2h30 de voiture pour y arriver. Clelia, pourtant fâchée avec les routes sinueuses de Corse, y a à peine pensé. Ce stage, suggéré par son professeur, Raphaël Pierre, enseignant au conservatoire de Bastia et familier des scènes insulaires, elle le voulait. Entre une semaine à Pino, dans son village du Cap Corse, et 10 jours à Vico, la petite Bigugliaise a donc choisi. Derrière la voix douce et le regard clair, «un beau potentiel, de la justesse et et de la détermination», soulignent ses formateurs à l'école de musique et de danse Henri Tomasi où elle est inscrite depuis septembre 2018 en instrument, solfège et chorale et où elle a intégré il y a peu le groupe L'Archetti Bastiacci, monté par son « maître de violon », comme elle dit. « Avec Raphaël, on fait des petits concerts sur le marché de Bastia, dans les foires, à la fête de la musique... » Clelia aime tout particulièrement ces rendez-vous où elle retrouve celui qui est devenu son modèle, mais aussi sa copine Laura et tous les autres. Des instants précieux qui lui permettent avant toute chose de jouer du violon.
Musique en mains
Le trac, elle ne connaît pas vraiment. Du moins, ne porte-il pas encore ce nom. Même si son cœur s'emballe un peu avant de rencontrer le public et que ses dents se serrent parfois, y compris en répétant. « C'est que j'ai envie de bien faire », lâche-t-elle dans un sourire. Ce qu'elle préfère ? Les morceaux au tempo enlevé qui l'emportent et donnent envie de danser. En musique traditionnelle, à Sorru in Musica comme à L'Archetti Bastiacci, la voilà servie. Mais Clelia sait aussi qu'une formation classique pose, elle, les bases les plus solides. Qu'elle est exigeante et qu'il faut s'y plier de bon cœur. Que les concertos sont beaux et les études utiles. Comme les gammes et autres exercices, inévitables. Et que chaque passage difficile d'un morceau doit être repris, répété, mémorisé. « Même en rechignant un peu », avoue-t-elle. Parce que l'art à sa méthode, que rien n'est jamais acquis et que du savoir et de la technique découle un grand plaisir. Ceux qui l'entourent, famille et professionnels, le lui ont expliqué. Lucie Gaspari la première, qui, au centre culturel Una Volta, l'a initiée à son instrument, avant de la pousser, tout en veillant à sa liberté d'expression, à intégrer un cadre plus académique.
Jeune académicienne
Rêveuse, passionnée, infatigable, Clelia prend tout lorsqu'il s'agit de violon. Une heure par jour de pratique individuelle, de morceaux imposés en morceaux choisis, c'est aujourd'hui pour elle un repère, une habitude dont elle a fait un jeu, accompagnements à l'appui via CD et sono portable commandée à Noël. A Sorru in Musica, entre leçons particulières, orchestre et ateliers de son choix, ses journées la comblent. D'autant qu'elle s'est vite liée avec d'autres élèves. « C'est vraiment super, s'enthousiasme-t-elle ! On apprend plein de choses, on mange tous ensemble et on va même à la plage. Et puis le couvent est beau et les profs hyper doués ! » Comment sait-elle cela, la petite Clelia ? « Parce que je les entends répéter la journée et que je vais les écouter le soir en concert avec maman. Il y a même ma prof du matin, Hélène ! Et puis Bertrand Cervera !» Parfaire le son, soigner le mouvement. Voilà son programme d'été à elle. « Je ne place pas toujours le coude et le poignet comme il faut », avance la petite violoniste sur le point de rejoindre, pour son cours en tête à tête, Hélène Zulke, membre de l’Orchestre National de France. « Le meilleur des meilleurs moments de la journée ! », lance-t-elle avec entrain, avant de partir étui sur le dos et une seule idée en tête : rejouer devant un auditoire comme elle l'a fait la veille et comme le font chaque soir, dans les églises, les grands de l'académie.