient dans le fait que La Poste souhaite mettre fin à ces heures forfaitaires qui n’ont pas de base légale, sans possibilité de les intégrer pour autant au salaire des agents du centre d’Afa-Baleone, car cela créerait une rupture d’égalité avec les autres centres insulaires, qui ne disposent pas des mêmes accords locaux. « Nous avons bien conscience que ce sont des heures forfaitaires qui ne sont pas légales aux yeux de l’inspection du travail, mais à un moment donné on ne peut pas nous laisser comme cela. Notre employeur ne peut pas nous avoir payé cette somme pendant 10 ans et venir nous dire vouloir tout arrêter sans trouver une solution légaleNous avions peut-être un accord mieux disant que d’autres centres, mais il n’y a aucune objectivité sur la situation des familles qui vont perdre des centaines d’euros par mois. Il y a des personnes qui ont eu leurs crédits calculés sur ces salaires », tonne la secrétaire générale de la CGT-FAPT de Corse-du-Sud.  « La Poste refuse d’admettre que les indemnités colis sont issues d’accords locaux successifs depuis 2015 et en portent seules la responsabilité : ce n’est pas aux agents de payer une situation présumée aujourd’hui illégale par l’entreprise », appuie Rudy Albertini en notant qu’ « aucune dénonciation écrite de ces accords n’a été faite dans le respect du dialogue social et du code du travail ».
 
Par ailleurs, ce conflit vise également à s’opposer à la suppression de 5 postes de manutentionnaires et de cabine, et à demander l’embauche des CDD les plus anciens. « Ici on a des gens qui sont en CDD depuis près de 8 ans. Aujourd’hui, on aimerait quand même qu’ils puissent avoir une certaine stabilité », explique Nathalie Lebougre. 
 
Faute d’avancée sur ces revendications, mardi la CGT avait saisi l’inspection du travail afin de demander une procédure de médiation avec le préfet. Mais ce mercredi à la mi-journée, la direction de La Poste a fait savoir qu’elle refusait cette procédure, estimant qu« il est toujours possible de dialoguer en interne ». Une nouvelle rencontre entre les grévistes et la direction a également tourné court quelques heures plus tard. « La Poste semble assumer le pourrissement de la situation », souffle-t-on du côté des grévistes. 

En parallèle, la CGT a aussi saisi l’inspection du travail pour entrave au droit de grève. « La Poste se targue d’avoir mis un plan de continuité de service, instaurant un contournement du droit de grève, par la mise en place d’un site alternatif récemment contrôlé par l’inspection du travail dont nous attendons le rapport d’intervention avec impatience tant ces pratiques nous paraissent illégales », glisse Rudy Albertini qui indique en outre envoyé des courriers à la direction nationale du groupe La Poste.